Roi du pixel art, Octavi Navarro rend hommage à La Quatrième Dimension avec The Nanny. Un point & click léger qui évite les lieux communs des années 80.
De Crossing Souls en 2018 à Narita Boy l’an dernier, la nostalgia ultra des jeux vidéo tangue entre grain VHS, pixel art et préadolescence. Mais elle tourne doucement en rond. Cette pixel fatigue, à laquelle Stranger Things (les deux jeux tirés de la série) n’est pas étranger, ne semble pas préoccuper Octavi Navarro. Sur The Nanny, le troisième volet de Midnight Scenes, l’illustrateur barcelonais abandonne en effet le noir et blanc de ses précédents point & click pour allumer un tube cathodique eighties pixélisé qui semble déjà passé de mode. Taxer le dessinateur de l’incroyable Thimbleweed Park de Ron Gilbert (Monkey Island) d’opportunisme maladroit serait toutefois déplacé.
Auteur de 61 tableaux à décortiquer de toute urgence sur son site, Octavi Navarro règne en maître depuis huit ans sur l’art de la mise en scène et du détail en pixel art. L’artiste, qui pourrait collaborer avec Wes Anderson, a depuis lors capitalisé sur ce savoir-faire au fil d’une constellation de sept petits jeux d’aventure hantés. Ces derniers déforment, chacun à sa manière, l’art ancien de la 2D. En 2018, The Goodbye Note, l’épisode de Midnight Scenes précédant The Nanny, appliquait par exemple un effet de tube cathodique sixties sur des visuels en noir et blanc. Le tout pour plonger dans la paranoïa des années Kennedy entre ovnis, guerre nucléaire et expériences gouvernementales.
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Home Alone
Série de point & clicks au format court en hommage à La Quatrième Dimension, Midnight Scenes quitte cette fois les années 60 pour atterrir deux décennies plus tard sur The Nanny. Le point & click s’ouvre sur la dispute d’un petit frère et de sa grande soeur, esseulés pour le week-end, avec leur nouvelle nounou. L’aînée déteste ses parents. Jusqu’à ne pas leur dire au revoir. Et le cadet se souvient de leur précédente garde d’enfant. Plongé dans le monde de l’enfance, ce point de départ prend immédiatement le joueur par la main (puis par la gorge) pour ne plus le lâcher.
Une foret inquiétante bordant un lac, un enfant du voisinage sous respirateur, un sosie malfaisant.. . La montée en puissance très rapide de l’horreur absolue de The Nanny surprend face à l’approche paranormale plus légère des précédents jeux de Navarro. Si les cadavres s’y empilent, le gameplay est hélas réduit à peau de chagrin. Le jeu, qui ne dure pas plus d’une trentaine de minutes, ne demande en effet que très peu de fouilles dans ses décors. Son bref inventaire ne se double également que de rares énigmes et interactions. Face à une table de ouija, on s’étonne d’ailleurs ne pas se retrouver avec un puzzle game…
Des créatures lovecraftiennes de The Librarian au souper pas très net de The Supper, cette carence ludique a toujours marqué l’oeuvre de Navarro. Mais le vent va peut-être tourner. Le créateur planche en effet sur The Chronicler, un RPG open world en 2D, et sur Uninvited, un FPS pixélisé où l’on s’éclaire uniquement avec un bocal contenant des lucioles. Affaire à suivre donc.
Midnight Scenes: The Nanny
Point & click édité et développé par Octavi Navarro Arts & Games, âge: 16+, disponible sur PC. ***(*)
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