The Scrap Dealers: « Je déteste les copieurs »

The Scrap Dealers © Jaune Orange
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

À l’affiche du deuxième Stellar Swamp, les Scrap Dealers ont enregistré leur nouvel album dans la campagne liégeoise avec un bout des Tropics et du Prince Harry. A long story…

C’est un deuxième album, After a Thousand Blows, sous leurs bras de Ferrailleurs, que les Scrap Dealers partageront le 19 février avec The Oscillation, Tomaga et Milo Gonzalez l’affiche à L’Atelier 210 du Stellar Swamp, le festival psychédélique organisé sur deux soirs à Bruxelles par les Moaning Cities. Deuxième album vraiment? « La question est délicate, sourit Hugues Daro, l’un des deux guitaristes et chanteurs des Scrap. Sur quoi on juge ce genre de chose? La durée? Le nombre de morceaux? Pour nous, The Scrap Dealers (sept chansons, une demi-heure, NDLR) était déjà un album mais Jaune Orange l’a présenté à l’époque comme un EP en se disant que ce n’était pas plus mal pour notre développement. Ce n’est pas très important dans le fond. »

Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse, comme disent tous les saoulards. D’autant qu’After a Thousand Blows est plutôt du genre bonne bouteille. Une bouteille qui va déjà sur ses deux ans d’âge. Les Scraps ont enregistré ces six titres en septembre 2014 à la campagne. Dans la commune de Dalhem. « A Mortroux pour être précis. Dans une maison fermette qu’on a louée à un ami d’ami. Une vieille bâtisse. Pas luxueuse du tout mais très charmante. Puis située sur les hauteurs avec très peu de voisins. »

Les Scraps s’y sont isolés pendant une semaine en compagnie de deux visages bien connus de la scène rock liégeoise. Allan Snon est le bassiste et claviériste derrière les machines du Prince Harry et de son punk synthétique. Jérémy Alonzi est le Dirty Coq, bestial et sauvage, de l’Experimental Tropic Blues Band. « Cette baraque semblait hantée, raconte ce dernier. Tu avais des pièces de 20 mètres carrés derrière des trappes. Tu entendais des pas de rats dans les faux plafonds. J’avais la trouille de me faire électrocuter ou poignarder par une poupée quand je prenais ma douche. Mais bon, à côté de ça, il y avait des pierres de pays aux murs dans le salon. Une acoustique incroyable. Puis une dizaine de jours entre mecs qui se lavent pas et qui ont décidé de partir en retraite pour faire du rock à Mortroux, tu imagines l’ambiance. C’était rock, drogues et barbecues… »

Avec la régie dans une chambre, le groupe dans le salon et les proprios toujours dans leur habitation… « On n’avait pas des masses d’argent. Il était donc essentiel de faire les choses nous-mêmes, reprend Hugues. Le disque avant pressage nous a coûté un petit 2 500 euros, location de baraque comprise. Faut bien se dire que gratuit, un album ne l’est jamais. Même quand tu fais tout tout seul. Pour mon projet solo (Duane Serah), j’ai quand même dû acheter un ordinateur et des enceintes… »

The Scrap Dealers:

Mur du son

Fini le garage de leurs débuts. Les Scrap Dealers tirent ici leurs morceaux en longueur. Quelque part entre le shoegaze et le rock psychédélique enfumé d’un Black Angels. « Je dois reconnaître que j’ai découvert beaucoup de trucs entre l’enregistrement de nos deux disques. Enormément de groupes des années 90 m’ont marqué de par l’émotion qu’ils dégageaient. Je pense aux Spacemen 3, à My Bloody Valentine, Slowdive, Flying Saucer Attack et Chapterhouse. Mais aussi à Felt ou aux Vaselines… Le côté mur du son m’a toujours intéressé mais on n’essaie pas d’imiter qui que ce soit. Je déteste les copieurs. »

Curieux, ouvert d’ouïe, Hugues s’intéresse aux musiques psychédéliques et expérimentales comme au post-punk et à l’indé nineties. « J’ai aussi un faible pour la scène néo-zélandaise et le côté pop sucré des Chills. Je ne suis pas un mordu de concerts. Je suis un peu fatigué par les groupes que je vais voir en live. J’aurais peut-être la même impression devant les Scraps d’ailleurs (rires). Je me sens aussi assez vite oppressé en fait. J’apprécie davantage la musique chez moi qu’en public. »

« Régis avec son 8 pistes à cassette, Hugues chez lui sur son ordi… Même si ça fait vieux con, je me reconnais un peu dans certains d’entre eux. On bosse quelque part de la même manière, commente Dirty Coq. Quand je les ai vus pour la première fois, par hasard, à la Casa Nicaragua, il doit y avoir trois ans maintenant, j’ai tout de suite été séduit. Ils étaient tout modestes et tout renfermés mais ils avaient un truc. J’ai pensé: enfin un nouveau groupe de rock’n’roll à Liège. Et je leur ai proposé de les enregistrer. Quelques jours plus tard, ils étaient à la maison. »

Tout n’est pas toujours aussi facile. Le titre de l’album After a Thousand Blows est notamment une allusion au fait qu’il a mis tant de temps à voir la couleur des bacs de disquaires. « Les synthés, qu’on nous a prêtés, exceptés, le disque a été enregistré en une semaine. N’importe quel artiste qui produit une oeuvre a envie de la voir exposée. Mais on s’est retrouvés sur la liste d’attente Jaune Orange. On savait que les délais seraient longs. Alors, on a pris notre temps pour le mixage. JO fait du super boulot pour nous. Puis, on a changé de batteur. Ça nous a permis de nous retourner. »

Anciens étudiants en infographie et en communication qui ont donné leur premier concert à l’occasion d’un freak show au milieu des fakirs et des mangeurs de sabre, les Scraps jettent toutes leurs forces dans la bataille. Pas de statut d’artiste (« c’est devenu très compliqué ») ni même pour certains de chômage… Justin crée des flight cases et Bruno, le batteur, est cordiste (on dit aussi travailleur acrobatique). « Il peut bosser dans des usines chimiques comme sur les boules de l’Atomium. » Ces Ferrailleurs ne manquent pas de ressources…

THE SCRAP DEALERS, AFTER A THOUSAND BLOWS, DISTRIBUÉ PAR JAUNE ORANGE.

LE 19/02 À L’ATELIER 210 (BRUXELLES), LE 20/02 AU MAD CAFÉ (LIÈGE) ET LE 04/03 À LA PÉNICHE (LILLE).

STELLAR SWAMP: THE OSCILLATION, TOMAGA, HELICON, THE SCRAP DEALERS ET MILO GONZALEZ LE 19/02 À L’ATELIER 210; NIGHT BEATS, WOODEN INDIAN BURIAL GROUND, THROW DOWN BONES, SOUND SWEET SOUND ET AZMARI LE 20/02 AU MAGASIN 4.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content