Rock Werchter: Blue Sunday

New Order
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Dimanche soir, le rigolard Mac DeMarco et les vétérans de New Order ont sauvé une dernière journée de Werchter un peu fadasse et prétentieuse.

Entre les Anglais de Muse et les jeunes Américains (dont trois frangins) de Greta Van Fleet, il était de bon ton de se toucher la gratte dimanche à Werchter. Entre ces deux concerts grandiloquents et pompiers, Mac DeMarco et New Order ont sauvé les pots cassés. Résumé.

Fan des années 80

On connaît la tragique histoire. Après le suicide en 1980 de leur chanteur Ian Curtis, pendu en écoutant The Idiot d’Iggy Pop, les membres de Joy Division changent de nom, se font appeler New Order et optent pour le côté synthétique et new wave de la force. 39 ans, un départ (celui du bassiste Peter Hook évidemment) et quelques allées venues plus tard (Gilian Gilbert, la femme du batteur Stephen Morris, a rejoint N.O. au clavier en 2011 après une dizaine d’années d’absence), le groupe de Manchester ne sort plus grand chose de bien excitant mais fait encore chapiteau comble. Son dernier disque a beau remonter à 2015 et ne pas casser trois pattes à un canard, New Order tire encore son épingle du jeu. Bien sûr, c’est parfois un peu encombrant et méchamment daté. Genre Top 50 avec Marc Toesca et Pet Shop Boys pas assumé. Mais plus c’est froid et noir, mieux c’est. Et à défaut de She’s Lost Control, les Mancuniens reprennent Shadowplay et Transmission de Joy Division. De la cold wave à la pop synthétique, il n’y a qu’un pas… Bernard Sumner et ses vieux amis ont gardé les tubes pour la fin. « Up, down, turn around, please don’t let me hit the ground… » Dans la foulée de True Faith et de Blue Monday qui sentent forcément les soirées eighties et les boums de rétho, New Order nous replonge de son Temptation dans l’Ecosse pourrie de Trainspotting… Alors que Bernard Sumner chante avec le public l’hymne Love Will Tear Us Apart, le regretté Ian Curtis (sur la tombe duquel le titre de la chanson est gravée) apparaît dans le décor. La caméra zoome sur son visage et son regard profond. Et l’inscription Forever Joy Division déroule sur les écrans géants. Emouvant.

Mac DeMarco
Mac DeMarco© Wouter Van Vaerenbergh

Big Mac

C’est le concert de branleurs du week-end. Mais des branleurs qui savent y faire, répandre les bonnes ondes et vous abandonner avec un sourire jusqu’aux oreilles. Loin des performances formatées et cadenassées où aucune place (jusqu’à la petite blague entre deux morceaux) n’est laissée à l’improvisation, Mac DeMarco l’a joué à la coule dimanche après-midi. No rules… Il suffit de jeter un oeil sur les setlists du bonhomme pour comprendre la liberté qu’il tient et parvient à conserver. Pour le coup, un membre du groupe au petit côté Freddie Mercury (ou juste un pote qui avait besoin de vacances?) est confortablement installé sur scène et passe le concert à lire un bouquin… Chez DeMarco, tout est improbable. Les invectives (les artistes vous demandent quand même rarement de remuer vos trous de cul). Le redneck qui arbore une boucle de guitare aux couleurs de l’arc-en-ciel et raconte qu’il a perdu la voix la veille en appelant à l’aide les sauveteurs alors qu’il était en train de se noyer… La bouteille de pinard passe de main en main. Ode To Viceroy, Freaking out the Neighborhood, Choo Choo, le morceau très Princien de son relativement anecdotique dernier album. Quand Mac se désape, ce n’est pas tant pour exposer ses muscles que pour rigoler en dansant de son gras et de son bide à bière. Les zozos terminent avec l’incontournable Still Together et ses faux airs du Lion est mort ce soir. DeMarco aime la traîner en longueur et c’est cette fois une reprise du Champagne Supernova d’Oasis qu’il vient y glisser. Magistralement chantée par son pote crowdsurfeur glandouilleur. Have a nice summer…

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