Critique | Gaming

Blasphemous 2: outrageux ou presque

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© dr
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Titre - Blasphemous 2

Édité par - édité par Team17

Développé par - développé par The Game Kitchen

Âge - 18+

Disponible sur - disponible sur PC (version chroniquée), Nintendo Switch, PlayStation 5 et Xbox Series.

Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

La dark fantasy de Blasphemous 2 pousse le gore dans le rouge. Une descente en enfer en pixel art dont on ne revient pas indemne.

De la Neuvième Porte de Roman Polanski au Nom de la Rose d’Umberto Eco, l’Inquisition a laissé une empreinte durable au cinéma. Les excès de ce tribunal ont notamment été projetés en salles pour illustrer son détournement à des fins personnelles, mais aussi l’opposition de la religion à la science. Blasphemous 2 met, lui, les pieds dans le plat en plongeant dans ses aspects les plus gore. Loin d’être un nanar idiot, ce metroidvania (1) ibérique et lettré (Miguel Hernández et Federico García Lorca sont invoqués) marque sans peine cette rentrée de sa singulière beauté vénéneuse.

Ces dernières années, l’Espagne se hisse comme une terre où le pixel art prospère. The Cosmic Wheel Sisterhood confirmait ainsi cet été tout le talent littéraire de la Deconstructeam. Secouant aussi le jeu d’auteur à force de visuels très 90’s, Octavi Navarro rendait de son côté récemment plusieurs hommages à La Quatrième Dimension. Sans oublier Narita Boy du Studio Koba et Crossing Souls de Fourattic. Avec Blasphemous 2, les Sévillans de The Game Kitchen s’inscrivent directement dans cette vague néo-rétro. Mais ils poussent le curseur dans le rouge… sang.

Sang pour sang gore

Un vieillard géant qui allaite un bébé. Une martyre dont la peau s’écorche doucement. Un cardinal aux airs de limace obèse dont les viscères explosent. Blasphemous 2 n’est pas à mettre entre toutes les mains. Suivant les pénitents d’un ordre essayant de mettre fin aux abominations d’une religion, le jeu qui oscille entre combats vachards, phases de plateforme et exploration dissèque avec un certain talent des thèmes entre culpabilité et fanatisme religieux.

L’ombre de Castlevania: Symphony of the Night sur PlayStation 1 plane sur ce nouveau volet qui diversifie le gameplay de son prédécesseur. Auréolé d’une large panoplie de pouvoirs se débloquant au fil de son périple noir, le jeu s’ouvre progressivement à des wall jump et autres téléportations. Le tout pour des phases de plateforme classiques mais efficaces. En combat, on tâtonne pour savoir s’il est préférable d’utiliser son système de contre-attaque ou ses roulades d’esquive pour terrasser certains adversaires. Trouver la faille est jubilatoire.

Implacable, Blasphemous 2 exige d’ailleurs un timing parfait. L’esprit de Dark Souls habite en effet sa descente aux enfers. Notons d’ailleurs que son trio d’armes blanches (oscillant en rapidité et puissance) devra lui aussi être judicieusement utilisé, au bon endroit et au bon moment. Fragments de culpabilité, larmes d’expiation, points de martyr… L’étonnante cohérence de la grammaire ludique en place témoigne d’un vrai travail d’orfèvre. Dommage toutefois que le studio n’évoque jamais la chrétienté, par peur de choquer le public. Une autocensure sans doute alimentée par une Inquisition bien moderne: celle des réseaux sociaux.

(1) Un jeu où l’on explore un monde ouvert en 2D pour y débloquer de nouvelles compétences et ainsi accéder à des zones auparavant inaccessibles, tel un puzzle géant à résoudre.

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