Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

RALPH MEYER FRANCHIT LE PAS ET SE MESURE ENFIN, ET SUR SES PROPRES TERRES, AU MAÎTRE JEAN GIRAUD. LA FILIATION EST ÉVIDENTE, LA RÉUSSITE DE CETTE NOUVELLE SÉRIE AUSSI.

Undertaker (tome 1: le mangeur d’or)

DE RALPH MEYER ET XAVIER DORISON, ÉDITIONS DARGAUD, 56 PAGES.

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Le sticker collé sur la couverture de cette nouvelle série était peut-être un peu too much -« Le plus grand western depuis Blueberry »- mais finalement pas très éloigné de la vérité, et assumé, certes du bout des lèvres, par Ralph Meyer lui-même, le dessinateur de cet Undertaker: « C’est une idée de la com’ Dargaud… Chacun son métier, même si on n’était pas spécialement à l’aise avec ça. Mais ça semble marcher, tout le monde m’en parle… » Et de fait, même sans le sticker, la filiation de cette nouvelle série avec ce que fut Blueberry saute aux yeux: outre le graphisme de Meyer biberonné à celui de Giraud, Undertaker se veut une grande série de genre, de divertissement et de qualité, de facture réaliste et « classique », là où tous les autres multiplient les one-shots et les hommages au western. « J’avais envie d’une série au long cours, de quelque chose de consistant. Et j’avais surtout envie d’enfin me confronter à ce rêve de gamin qu’est le western. Ma filiation avec Giraud est peut-être plus nette ici que sur d’autres albums, mais j’espère réussir à me démarquer de cette trace-là, comme Giraud a su le faire avec Jijé sur les premiers Blueberry. » C’est tout le mal qu’on lui souhaite, à lui et son croque-mort, cliché du genre enfin sorti de son éternel second rôle.

Cowboy bad boy

Un croque-mort donc, beau comme la mort, crasseux comme ses clients et adepte du bon mot comme tout bon cowboy qui se respecte. Un croque-mort qui va d’emblée avoir bien besoin de son ténébreux passé d’as de la gâchette: son nouveau client a eu la très mauvaise idée de… bouffer tout l’or qu’il possédait avant de se suicider. Le voilà responsable du cadavre le plus précieux de tout l’Ouest, avec une bande de bouseux à ses trousses, une belle à ses pieds et un tas d’or à enterrer fissa -parfait cliché revisité et détourné. Undertaker, western à la fois virevoltant et crépusculaire, s’achève sur un coup de feu et la promesse d’une suite, que devraient s’arracher les amateurs du genre. Ceux-ci attendaient en effet depuis longtemps le surdoué Meyer sur le terrain, lui qui a tâté de la SF avec IAN, du polar avec La Berceuse assassine ou le premier XIII Mystery, et du viking avec Asgard, déjà réalisé avec Xavier Dorison au scénario. « Je me le suis interdit pendant longtemps, confirme le Français qui fit ses études à Saint-Luc Liège avant d’y rester quinze ans. Mais il y a une vraie tradition dans le réalisme franco-belge, avec beaucoup d’auteurs qui ont travaillé le genre comme François Boucq, Rossi, Hermann… A 40 ans passés, c’était le bon moment pour moi. »

OLIVIER VAN VAERENBERGH

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