Thom Yorke & Mark Pritchard, Arcade Fire, Sherelle, The Moonlandingz : qu’est-ce qu’on écoute cette semaine?

Thom Yorke et Mark Pritchard, réunis sur un nouvel album,
FocusVif.be Rédaction en ligne

Thom Yorke débarquant sur Warp avec Mark Pritchard, le retour poussif d’Arcade Fire, les BPM en folie de Sherelle, et les invités de Moonlandingz : voici ce qui pourrait vous titiller les oreilles cette semaine

1. Mark Pritchard & Thom Yorke – Tall Tales

Si Radiohead n’a plus sorti de disque depuis A Moon Shaped Pool en 2016, Thom Yorke est loin de rester les bras croisés en pyjama dans son canapé. Après avoir sorti trois disques avec The Smile, excitant projet dont il mène la destinée aux côtés de Jonny Greenwood et du batteur de Sons of Kemet Tom Skinner, le chanteur d’Oxford se fend aujourd’hui d’un album sur le prestigieux label Warp qui, d’Aphex Twin à Autechre, a jadis profondément marqué le virage électronique de son groupe à guitares.

Yorke a au fil des années fait équipe avec Flying Lotus, Four Tet, Burial ou encore Clark et retrouve pour l’occasion le bidouilleur australien Mark Pritchard (Harmonic 313), pionnier de l’IDM qui avait remixé il y a une quinzaine d’années un titre de The King of Limbs et sur un album duquel il avait brièvement figuré en 2016. Ensemble, ils signent une fascinante et inquiétante odyssée. B.O. à apprivoiser d’un monde qui s’effondre. Sad trip… ● J.B.

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Distribué par Warp/V2.
La cote de Focus : 4/5

2. Arcade Fire – Pink Elephant

Il y a 20 ans, Arcade Fire sortait Funeral. Un premier album rock incandescent, porté par une urgence et une intensité rare. Trouvant rapidement le succès, il deviendra l’un des disques-phare des années 2000, emblématique de la période des blogs indie – quand l’Internet pouvait encore servir de caisse à résonance à des projets différents, avant que les algorithmes ne viennent remettre de l’ordre dans le business. Par la suite, Arcade Fire se fera d’ailleurs lui-même rattraper par la machine, gonflant de plus en plus ses ambitions. Peut-on lui en vouloir ? Parti pour devenir une sorte de U2 alternatif, le groupe canadien va cependant progressivement nous perdre. Après s’être encore attaché à Reflektor (2013), on a quand même écouté Everything Now (2017) et We (2022). Mais sans qu’ils aient laissé la moindre empreinte. Plus embarrassant, quelques mois après la sortie de We, le webzine Pitchfork – celui-là même qui avait crédité Funeral d’un exceptionnel 9,7 – publiait le témoignage de cinq personnes accusant le chanteur/leader Win Butler d’agressions sexuelles et de comportements inappropriés…

Trois ans plus tard, Arcade Fire tente malgré tout son retour avec Pink Elephant, son 7e album. Après avoir travaillé avec Nigel Godrich, James Murphy ou Thomas Bangalter, le groupe a cette fois convié Daniel Lanois (U2, Bob Dylan, Peter Gabriel, Neil Young, etc) pour l’épauler à la production. Difficile par exemple de ne pas reconnaître sa patte dans les textures ambient de la plage instrumentale d’introduction. Elle est intitulée Open Your Heart or Die Trying. Ce qui peut déjà susciter pas mal d’interprétations, alors même que Win Butler n’a pas chanté un seul mot. Car pink ou pas, l’Elephant est bien dans la pièce : est-il possible d’écouter les nouvelles chansons d’Arcade Fire sans les passer au filtre de la controverse ? Chacun donnera sa réponse. Mais pour Butler et sa femme Régine Chassagne eux-mêmes, elle ne semble pas évidente à trouver.

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Sur Year of the Snake, Chassagne évoque une « season of change« , la basse insistante, mais sans vraiment que le morceau ne décolle. Plus convaincant, Circle of Trust remonte voir du côté des humeurs dance/new wave de Reflektor s’il n’y a pas une piste à re-creuser, là où Ride or Die est une ballade acoustique aux échos pastoraux. Pour le reste, chaque éventuelle étincelle semble aussi vite éteinte – au hasard, l’embarrassant I Love Her Shadow. Cela fait un moment maintenant que l’on cherche les raisons pour continuer de s’accrocher à la musique d’Arcade Fire. Mais avec Pink Elephant, le groupe lui-même semble désormais se poser la question. ● L.H.

Distribution Sony
La cote de Focus : 2,5/5

        

3. Sherelle – With A Vengeance

Ne pas confondre vitesse et précipitation. Tel doit être l’adage que l’on imagine gravé sur les platines de Sherelle. Basée à Londres, la DJ a en effet bâti sa réputation sur des sets hyper-énergiques et érudits, n’hésitant jamais à pousser dans les BPM (voir son fameux set pour Boiler Room, en 2019). Avec With A Vengeance, elle sort aujourd’hui un premier album qui tient presque lieu de manifeste sonique. Un programme dance très dense, qui célèbre la culture rave anglaise avec un mélange à la fois brut et élégant, ne relâchant jamais sa prise, sans jamais pour autant devenir étouffant.

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Pas de round d’observation ici : dès Enter The Void, la productrice lâche les chevaux, lançant un beat jungle autoritaire. Plus loin, sur le morceau-titre, des sirènes ponctuent le groove nocturne et menaçant, lorgnant vers le footwork, tandis que sur Freaky (Just My Type), la chanteuse George Riley est invitée à zigzaguer entre le fameux amen break et des nappes house. Au bout de près de 50 minutes d’une musique sans cesse mouvante et terriblement excitante, on en ressort essoré, certes, mais heureux.● L.H.

Distribué par Method 808
La cote de Focus : 4/5

4. The Moonlandingz – No Rocket Required

Derrière ses allures de glandeur à grande gueule, Lias Saoudi est un homme occupé. Quand il ne fait pas le zouave avec les zozos de la Fat White Family et quand il ne conçoit pas de la musique pour clubbers avec ses acolytes de Decius (il peut aussi quand il s’embête tourner un remake particulièrement do it yourself de The Shawshank Redemption), le chanteur de la famille la plus dysfonctionnelle d’Angleterre s’amuse avec ses potes de The Eccentronic Research Council sous le nom de The Moonlandingz.

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Huit ans après Interplanetary Class Classics, les timbrés réveillent la bête avec No Rocket Required. Un disque certes bordélique et inégal mais une plaque au casting inattendu où se sont faufilées l’artiste pop londonienne Jessica Winter et l’exorciste engagée Nadine Shah. Et au rang duquel, plus surprenant encore, figurent Iggy Pop (le paisible It’s Where I’m From) et l’inoubliable et pourtant oublié Ewen Bremner, le mec aux oreilles décollées qui interprétait Spud dans Trainspotting (le formidable titre d’ouverture Some People’s Music).

Distribué par Transgressive Records/Pias.
La cote de Focus : 3,5/5

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