Ahilan Ratnamohan
Activité Performeur
Âge 36 ans
Pays Sri Lankais ayant grandi en Australie
Actu Le spectacle Une traduction infidèle, du 23 au 27/05 à La Balsamine, Schaerbeek, dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts.
Ses parents ont fui le Sri Lanka en 1974, avant le début de la guerre civile pour l’Australie. Ahilan Ratnamohan est né à Melbourne mais “disons que je suis de Sydney”. Il y passe toute son enfance à jouer au foot dans les quartiers mixtes de la ville. “Tous mes amis étaient footballeurs, d’Égypte, de Hong Kong, de Bosnie, de Birmanie…” Lui vient d’une famille dans laquelle la culturen’est guère présente mais il est très vite attiré par le théâtre. À 18 ans, il entreprend des études de cinéma et est débauché par une compagnie de théâtre de Sydney, l’Urban Theatre Projects. Là, il performe le foot semblable au théâtre par la notion du corps dans l’espace, la discipline, la puissance mentale. “Je n’ai qu’un talent, souligne Ahilan, rieur, la discipline. Si je rate un geste, je le répète jusqu’à l’avoir parfaitement.” Mais en Australie, les artistes regardent de haut ce sportif qui s’essaie à la scène. Un Erasmus l’amène aux Pays-Bas, il rêve secrètement de devenir une star de foot en Europe, mais le théâtre le rattrape. En 2006, son projet solo, Football Diaries est un succès. “J’utilisais le foot comme langage théâtral. Je voulais faire la même chose avec plusieurs footballeurs.” Lors de la tournée, en Afrique du Sud, il découvre le destin des joueurs africains amenés en Europe, traités comme des esclaves. Sa compagne, flamande, est prof de français. Ensemble, ils trouvent des joueurs africains à Anvers et y partent pour développer un projet théâtral d’envergure. En 2013, Michael Essien, I Want to Play as You est le début d’un séjour prolongé en Belgique pour Ahilan, “parce que quand on est sur place, c’est plus simple de se faire un réseau”. Fort de ce réseau, Ahilan est programmé au KFDA avec un spectacle pour lequel le performeur a appris le français, qu’il pratique en toute fluidité. “Quand je jouais au foot, j’apprenais les langues des autres. Je recherchais, davantage que la langue elle-même, ce qu’il y avait dans l’apprentissage de la langue. J’étais attiré par son pouvoir, sa puissance.” Ahilan a été frappé, en venant travailler à Bruxelles, par l’emploi exclusif du flamand dans ses lieux de travail néerlandophones et du français comme mode d’expression “en rue”. Il en sort Une traduction infidèle, qui nous interroge sur l’emploi de nos langues nationales, nos fêlures, nos contradictions, nos unités. Deux objectifs maintenant pour Ahilan: “apprendre le français et aller jouer en Wallonie”. On l’y attend.
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