Qui sont les finalistes du Concours Circuit 2023 ? Fokkop.era (3/5)

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

C’est ce vendredi 8 décembre qu’aura lieu la grande finale du Concours Circuit 2023. Le jury devra trancher entre cinq propositions très différentes. On vous les présente, une à une. Aujourd’hui, Fokkop.era

Au départ, ils étaient pas loin de 500. Quatre-cent soixante, pour être précis, à avoir déposé leur candidature au tremplin musical le plus important du sud du pays. Après écoute et trois soirées de présélection, ils ne sont plus que cinq groupes encore en lice pour la grande finale du Concours Circuit 2023. Celle-ci aura lieu au Botanique, ce vendredi. Au programme, l’électro-punk de Dorothy Gale, l’électro acoustique de Floèmee, le trap metal de Flxwride, le hip hop abstrait de Fokkop.era et le metalcore de Ocean Encounters. On vous les présente à tour de rôle.

Aujourd’hui, Fokkop.era, le projet du Flamand bruxellois Herb Cells (ex-Frown-I-Brown, et fondateur du label/boite de management Naff)

Comment démarre Fokkop.era?

C’est un projet qui est né pendant le Covid. Enfin, je triche un peu parce que tout était déjà dans ma tête un peu avant. J’avais même commencé à travailler avec Alain Deval. Mais avec tous ses projets (NdR : Bothlane, notamment), il n’avait plus le temps. Que fait-on pour remplacer quelqu’un comme Alain Deval, qui est à la fois un excellent batteur et très doué en synthè modulaire ? J’ai dû faire appel à deux autres musiciens. J’ai toujours voulu travailler avec Martin Daniel, qui est un claviériste hors-pair. Il peut jouer aussi bien sur un piano à queue qu’avec des synthés. Comme le Korg MS-20, par exemple, qui a un son incroyable, très gras, qui a du corps, et en même temps très contemporain, très psyché.

Pour la batterie, j’ai collaboré avec beaucoup de super batteurs, mais là aussi, c’était souvent une question d’agenda. En ce moment, on travaille avec l’excellent Denis Baeten, le batteur de Jean-Paul Groove. Il a une frappe assez rock, une précision de ouf, et c’est un bosseur. Il amène aussi cette texture punk rock qui me plaît beaucoup. Notamment parce que je suis un grand fan de Zack de la Rocha, de Rage Against The Machine. Et de son projet One Day as a Lion, qu’il a formé après. C’est d’ailleurs un trio, comme Fokkop.era. Auquel j’ajoute encore un vidéaste hyperdoué, Charles Bruère, qui travaille avec des effets analogues vintage.

Quelle était l’idée en lançant Fokkop.era?

Le but c’est de rassembler toutes mes influences du passé. J’ai commencé en 2007 avec le Wild Boar & Bull Brass Band, une formation avec quatre cuivres, basse, batterie, et moi au rap. Aussi déjà avec une énergie assez Rage Against the Machine, mais dans la vague des fanfares de l’époque, Et puis après, j’ai eu Frown-I-Brown (NdR : plus jazz-funk), avec lequel j’ai écrit la chanson Zinnebir.

Pendant le Covid, j’ai voulu mettre toutes ces musiques ensemble, et celles que j’avais pu collecter entre-temps, dans un nouveau projet, avec l’idée de casser les codes du hip-hop, en ramenant de nouveau les racines de la musique afro-américaine. Ce que j’ai toujours adoré dans les samples des années 90, qui permettaient de remonter à la source. Aujourd’hui, tout ça est moins palpable. Mais c’est normal, les choses changent. Cela étant dit, dans Fokkop.era, on joue aussi de la trap, des beats à 140 BPM, etc. Mais dans notre style. Quand on fait un morceau trap, ça sera avec Denis qui le transforme en punk, et Martin qui joue des thèmes schizo. C’est très impressionnant.  

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Pourquoi s’inscrire au Concours Circuit ?

Pour moi, c’est un raccourci, un coup de projecteur pour un projet obscur ne qui court par les rues. Cela permet de donner plus de visibilité. C’est pour ça que je suis déjà hyperheureux de faire partie des finalistes.

Comment comprendre le nom du projet ?

En fait, il faut lire « Fuck up era ». En anglais, un « fuck up », c’est un foireux, un imposteur. C’est une manière de dire qu’on vit dans une époque remplie d’imposteurs, et qui carbure au narcissisme. J’ai l’impression de parler comme un vieux réac quand je dis ça. Mais j’aime bien cette phrase de Nina Simone, qui dit que le devoir d’un artiste est de refléter son époque. Cela m’a toujours parlé. Et le nom Fokkop.era, c’est un peu ça. L’idée qu’on vit dans une ère de charlatans.

Ce qui est drôle, c’est qu’en français, on place l’accent tonique ailleurs. Ce qui fait que l’on entend plutôt « fuck opera ». Alors que je n’ai rien contre l’opéra (rires). A la limite, cela peut faire allusion à opéra rock. Ce qui n’a pas grand-chose à voir non plus avec notre groupe. Si ce n’est que cela reste quand même un projet assez burlesque, très rentre-dedans, très baroque. On a un morceau plus tranquille, très aéré, très profond. Mais pour le reste, j’adore sortir la grosse artillerie sur scène et montrer de quoi ces musiciens sont capables.

 Si Fokkop.era était un livre ?

Je ne lis pas trop de romans pour l’instant. Je suis plus dans des essais. J’ai mangé beaucoup de féminisme ces derniers temps, par exemple, et c’était très intéressant. Mais qu’est-ce qui pourrait mieux correspondre? Peut-être Les formes de la peur (Grundformen der Angst) de Fritz Riemann, un psychologue allemand qui explique qu’il existe quatre types de personnalités, chacune étant associée à un traumatisme particulier… Bon, je ne vais pas gagner beaucoup de fans avec ça (rires). Mais le small talk ne m’intéresse pas trop dans les textes. On me dit d’ailleurs souvent que ce que je raconte est trop compliqué. Mais je suis sûr qu’il y en a qui comprennent très bien où je veux en venir, même si c’est une minorité.

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