Critique | Séries/Télé

Camden: une série faire-valoir pour Dua Lipa

2,5 / 5
Productrice de la minisérie documentaire Camden, Dua Lipa y trouve aussi une belle vitrine pour sa propre carrière. © Joseph Sinclair/2023 Disney. All Rights Reserved
2,5 / 5

Titre - Camden: un quartier haut en couleur

Genre - Documentaire

Réalisateur-trice - Asif Kapadia

Quand et où - Disponible sur Disney+

Nicolas Bogaerts Journaliste

Cette minisérie sur le bouillant quartier de Londres dévie de son but convenu: un storytelling de récup à la gloire de sa productrice, Dua Lipa.

L’auteur de l’intense documentaire 
biographique Amy revient à Camden, ici proclamé épicentre de la pop music mondiale, pour en cerner le caractère légendaire et emblématique. Asif ­Kapadia y étend sur une longueur de quatre épisodes sa manière unique de faire 
ressortir l’intime de la mythologie, les 
fragments de vies personnelles du grand bain de l’Histoire. On songerait volontiers, en se perdant dans ces rues de Londres, en s’adonnant au cabotage de bar en bar, à établir un parallèle avec le documentaire d’Alison Ellwood Laurell Canyon, sur la légende pop-rock d’Hollywood (diffusé sur Arte en 2020). Sauf que pour tous les Carl Barât, Noel Gallagher, Little Simz, Chris Martin, Pete Doherty ou Yungblud convoqués afin d’égrainer leurs anecdotes comme on le fait sur le coin d’un zinc, ce portrait mosaïque de Camden ne paraît in fine conçu qu’à la gloire de sa productrice Dua Lipa et de son business model.

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Quand la star originaire du Kosovo (d’où elle a immigré avec ses parents réfugiés) glisse avec sa voix granulée et son sourire complice qu’à Camden, « tu peux être qui tu veux », on ne demande qu’à la croire. Mais on aimerait savoir pourquoi là plus qu’ailleurs. Disons… Brooklyn? Seattle? Manchester? Liverpool? Saint-Gilles? Outremeuse? Le récit de sa réussite, depuis l’appui de fenêtre où elle enregistrait ses premières vidéos de reprise pour YouTube jusqu’aux grands-messes que sont désormais ses concerts, est plein de lieux communs. Et pourtant, il reste tout de même quelque chose à raconter de cette « Mecque des marginaux », comme la définit Carl Barât, co-leader avec Pete Doherty des Libertines. Tous deux racontent leurs débuts avec une gouaille qui garde intacte leur fringale d’excès et de poésie. Ces princes de la cuite côtoient d’autres créatures de la nuit (Carl Cox, Boy George). Et ce monde bigarré revit grâce aux images d’archives nombreuses, les plans d’ambiance dans lesquels Asif Kapadia puise pour reconstituer en mode collage la création née du chaos qui a caractérisé Camden depuis la fin des années 70.

Lorsque le récit s’appuie sur le contexte, l’observation des dynamiques collectives, la démesure de ces idoles capables de se fondre dans 
la masse des quidams, il s’élève au-dessus des lieux communs autour de la ténacité, des rêves qui se réalisent. L’anecdote vibrante du rôle du groupe de ska Madness et celui d’un obscur pub irlandais familial dans l’impulsion décisive qui a fait de Camden un lieu où désormais se bousculent les touristes et la manière dont Dua Lipa 
parle des punks comme d’un groupe d’amish pittoresques racontent tout du grand écart à l’œuvre dans cette hagiographie tirée par 
les cheveux.

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