Critique | Gaming

« Cocoon », la nouvelle merveille du créateur d' »Inside »

4,5 / 5
© DR
4,5 / 5

Titre - Cocoon

Genre - Puzzle Game/Aventure

Édité par - Annapurna Interactive

Développé par - Geometric Interactive

Âge - 7+

Disponible sur - Disponible sur Nintendo Switch, PC, PlayStation 4/5, Xbox One et Xbox Series.

Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Sept ans après son Inside, Jeppe Carlsen sort de sa chrysalide avec Cocoon. Un jardin extraordinaire pour réhabiliter le merveilleux.

Face aux fixettes compétitives du monde du gaming actuel, qui se cristallisaient encore du 13 au 15 octobre à la dernière Coupe du monde de Fortnite à Copenhague, le merveilleux joue encore les contrepoids salutaires. Les gamers avides d’explorer des mondes “s’éloignant du cours ordinaire des choses”, comme le définit le Larousse, voient d’ailleurs leur rentrée illuminée par Cocoon, un puzzle game danois aux airs de voyage vers l’inconnu aussi désarçonnant que l’Another World d’Éric Chahi en 1991.

À l’image de Fumito Ueda (Ico en 2001) et Jenova Chen (Journey en 2012), Jeppe Carlsen compte parmi ces rares créateurs gaming capables de nous emmener dans des mondes extraordinaires dont la seule exploration se suffit à elle-même. Le game designer danois floutait ainsi les barrières entre jeu vidéo et cinéma d’animation avec Inside, il y a sept ans. Inspirée du cinéma expressionniste allemand, l’esthétique vénéneuse de ce jeu de plateforme réveillait des terreurs infantiles rares déjà entrevues sur son précédent et tout aussi recommandable Limbo en 2010. Nettement moins noir que Limbo et Inside, Cocoon prouve que Jeppe Carlsen garde la main lorsqu’il s’agit de créer des mondes d’une délicieuse étrangeté. Ce jeu qui nous fait incarner une cigale humanoïde déballe des paysages biomécaniques, aquatiques et minéraux en perpétuelle mutation. Des gouttes noires y flottent en apesanteur face à des chimères vaguement inspirées de scarabées. Des portiques s’y animent tels des diaphragmes. Le vivant y frémit, le joueur aussi. Et l’impression d’être un éthologue vivant des épiphanies perpétuelles domine.

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Voyage au bout de la sphère

Obsédé de tuyauteries à la Terry Gilliam, Cocoon s’ouvre sur de gentilles énigmes. On y transporte des sphères pour les poser sur des socles activant des portes et autres plateformes mobiles. Mais le crescendo ne tarde pas. Les orbes du jeu se déclinent progressivement en plusieurs couleurs aux effets hétéroclites. Qu’il s’agisse de faire apparaître un réseau de passerelles jusque-là invisibles à l’œil nu, d’alimenter un réseau d’énergie, de se hisser en hauteur, ou de dévoiler des marres d’eau jouant avec l’idée de monde parallèle, un langage ludique complexe, vertigineux mais logique s’installe.

Combinant habilement ces idées en y ajoutant celle de mondes en poupées russes, Jeppe Carlsen a surtout le chic de faire cohabiter ici des puzzles complexes avec des principes de base très simples. Le protagoniste muet et sans nom de Cocoon n’interagit avec son environnement que via un seul bouton d’action tandis que le jeu se résume à débloquer des passages. Déballant des nouvelles idées d’énigmes toutes les 15 minutes, le jeu danois s’autorise en outre des boss de fin de niveau aux airs de bullet hell (un style shoot them up tapissé de projectiles, pour un public hardcore). Surprise du chef, la dimension méta de Cocoon le hisse parmi les indispensables de 2023. Un voyage dont le merveilleux se rapproche de JETT: The Far Shore, ce qui n’est pas peu dire.

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