Critique | Séries/Télé

Bodies: 4 cadavres, 4 époques, 4 enquêteurs

3,5 / 5
© netflix
3,5 / 5

Titre - Bodies

Genre - Policier

Réalisateur-trice - Créé par Paul Toalin

Quand et où - Disponible sur Netflix

Année - 2023

Casting - Avec Shira Haas, Stephen Graham, Jacob Fortune-Lloyd.

Nicolas Bogaerts Journaliste

Entre passé, présent et futur, Bodies ambitionne de sortir le polar de sa torpeur, avec un casting qui fait la part belle à la diversité.

Quatre meurtres similaires, perpétrés à quatre époques différentes, sur lesquels se penchent quatre enquêteurs différents. En 1890, 1941, 2023 et 2053, les inspecteurs et inspectrices Hillinghead, Whiteman, Hasan et Maplewood se retrouvent face à une même scène de crime: un homme nu, retrouvé dans le quartier de Whitechapel dans l’est londonien, exécuté d’une balle dans l’œil et arborant un mystérieux tatouage. À des décennies d’intervalle, les limiers vont parvenir à communiquer afin de collaborer à l’élucidation d’un mystère particulièrement épais. Opérant sur des lignes du temps distinctes où le scénario, adapté d’un roman graphique de Si Spencer, opère des va-et-vient harmonieusement rythmés, les enquêtes sont autant de portes d’entrée vers des époques reconstituées avec minutie, avec leurs enjeux, leur langage, leur dynamique.

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La première est Shahara Hasan, agent de police racisée en 2023 qui, alors qu’elle poursuit un délinquant dans les contre-allées de la capitale, tombe sur le macchabée. Sa sagacité, sa ténacité et son histoire personnelle compliquée en font un des personnages forts d’une série qui n’en manque pas. En 1941, l’officier Karl Whiteman glisse entre les bombes du Blitz pour tenter d’endiguer la corruption quand il se prend les pieds dans ceux du cadavre ritualisé. En 1890, c’est un lieutenant, Edmond Hillinghead, obsédé par l’ascension sociale dans l’Angleterre victorienne, qui trouve le refroidi sur sa route. Gardons les circonstances de 2053 au secret, pour plus de surprise. Au cœur de ce récit noir, entre polar et thriller SF, particulièrement bien articulé dans ses oscillations temporelles: la présence de Stephen Graham en nœud gordien. Dans un rôle plus taciturne que ceux qui lui collent habituellement au corps, l’acteur est épatant, énigmatique, ambigu, et son rôle de plus en plus déterminant à mesure que les mystères s’épaississent.

Toutefois, le rythme imposé par la série, qui doit boucler l’énigme en huit épisodes et s’emparer de chaque époque avec toutes ses ramifications, peut s’avérer frustrant: à peine le temps d’explorer les failles et les recoins des intrigues individuelles qu’il faut passer à autre chose. Elle est, en revanche, suprêmement inclusive dans le choix de ses personnages et la manière de les traiter avec une égale profondeur. Sur ce point, on avance. Alors qu’elle parvient à nous sortir des codes répétitifs et ronronnants du polar noir télévisuel, catalogue de lieux communs trop souvent éprouvants, Bodies explore les pistes d’un storytelling captivant, qui sait renouveler d’épisode en épisode son sens du suspense et du rebondissement.

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