7 moments télé à ne pas manquer cette semaine

© David Bloomer/Max © DAVID BLOOMER/MAX

Plutôt icônes du cinéma ou histoire du petit écran? Documentaire ou série? Avec notre sélection télé, plus besoin de tergiverser.

Catherine Deneuve, à son image

Dimanche 22 octobre à 22 h 40 sur Arte.

Documentaire de Claire Laborey.

© 10.7 Productions © 10.7 PRODUCTIONS

Lointaine, distante, inaccessible. Ainsi pourrait-on décrire Catherine Deneuve, éternelle icône du cinéma français. “L’image glacée, c’est une formule qui m’a souvent été attribuée. Mais beaucoup de gens qui parlent de moi en ces termes ne m’ont pas souvent vue au cinéma…, commente celle qui incarne pour le moment Bernadette Chirac sur les écrans dans un faux biopic irrévérencieux. “Quand on dit “moteur” avec Catherine, il y a un vrai suspense, explique André Téchiné, qui l’a dirigée dans pas moins de huit films (Hôtel des Amériques, L’homme qu’on aimait trop, L’Adieu à la nuit…). C’est ce qui fait que c’est excitant de travailler avec elle et que rien n’est jamais acquis. On se fait du souci. Elle prend à chaque fois tellement de risques, comme si elle n’avait pas d’expérience. Comme si elle ne savait rien. Comme si elle ne savait pas elle-même où elle allait. Tout ça est d’une telle instabilité…

Rythmé par des extraits de Belle de jour, de Répulsion, de Place Vendôme, du Sauvage et de Potiche, des images du tournage des Portes claquent avec sa sœur Françoise Dorléac, des Parapluies de Cherbourg avec Jacques Demy ou encore du Dernier Métro avec Depardieu, le documentaire de Claire Laborey aide à comprendre qui se cache derrière le mythe Deneuve. Bien aidé en cela par de vieilles interviews d’Agnès Varda et de François Truffaut et d’autres plus récentes d’Arnaud Desplechin, de Benoît Jacquot, de Nicole Garcia… Mais aussi du chef opérateur Julien Hirsch, de l’ingénieure du son Brigitte Taillandier et de la costumière Catherine Leterrier. (J.B.)

Warrior (saison 3)

Lundi 23 octobre à 20 h 30 sur Be 1.

Série créée par Jonathan Tropper. Avec Andrew Koji, Olivia Cheng, Dianne Doan.

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Abandonnée par la plateforme américaine Cinemax au bout de deux saisons, la série d’arts martiaux tirée d’un concept original de Bruce Lee (piquée, d’après la famille de la star, pour forger le noyau du feuilleton culte Kung Fu, avec David Carradine, dans les années 70) a été récupérée par le géant HBO Max. Et a pris au passage un sérieux coup de booster. Installée à San Francisco vers 1870, au cœur du quartier bouillonnant de China Town, elle prolonge la quête de Ah Sahm (Andrew Koji) alors que sévissent toujours les Tong Wars, luttes qui opposent des gangs sino-américains dans une escalade de violence. Warrior déploie tout ce qu’on peut attendre d’une fiction de kung-fu: des combats chorégraphiés au millimètre et qui s’enchaînent à un rythme ébouriffant, des codes d’honneur et leur trahison, des vengeances et des révélations. L’arrivée de gangs irlandais dans la mixture fait également lorgner l’ensemble vers la crudité noire de Peaky Blinders ou de Deadwood, même si dans ces scènes-là, les personnages n’ont pas la profondeur ni la complexité de leurs homologues issus de l’immigration chinoise. La dimension politique et antiraciste de l’intrigue se pique d’ailleurs d’une rigueur historique qui n’entame d’aucune manière l’intensité de l’action, permettant à Warrior de se savourer comme œuvre de conscientisation autant que de pur entertainement. (N.B.)

Mutzenbacher

Lundi 23 octobre à 23 h 50 sur Arte.

Documentaire de Ruth Beckermann.

© Ruth Beckermann Filmproduktion © © Ruth Beckermann Filmproduktio

Vous êtes prêts à jouer les scènes de sexe?” “Seulement avec une femme.” “Une femme à partir de quel âge?” “L’âge que permet la loi, à partir de 16 ans. Mais je suis même bien au-delà relativement ouvert concernant l’âge.” Après avoir lancé un appel à casting pour des hommes âgés de 16 à 99 ans, Ruth Beckermann filme les candidats en train de lire, chanter et commenter des extraits du roman. Le livre en question est une autobiographie fictive. Et pas n’importe laquelle. C’est Josefine Mutzenbacher: histoire d’une fille de Vienne racontée par elle-même. Paru en 1906 souvent attribué à Felix Salten, l’auteur de Bambi, l’ouvrage fut interdit jusqu’en 1968. En Allemagne, il figura même jusqu’en 2017 sur la liste des ouvrages dangereux pour la jeunesse. Œuvre de littérature pornographique reconnue mondialement, elle décrit la découverte de la sexualité par une petite fille (obnubilée par le sexe, surtout avec un adulte), puis son quotidien de très jeune prostituée. Sa description lubrique, perverse et poétique continue à faire polémique jusqu’à aujourd’hui. Et ce à cause de l’âge de sa principale protagoniste (7 ans au début du récit et 14 à la fin). Fantasmes nauséabonds, souvenirs plus ou moins malaisants et réactions de dégoût… La réalisatrice, qui interroge ses sujet hors champ et les montre sur un canapé qui rappelle autant le psy que les films érotiques des années 70, questionne la sexualité à l’enfance, confronte les hommes à un récit pédopornographique et sonde aussi le cinéma. Ce qu’un réalisateur peut demander à ses comédiens. Un documentaire récompensé à la Berlinale en 2022. Intéressant dans sa démarche mais court-circuité par l’absence de tout commentaire et de dimension critique. (J.B.)

French Connection

Mercredi 25 octobre à 20 h 35 sur La Trois.

Film policier de William Friedkin. Avec Gene Hackman, Roy Scheider, Fernando Rey. 1971.

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Décédé en août (il faut lire à cet égard le magnifique hommage rendu par le réalisateur James Gray sur le site du Hollywood Reporter), William Friedkin laisse derrière lui un corpus riche en œuvres fiévreuses et marquantes, voire carrément cultes. Parmi celles-ci, L’Exorciste, bien sûr, dont on fête ces jours-ci les 50 ans, mais aussi cet électrisant French Connection, couronné en 1972 de cinq Oscars. Le motif du réseau labyrinthique traverse l’ensemble de ce polar immersif, inspiré d’une enquête bien réelle, qui accompagne deux flics new-yorkais partagés entre vices et vertus (Gene Hackman et Roy Scheider) sur la piste d’une grosse organisation de trafic de drogue. Comportant une scène de course-poursuite absolument affolante, et d’ailleurs restée comme l’une des plus célèbres de l’Histoire du cinéma, le film se distingue notamment par son authenticité brute de décoffrage, son souci maniaque du détail et son refus net de tout manichéisme. Un véritable concentré de modernité. (N.C.)

Le Top 70: les moments cultes de la TV

Vendredi 27 octobre à 20 h 15 sur La Une.

En 1952, l’Institut National de Radiodiffusion se voit chargé des services de télévision. La première émission de ce qui s’appelle alors Télé-Bruxelles est un programme de variété diffusé en direct (aucun enregistrement n’est alors réalisé) intitulé Boum. Elle est retransmise le 31 octobre 1953 dans un rayon de 40 kilomètres autour de Flagey. Cette date marque la naissance officielle de la télé belge (elle émet deux heures par jour, six jours par semaine). Et pour fêter ses 70 ans, la RTBF a décidé de dégainer une programmation spéciale qui courra du 27 octobre au 5 janvier. En attendant La télé belge a 70 ans (un documentaire d’Olivier Monssens), un numéro pas comme les autres de C’est archivé près de chez vous, des surprises dans le Cactus et les émissions de sport, et un épisode spécial de Rocky pour les plus petits, le service public ouvre les festivités avec Top 70. Un événement présenté par Adrien Devyver qui vous fera voyager dans le temps, des débuts de la télé à nos jours, et se prolongera dans la nuit… (J.B.)

Fellini, confidences retrouvées

Vendredi 27 octobre à 22 h 55 sur France 5.

Documentaire de Jean-Christophe Rosé.

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C’est l’histoire d’un gamin né en 1920 à Rimini qui n’avait pas la moindre idée de ce qu’il voulait devenir dans la vie. Celle d’un gosse élevé dans un milieu traditionnel et modeste, fils d’une mère au foyer réservée et d’un père représentant de commerce peu présent, qui partit très tôt à Rome pour échapper à l’ennui. “Les situations les plus imprévisibles, l’inattendu, l’extraordinaire, l’informe ont toujours exercé sur moi depuis l’enfance une fascination irrésistible”, avoue tout de même l’inimitable Federico Fellini.

Le passionnant documentaire que lui consacre l’auteur et réalisateur Jean-Christophe Rosé tient autant du portrait que de la leçon de cinéma. Commençons par le commencement. En 1981, pour l’un des numéros de la série Mémoire dédiée aux grandes personnalités qui ont marqué le XXe siècle, Rosé rencontre longuement le réalisateur italien alors dans une période d’isolement qui le rend plus disponible qu’à l’habitude. Fellini est en pleine possession de ses moyens mais voit déjà poindre le crépuscule de sa vie. Durant trois jours, Rosé le filme et l’enregistre. Il évoque avec lui son existence, ses inspirations, son métier. Au moment de son décès, en 1993, le réalisateur voulut reprendre certains éléments de cet entretien pour un film mais il découvrit alors que le producteur avait perdu les rushes sonores. Seuls subsistaient les deux films de 52 minutes tirés à l’époque des entretiens. Le reste étant réduit à l’état d’images muettes. Alors que le cinéaste est décédé depuis 30 ans, Rosé a décidé de lui consacrer un nouveau documentaire et de lui redonner la parole avec les fragments qui demeurent. Le tout complété par des extraits de films et des images de ses tournages. Confidences retrouvées raconte les débuts de Fellini dans un important journal satirique de l’époque. Ses collaborations, son amitié et sa complicité artistiques avec Rossellini. Sa relation avec le compositeur Nino Rota. Sa muse/son épouse Giulietta, au cœur de tous ses premiers films. Sa période néoréaliste poétique, qui trouve son aboutissement avec La Strada. Ce cinéaste pour lequel filmer et rêver se sont de plus en plus confondus détaille aussi ses dépressions et son rapport aux troubles névrotiques. C’est lui qui se raconte essentiellement. Il se souvient de l’éducation au temps de Mussolini, du cosmonaute russe Guerman Titov qui lui dira avoir trouvé Huit et demi plus mystérieux que le cosmos. “Le cinéma ne s’invente pas en regardant dans l’œilleton d’une caméra. Celui qui veut s’exprimer par l’image doit savoir ce qu’il veut faire.” “La lumière est un pinceau. Un éclairage peut tout composer. Il peut rendre intelligent et mystérieux le plus banal des visages. Parce qu’il y a des visages pas plus expressifs qu’un genou.” Génial. À son image.

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