Critique | Séries/Télé

Ce soir sur Be Series: sexe, mort, couple toxique et santé mentale dans Such Brave Girls

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Such Brave Girls, une comédie british à l’humour cringe.
© DR
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Titre - Such Brave Girls

Genre - Comédie

Réalisateur-trice - Kat Sadler

Quand et où - Vendredi 29 novembre à 20 h 30 sur Be Series

Casting - Kat Sadler, Louise Brealey, Lizzie Davidson

Nicolas Bogaerts Journaliste

Sexe, mort, endettement, couple toxique, santé mentale… Tout passe à l’encre noire de Kat Sadler, scénariste sortie de la télé publique britannique, pour offrir Such Brave Girls, une comédie abrasive qui explose les codes du soap familial.

Sadler et sa sœur Lizzie Davidson s’appuient sur leurs expériences respectives de femmes aux prises avec la souffrance mentale et l’endettement endémique et jouent les spéléologues de leur psyché malade et régressive pour en faire remonter un humour cringe, sans contrainte, superbement efficace, dans l’écriture, la réalisation, le jeu d’actrices dans Such Brave Girls. Elles sont Josie et Billie, deux sœurs obsédées par leur blessure narcissique, leur besoin de validation et qui passent leur temps à remplir ce tonneau des Danaïdes plutôt que de prendre leur vie en main. D’échecs en débordements en tous genres, la série explore la souffrance existentielle, la sororité qui répare dans un immense éclat de rire balancé au visage de l’adversité.

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Cathartique et irrévérencieuse, la série aligne les blagues sur le sexe vaguement consenti malgré l’absence de désir, l’avortement, le suicide, l’épilation, l’érection -ou son absence-, les hommes -ou ce qui en tient lieu. Elle le fait avec une telle déconcertante sincérité que même les pires vannes arrachent des sourires. Les deux sœurs pointent souvent leurs propres névroses et échecs, les amplifient jusqu’au dernier degré avant de les greffer à leurs personnages de Josie et Billie, à leurs copines et copains. Elles les laissent croître devant la caméra et ont l’air de contempler, hilares, comment elles prennent vie dans ces nouveaux corps. Cela donne des moments de pure jubilation, de réconfort entre copines, de solitudes, de ridicule.


© DR

Derrière elles, le spectre du trauma allonge son ombre autour de chaque gag, imprimant l’idée que ce qui rend ces personnages si attachants, c’est leur manière de transcender la souffrance. Ce qui leur donne une telle épaisseur, c’est leur volonté de survivre au besoin de validation, au désir de trouver sa place, à la pulsion de la faille narcissique, à la dépendance au regard de l’autre, des hommes comme des femmes. Ce chœur de femmes bigarré en devient immédiatement touchant de témérité et d’impudeur bienvenue, par son courage tout sauf muet, sa sincérité déroutante, à nu, à l’os. La violence sociale est perceptible dans Such Brave Girls série qui clame à mi-voix que l’intime est politique, sans jamais se séparer d’un sens du scabreux et du comique qui fait honneur à ces thèmes brûlants.

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