Rock Werchter J4: Un Beck formidable

Beck, la cerise sur le gâteau de Rock Werchter. © Olivier Donnet
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Les vieux restes punks d’Iggy, les violons des Last Shadow Puppets et le strike de Beck. Werchter 2016, clap de fin.

On le savait. On le savait et on regrettait déjà de ne pas avoir fait la route jusque Paris ou Amsterdam pour aller le voir il y a quelques semaines jouer avec ceux qui l’ont aidé à enregistrer son dernier album: le berlinois Post Pop Depression. Certains moments se prêtent à vivre des concerts particuliers. D’autres pas. À cinq heures de l’après-midi un dimanche, après un week-end dantesque qui a esquinté plus d’un corps de festivaliers (certains démontaient déjà leurs tentes samedi), puis surtout sans sa dream team (Josh Homme des Queens of the Stone Age, Matt Helders des Arctic Monkeys…), l’Iguane se l’est jouée en mode best of. À deux trois petites exceptions près, on a d’ailleurs droit à l’exact remake du concert de juillet 2015 aux Ardentes. No Fun, I Wanna Be Your Dog, The Passenger, Lust for Life… Malgré les tubes d’une entrée en matière tonitruante, tout le monde a l’air de « s’en battre un peu les couilles » comme dirait Kevin De Bruyne. Jamais on n’a vu aussi peu d’ambiance à un concert de L’Iguane. Les écrans géants ne lui rendent pas nécessairement service montrant de tout près ses peaux pendouillantes mais l’ancien Stooges garde les 69 ans fringants. Au home des rockeurs, on imagine bien Paul McCartney, qui se produisait à Werchter jeudi, jouer les gentlemen british et draguer poliment les petits vieilles pendant que l’ami Iggy fout le bordel, dévisse la salière, joue les exhibitionnistes et pique le dentier de ses potes pensionnés. Oui, mister Pop, quoi qu’on en dise, reste un Real Wild Child.

Malgré leur jeune âge, Alex Turner et Miles Kane se sont toujours révélés bien plus sages. A fortiori en mode Last Shadow Puppets. Planqué derrière ses lunettes de soleil, le Arctic Monkey joue avec les caméras, fait la danse du pédalo. Il a dû prendre des trucs qui font rire avec l’une des violonistes de son quatuor à cordes. Une espèce de Chantal Lauby qui viendrait de lâcher une sale vanne graveleuse. Les deux Californiens d’adoption en costards et polos Fred Perry brillent surtout grâce aux extraits de leur incroyable et galopant premier album. The Age of The Understatement, Standing Next To Me… On a beau craquer sur le joli The Element of Surprise, Everything You’ve Come To Expect n’atteint pas les mêmes sommets.

Il reste encore Macklemore et Ryan Lewis et la vilaine Florence and The Machine mais dans le Barn, cerise sur le gâteau d’une édition humide qu’on n’est pas prêt d’oublier (pour ses conditions atmosphériques atroces surtout), Beck met fin à notre 42e Rock Werchter. Mister Hansen qui sortira un nouveau disque le 21 octobre retourne le « chapiteau » de luxe dès un Devil’s Haircut explosif aux guitares rageuses et rêches. Comme PJ Harvey la veille, Beck n’hésite pas à remodeler ses vieux titres en fonction de ses couleurs du moment. Électrique donc (avec des guitares à l’occasion dignes d’un Jack White) et funky (apparemment ce qui nous attend pour l’automne).

Certes, Beck figurait déjà à l’affiche de Werchter il y a 19 ans mais ça ne l’empêche pas de pouvoir grimper fièrement sur le podium de son édition 2016. E-Pro (et ses Nanananana), The New Pollution, Sexx Laws (sans lit qui comme à l’époque aux Halles de Schaerbeek descendait du plafond)… Ce mec est un champion. Puis, avec le Smells Like Teen Spirit de Nirvana et le Killing in the name de Rage Against the Machine, Loser reste l’un des morceaux les plus emblématiques des années 90 et de cette génération MTV qui semble de plus en plus nombreuse sur le site du festival (forcément avec des tickets journaliers à 100 euros). Avec ses mini reprises de 1999 et China Girl, la présentation de ses « énoooormes » musiciens s’accompagne d’hommages à Prince et David Bowie. Les deux géants de la pop partis cette année. Dans son genre, Beck en est assurément un aussi.

>> Toutes nos photos du quatrième jour de Werchter.

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