Taqbir, le punk au féminin qui dézingue le patriarcat musulman

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Bio express

ACTIVITÉ Punk hardcore survolté et contestataire

ÂGE Inconnu

LIEU Quelque part en Europe

ACTU En concert le 17/09 aux Leffingeleuren, Leffinge

Début avril, durant BRDCST, le festival à tête chercheuse de l’Ancienne Belgique, Taqbir retournait trois fois le Club de l’AB en trois jours et autant de concerts. Explosifs. Violents. Expéditifs. Découvert via le label punk anglais La Vida Es Un Mus, capable de vous dénicher des crêtes ou la musique qui va avec en Macédoine comme à Singapour, Taqbir est originaire du Maroc, chante en darija et avance masqué. Taqbir est un groupe de punk hardcore et ce n’est pas spécialement à la mode au pays de Mohamed VI. A fortiori s’il est emmené par une fille qui s’élève contre l’autorité. Celle du père. Celle du grand frère. Celle du bon goût et du politiquement correct. Celle, pire encore, de la religion. Taqbir n’a pas peur de te faire une pochette avec une burqa à clous, une combat-shoe qui écrase la gueule d’un barbu et une boule de démolition qui abat la Kaaba (le lieu le plus sacré de l’islam). Sa chanteuse, elle, menace les hommes en leur disant qu’elle va les trouver dans les rues sombres et qu’ils n’auront nulle par où se cacher.

L’histoire du harceleur harcelé… Elle a passé sa vie à avoir peur des mecs de sa communauté et fantasme que la frousse passe de l’autre côté. Incapable de se taire face à ce qui a étouffé toute sa jeunesse (quand elle était petite, elle avait un lecteur MP3 sur lequel elle ne pouvait écouter que le Coran, la jeune femme s’élève avec rage et véhémence contre une religion qu’elle qualifie d’intrinsèquement homophobe, misogyne et intolérante. Comme elles le sont à peu près toutes, à son avis.

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Elle a découvert la musique noire américaine grâce à des stages de danse avant d’élargir le champ. Via le punk. “No Future, ça avait été toute ma vie jusque-là et pour moi, c’était ni cool ni marrant (…) J’ai eu assez de destruction et de dark dans ma vie pour en rajouter une couche”, déclarait-elle en avril à Vice. Puis sa version hardcore, moins nihiliste, plus constructive. Les morceaux en arabe de Taqbir malgré leur humour et leur provocation sont le résultat de beaucoup de souffrance. Sa famille n’est d’ailleurs pas au courant de ses activités. Peu de gens le sont. Planqué sous des niqab, Taqbir joue avec l’image intégriste de l’islam. Mais ça permet aussi à sa chanteuse de garantir son anonymat et sa sécurité. Pas de programme ou de revendication. Juste qu’on lui laisse vivre sa vie. Comme le revendiquait le titre de son premier 7 inch, la victoire appartient à ceux qui se battent pour une bonne cause…

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