Rock Werchter J1: Paul McCartney, touchant et nostalgique (à défaut d’être inoubliable)

Paul McCartney © Olivier Donnet
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Les 74 ans fraîchement sonnés, Paul McCartney a jeudi donné son premier concert dans un festival belge. Retour sur le best of d’un Beatle généreux qui lutte valeureusement contre les ravages du temps.

À quoi pouvait-on s’attendre d’autre d’un mec de 74 piges? Non, franchement? Que pouvait-on légitimement espérer de mieux d’un type aussi génial soit-il qui a l’âge des maisons de retraite et des parties de bridge? Pour son premier concert en Belgique depuis mars 2012 (c’était au Sportpaleis d’Anvers), sa première participation à un festival belge tout court, l’ex-Beatle Paul McCartney a passé en revue jeudi l’ensemble de sa carrière au cours d’une prestation marathon de plus de deux heures piochant dans le meilleur de sa discographie et remontant même là où tout a commencé: In Spite of All the Danger. La première chanson enregistrée par Paulo avec John Lennon et George Harrison sous le nom de The Quarrymen un beau jour de juillet 1958.

« It’s been a hard day’s night, and i’ve been working like a dog… » L’entrée en matière, avec un petit quart d’heure de retard sur le programme, résume plutôt bien la situation. Un public fatigué par une journée éreintante, les pieds dans les flaques et le sable mouillé. Et un artiste en fin de parcours, incroyablement bluffant pour son âge, mais qui n’a forcément plus la voix ni l’entrain de ses 20 ans.

D’emblée, Macca met le juke box en route. Un juke box qui honore les Wings. Ceux de Band on the Run et d’un Live and Let Die, tout feu tout flamme, en mode pyrotechnique. Un juke box surtout qui célèbre les Beatles. Cette machine à tubes qui reste 46 ans après sa mort aussi inégalable qu’inégalée. Love Me Do, Can’t Buy Me Love, We Can Work It Out, Eleanor Rigby, Back in the U.S.S.R… Certes, c’est FourFiveSeconds, la vilaine chanson qu’il a signée avec Rihanna et Kanye West, qui reçoit le plus gros accueil à l’applaudimètre. Mais de l’ado boutonneux au vieillard dur de la feuille, personne ici ne se promène en terre inconnue. Sir McCartney est généreux. S’essaie à quelques mots en flamand. Dédie des chansons à Lennon, Hendrix, au guitariste d’Elvis Scotty Moore et aux deux George (Harrison et Martin, parti le 8 mars dernier). Loin d’être neurasthénique comme un Brian Wilson (ils sont nés à deux jours d’intervalle), l’Anglais jongle avec basse, guitare, piano, ukulélé et a l’air de franchement s’amuser. Mais si sa voix, chevrotante, exerce ses charmes fragiles sur un Blackbird, elle lui joue aussi parfois des tours. Et il y a quelque chose de triste à entendre cette pop fraîche et juvénile se faner.

« That was the big wardrobe change of the evening », sourit le papy de Liverpool après avoir retiré sa veste. Ses blagues sont en pilotage automatique. Comme quand il dédie Birthday à tous ceux qui fêtent leur anniversaire ce jour-là, « ou un autre jour de l’année ». Le public dans nos parages ne fera pas de farandole sur Ob-La-Di, Ob-La-Da mais reprendra comme tout le monde Let It Be et Hey Jude d’une seule voix… Communion dispensable d’une soirée touchante et nostalgique à défaut d’être inoubliable.

SETLIST: A Hard Day’s Night / Save Us / Can’t Buy Me Love / Letting Go / Let Me Roll It / I’ve Got a Feeling / My Valentine / Nineteen Hundred and Eighty-Five / Maybe I’m Amazed / We Can Work It Out / In Spite of All the Danger / Love Me Do / Blackbird / Here Today / New / Lady Madonna / FourFiveSeconds / Eleanor Rigby / Being for the Benefit of Mr. Kite! / Something / Ob-La-Di, Ob-La-Da / Band on the Run / Back in the U.S.S.R. / Let It Be / Live and Let Die / Hey Jude // RAPPEL: Hi, Hi, Hi / Birthday / Golden Slumbers / Carry That Weight / The End

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