Rentrée culturelle: les BD à ne pas manquer
Ugo Bienvenu, Jul Maroh, Michel Rabagliati figurent parmi les auteurs de BD les plus attendus de la rentrée.
Rose à l’île
De Michel Rabagliati, éditions La Pastèque, 256 pages. Sortie le 25/09.
L’œuvre en bande dessinée de Michel Rabagliati (il est aussi graphiste et typographe) est toute tournée vers son alter ego de papier. Vient un moment où l’auteur a épuisé son sujet et se pose alors la question de la suite. Rose à l’île ne semble pas être en rupture avec la série des Paul, mais plus une transition. Après le décès de ses parents, la rupture avec sa femme et le spleen de fin de projet, il raconte ici son séjour avec sa fille sur l’île verte sur le Saint-Laurent sous forme de textes illustrés. (C.B.)
Robotique et transidentité
Le Journal de Mikki, d’Ugo Bienvenu, éditions Denoël, 48 pages. Sortie le 22/09.
Hacker la peau, de Jul Maroh et Sabrina Calvo, éditions Le Lombard, 96 pages. Sortie le 06/10.
Deux thématiques transcendent les romans graphiques à paraître dans le mois et les semaines qui viennent, et ne surprendront personne: le transhumanisme d’un côté (avec son comptant d’hommes déshumanisés et de robots plus humains que prévus) et l’identité de l’autre (avec une kyrielle de titres volontiers et volontairement militants). Deux exemples exemplaires: Le Journal de Mikki, d’Ugo Bienvenu, que Denoël Graphic s’apprête à offrir gratuitement pour ses 20 ans, et le grand retour à la bande dessinée de Julie Maroh devenue Jul dans une transition de genre, et rare depuis son célèbre Le bleu est une couleur chaude. (O.V.V.)
La Véritable Histoire de saint Nicolas
De Thierry Van Hasselt, éditions Fremok, 168 pages. Sortie le 14/09.
Dans les contes qui entourent “notre” saint Nicolas, patron des écoliers, il en est un qui le voit sauver les enfants d’adultes anthropophages… Thierry Van Hasselt s’empare de la légende pour l’imaginer, aujourd’hui, arpenter “l’anthropocène déglingué” et mener la révolution des enfants dans une grande furie éruptive et vengeresse, entre effroi et jubilation. Le nouveau grand œuvre de l’artiste bruxellois se situe dans la lignée de Vivre à FranDisco, où était né “son” saint Nicolas. (O.V.V.)
Le Dernier Sergent
De Fabrice Neaud, éditions Delcourt, 424 pages. Sortie le 27/09.
Les années 90 ont vu l’émergence de la nouvelle bande dessinée française avec son lot d’autobiographies dessinées. Fabrice Neaud s’est d’emblée posé là avec son projet colossal Esthétique des brutes, plus connu sous le nom de Journal et achevé en 2002. Le succès lui a fait rencontrer pas mal d’artistes et d’intellectuels. Le Dernier Sergent poursuit les interrogations sur la place de l’homosexualité masculine dans la société contemporaine à travers le prisme de la renommée. (C.B.)
Les Illuminés
De Jean Dytar et Laurent-Frédéric Bollée, éditions Delcourt, 144 pages. Sortie le 25/10.
Que nous réserve Jean Dytar, l’auteur de BD caméléon? Après les enluminures moyen-orientales, la perspective à un point de fuite ou le J’accuse de Zola version réseaux sociaux, le voilà qui s’attaque avec le scénariste Laurent-Frédéric Bollée au manuscrit d’Arthur Rimbaud Les Illuminations. Étrange destinée pour ce recueil de poèmes en prose édité à titre posthume en 1885 et qui est passé entre les mains de Paul Verlaine et de Germain Nouveau. Le mystère de sa rédaction sera-t-il levé? (C.B.)
Rentrée blindée
C’est une malédiction, presque une croix, que portent tous les arts commerciaux que sont la bande dessinée, le cinéma, les jeux vidéo et parfois la littérature: ils sont condamnés par leurs propriétaires à éternellement regarder en arrière pour resservir les mêmes plats. La rentrée BD cru 2023 sera donc fidèle au genre, entre suites, reprises, reboots, one-shots et autres événements liés à des BD qu’on lisait déjà il y a 20, 30 ou 50 ans.
Entre un nouveau Blake & Mortimer (27/10), un quarantième Astérix (26/10) (avec Fabcaro au scénario), un nouveau “one shot” Lucky Luke (par Blutch!) (01/12) ou Spirou (par Dany) (08/09), voire un 18e Titeuf (31/08), ce sont à nouveau Tintin et Gaston Lagaffe qui feront l’actu BD des semaines à venir. Le premier avec ses 77 ans, une expo au CBBD et quelques gros livres dont un déjà fameux “mook” de 400 pages qui l’accompagnent (08/09), le second avec la reprise très contestée du personnage de Franquin par Delaf, que Dupuis avait dû mettre au frigo un an durant, et pour lequel son actionnaire est désormais prêt à affronter le bad buzz… qui reste du buzz (avec une mise en place d’un million d’exemplaires dès le 22/11).
Hors ce gloubi-boulga mêlant business, nostalgie et parfois (parfois) créativité, il est heureusement une pluie de one-shots qu’on attend de pied ferme, tels le Maltempo d’Alfred (11/10), le retour de Perrodeau chez 2024 avec Le Visage de Pavil (15/09) ou les nouveaux Jeff Lemire et Étienne Davodeau, respectivement Les éphémères et Loire (01/10) et une avalanche de suites, souvent de miniséries, qu’on ne voudra pas rater, du Jumelle de Florence Dupré la Tour (22/09) au Bella Ciao de Baru (01/11) en passant par les deuxièmes tomes de Madeleine, résistante (29/09) et des Mémoires de Dragon Dragon (22/09). (O.V.V.)
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici