« Un disquaire, c’est comme une bibliothèque »

Troisième saison des incursions dans le disque dur de DJ Kwak. In My Hard Drive S03E26.

« Et donc, tu ne connais pas ça? Toi, le pro de la ‘black music’? », me demande le chevelu-vendeur du lieu. Ben non, fieu. Je suis un étudiant. Appliqué, certes. Qui cherche et prolonge son travail scolaire, certes. Mais étudiant, avant tout, un passionné. Cela se passait chez 72 Records, un chouette disquaire de la rue du Midi, spécialisé en punk-rock-hardcore. Moi, j’y ai trouvé un Stevie Wonder encore scellé (avec une énorme reprise de Light My Fire de The Doors). Et ma réflexion vient du fait, que non, je ne suis pas un pro. Des grands connaisseurs, il y en a. Plein, partout. Mais ils restent des étudiants. Dans tous les genres musicaux. Comme à la foire aux disques de Bruxelles. Où, comme d’habitude, il y avait tellement que l’on ne savait que choisir. De l’absurde au très pointu. Le fan de Johnny Halliday est vinylophile. Du tout-venant au super rare (un 78 tours de Paul Anka, parti devant moi pour 120€!). On hésite devant l’envie d’y aller malgré un budget somme toute limité, ou celle de s’enfuir connaissant la limitation du dit budget. En plus, mon grand fils semble avoir attrapé le virus. J’y suis allé. À reculons parce que de mauvaise humeur. Et que comme un couillon, j’avais été faire du « record shopping » deux jours plus tôt. Bilan: deux disques achetés. Le gamin en a pris deux pour lui.

Un disquaire, c’est comme une bibliothèque. Que ce soit DJ Shadow, Cut Chemist, Scruff, Thierry Steady Go ou moi-même, nous sommes tous en recherche de découvertes, de nouveaux sons, d’artistes que nous ne connaissions pas. Moi, en tant que DJ, je ne cherche pas la rareté à tous prix, je ne me définis pas comme un collectionneur, je cherche de quoi faire danser. DJ Mig One (Starflam), par exemple, cherche de quoi sampler. Il a une collection dingue, passée regrettablement inaperçue dans le livre Belgium, The Vinyl Frontier édité par Redbull Elektropedia. Parlant de livres, celui d’Eilon Paz, Dust & Grooves/Adventures in record collecting, bien entendu, me passionne. Au départ, il s’agit d’un essai photographique sur la culture « vinyle » mais, à l’arrivée, il s’agit surtout d’un remarquable essai sur un médium qui revient à la mode. Les interviews sont bien torchées, les photos sont belles. On y parle de soul music, de library records, de pop, de metal et bien plus encore. On y voit des collectionneurs de France, d’Angleterre, des Etats-Unis, du Japon. Fascinant et bel ouvrage, issu d’un financement participatif.

Quand le taulier du Wu Tang Clan, Ghostface Killah rencontre les canadiens de Badbadnotgood, en compagnie de l’hystérique Danny Brown, il en résulte une tension palpable dans chaque rime, chaque battement rythmique. Les énervés du bulbe s’empoignent sur Youbube pour savoir qui a mangé qui, si le vers de Ghostface est adéquat sur ce beat. Je m’en fous complètement. Une excellente combinaison de talents à mettre à l’actif du label Lex Records.

M’ont aussi beaucoup plu cette semaine et sans ordre particulier:

Samedi soir, nous fêterons le 12e (!) anniversaire de Strictly Niceness. En famille. Venez voir, nous nous portons comme des charmes. Allez, je vous demande la route. Ma dernière émission est ci-dessous. En vous souhaitant une excellente semaine. Quoi que vous fassiez, faites-le bien.

Back To Niceness 31/05/14 (MdCL, The Roots, Ghostface/ BBNG, Electric Wire Hustle, Da Lata, …) by Strictly Niceness on Mixcloud