Critique | Séries/Télé

Ce soir sur Arte: Steeltown Murders ouvre un cold case captivant

4 / 5
© Simon Ridgway
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Titre - Steeltown Murders

Genre - Thriller

Réalisateur-trice - Marc Evans et Ed Whitmore

Quand et où - Jeudi 3 octobre à 20 h 55 sur Arte

Nicolas Bogaerts Journaliste

Trente ans après le viol et le meurtre de trois adolescentes, trois policiers décident de rouvrir le dossier d’un cold case qui a marqué les esprits.

Les polars dont les prémices reposent sur des disparitions de femmes, en l’occurrence d’adolescentes, ont tendance à provoquer une certaine lassitude. Voire un agacement non feint lorsqu’ils se contentent de surfer sur les émotions, les peurs et les figures de monstre, sans en tirer aucune conclusion sociétale un tant soit peu valable –un comble pour un genre qui tient cette dimension dans son ADN. Fort heureusement, ce n’est pas du tout le cas de cette minisérie qui ajuste les thèmes de l’impunité, du sexisme et du mépris de classe avec une rare acuité, sans oublier de les enchâsser dans une trame bourrée d’autodérision grinçante.

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Écrit avec cette encre britannique si singulière par Ed Whitmore, un vétéran des true crimes, Steeltown Murders s’étend sur deux fils chronologiques. 1973: dans la région portuaire du sud du Pays de Galles, deux adolescentes de 16 ans, Geraldine Hughes et Pauline Floyd, sont retrouvées étranglées et violées dans un bois. Le modus operandi rappelle un cas semblable survenu trois mois plus tôt. Le jeune détective Paul Bethel se heurte à une hiérarchie butée, qui refuse de considérer le viol comme mobile commun aux deux affaires sous prétexte que l’une des victimes était sexuellement active. L’affaire est bâclée. 2002: le même Paul Bethell n’a toujours pas digéré. L’introduction des techniques d’identifications lui permet d’obtenir la réouverture de l’enquête… dans des conditions globalement toujours aussi pénibles.

Démarre alors un récit oscillatoire entre deux époques aux ambiances visuelles et sonores distinctes. Brossées grand renfort d’ajouts capillaires et de tonalités jaunies (notamment par l’abondance de la nicotine), les années 70 évitent la caricature. La singularité de ces va-et-vient réside dans le fait qu’ils établissent les liens profonds unissant les différents protagonistes, qui ont souvent grandi ensemble. L’impunité, de même que la douleur, n’en sont que plus palpables.

D’autant plus que Steeltown Murders s’inspire de faits réels. Avec la profondeur tangible de ses personnages, ses quatre épisodes questionnent avec âpreté la date de péremption imposée à la justice et aux processus de deuil, l’impact des politiques d’austérité sur les catégories populaires (dont sont issues les victimes) en termes de sûreté et de considération citoyenne. Et bien sûr la culture du viol dans un monde régenté par les hommes. Enfin, Steeltown Murders est une master class sur la manière d’utiliser le matériau du réel pour en tisser une toile dramatique, sans ce sensationnalisme répétitif qui grève bien des productions du genre.

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