Ce mardi en télé: enquête édifiante sur les crimes de guerre en Ukraine

En Ukraine, les forces russes ont violé à de nombreuses reprises le droit international. Une enquête fouillée revient sur la tragédie glaçante toujours en cours. A voir sur Arte.

“Je regardais la télé quand maman m’a téléphoné et m’a dit de me cacher. Dès qu’elle a raccroché, ils ont ouvert le feu sur sa voiture. C’est la dernière fois que j’ai entendu sa voix.” Un jeune blondinet aux cheveux ébouriffés raconte. Il est le symbole des 103 000 victimes de crimes de guerre enregistrées par les autorités d’Ukraine et aussi le point de départ de l’investigation menée par Ksenia Bolchakova et Manon Loizeau. Une enquête qui retrace pas à pas, témoignages et preuves écrites à l’appui, les crimes de guerre commis et planifiés par Vladimir Poutine et son régime. La déportation méthodique des civils dans le cadre d’une occupation préméditée des territoires ukrainiens. La destruction calculée d’une nation.

Lorsque les forces russes se sont retirées du nord de l’Ukraine et de la région de Kiev, le monde a découvert avec effroi et terreur l’ampleur des massacres et des exactions qu’elles avaient perpétrés. Meurtres, tortures, viols, déportations d’enfants et d’adultes… Plusieurs unités de leur armée sont accusées d’avoir commis des crimes de guerre. Certaines ont même été clairement identifiées grâce à des documents abandonnés par les soldats lors de leur retrait.

Remonter la chaîne de commandement

Les deux réalisatrices sont parties à Boutcha, Izioum et dans la région de Kharkiv pour lever le voile opaque qui entoure les innombrables violations du droit international en Ukraine. Elles ont rencontré Alexandre, dont le jeune frère a été tué à bout portant dans la rue par des soldats russes. Il a pris tous les risques pour remonter jusqu’aux coupables. S’infiltrant jusque dans les chars pour récupérer les pièces d’identité des occupants tués. Les réalisatrices ont aussi mis la main sur un électricien capturé et torturé par les soldats russes, un mercenaire de Wagner ou encore un déserteur et demandeur d’asile qui s’est exfiltré des armées de Poutine. Bolchakova et Loizeau ont également remonté la chaîne de commandement jusqu’à un général qui, un mois avant l’invasion, s’est adressé au président dans une lettre ouverte signée avec d’autres gradés. “Le recours à la force militaire contre l’Ukraine remettrait en question l’existence même de la Russie en tant qu’État. Elle sera inscrite sur la liste des pays menaçant la paix mondiale. Elle deviendra un paria dans la communauté internationale.” Remplacé, il assiste impuissant à l’enlisement d’une guerre à grande échelle.

Sur les traces des bourreaux éclaire de manière glaçante la tragédie en cours. Le docu d’investigation évoque le réseau des chambres de torture mis en place par l’occupation et les 19 000 gosses déplacés de force ou déportés. Autant de trophées de guerre ramenés à Poutine. “Les Russes n’ont pas pour objectif de rapatrier les enfants en Ukraine. Ils ont pour but de les assimiler dans leur propre société et de les garder chez eux.”