PinkPantheress, Pete Doherty, Lido Pimienta, Tune-Yards, Billy Nomates : qu’est-ce qu’on écoute cette semaine?

PinkPantheress, toujours adepte du binge-dancing, avec sa nouvelle mixtape Fancy That.
Laurent Hoebrechts Journaliste musique
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Ça se bouscule au portillon : de la mixtape éclair de PinkPantheress au nouveau Pete Doherty, en passant par la splendeur orchestrale de Lido Pimienta, la pêche de Tune-Yards ou les amours pop de Billy Nomates

1. PinkPantheress – Fancy That

Victoria Beverley Walker a de l’humour. Pour démarrer sa nouvelle mixtape, elle s’est amusée à sampler les héros techno d’Underworld. Ce qui, certes, n’est pas complètement étonnant quand on connaît l’amour de la jeune Londonienne pour les nineties. Le choix du morceau échantillonné est cependant plus cocasse : Dark & Long (dans sa version remixée de 10 minutes). Soit à peu près l’antithèse de la musique de PinkPantheress, dont les chansons dépassent rarement les deux minutes trente. En 2021, sa première sortie officielle, to hell with it, enquillait ainsi une dizaine de morceaux en à peine 18 minutes. Plus besoin de pont ou de refrain : avec sa binge-pop, PinkPantheress devenait instantanément le symbole (le symptôme ?) d’une génération TikTok en proie au déficit d’attention, incapable de tenir au-delà du premier couplet.

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L’étoile-même de PinkPantheress allait-elle filer ou continuer à briller, passé la hype des débuts ? Quatre ans (et une autre mixtape) plus tard, force est de constater que la musique de la chanteuse-autrice-productrice continue d’intriguer. Le nouveau Fancy That se consomme toujours en shots – 9 titres, 20 minutes, emballé, c’est pesé. Boosté à la drum’n’ bass et à la dance (avec notamment Basement Jaxx comme inspiration revendiquée), il propose surtout ce que PinkPantheress a fait de plus cohérent, fun et décomplexé. Tout en laissant entier le mystère d’une pop paradoxale, à la fois hypermoderne et bourrée de références rétro, hors-format et über-catchy, impersonnelle et attachante. ● L.H.        

Distribué par Warner.
La cote de Focus : 4/5

2. Tune-Yards – Better Dreaming

Depuis le départ, l’Américaine Merril Garbus envisage la pop comme un grand terrain d’exploration musicale. Une aire de jeu, propice à tous les détours, à toutes les bizarreries. A l’image de la première calligraphie de son projet – tUnE-yArDs -, qui, dans la tête de certains, a pu même faire parfois passer ses chansons bricolo pour plus « arty » ou maniérées, qu’elles ne l’étaient vraiment. Sous ses dehors parfois hirsutes, la musique de Garbus a pourtant toujours dégagé une sorte d’énergie contagieuse.

C’est plus que jamais le cas sur Better Dreaming. Pour ce sixième album, Merril Garbus et son bassiste/partenaire/binôme/mari Nate Brenner sont allés à l’essentiel, sans rien perdre de leur fantaisie. Résultat : une dizaine de morceaux qui parviennent à sonner comme des tubes, tout en planquant des trésors d’invention, multipliant les harmonies fondantes (Get Through), empilant les couches rythmiques euphorisantes (How Big Is The Rainbow). En ligne de mire, toujours ce sens du groove imparable – le single Limelight et sa basse juteuse à la ESG -, à la fois bouillonnant et combatif.

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Puisque chez Tune-Yards, la musique se danse autant qu’elle se pense, fait bouger autant qu’elle mobilise. Dans un monde en pleine déconfiture, le duo invite ainsi à rêver non pas plus grand, mais mieux. « Turn away from all that hates you/Turn to meet the ones that keep you warm/Turn away the absent future/Come away and we will join the swarm », chante Garbus dans l’appel au collectif de Swarm – « l’essaim » en anglais. En toute fin, sur Sanctuary, elle insiste encore pour se délester : « We are not the weight we carry », « nous sommes pas le poids que nous portons ». Le voyage plus léger mais toujours aussi intense. ● L.H.

Distribué par 4AD
La cote de Focus : 4/5

 

3. Pete Doherty – Felt Better Alive

Les Libertines ont beau avoir renoué avec la tête des charts l’an dernier (en Angleterre du moins), les enfants terribles du rock anglais ont depuis longtemps perdu tout intérêt et ont enchaîné sur leurs troisième et quatrième albums les chansons mièvres et dispensables, tristes reflets d’une reformation inutile et d’une fougue disparue. Il ne sert à rien de se mentir sur le dos de la nostalgie, ce qu’il y a de plus intéressant chez les jadis ­sauveurs du rock britannique, c’est depuis belle lurette les disques solo (ou avec Frédéric Lo) de Peter Doherty.

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Composé en ­Normandie, où il habite désormais avec femme et enfant, et produit en compagnie de Mike Moore, guitariste de Liam Gallagher, Felt Better Alive ne déroge pas à la règle. En attendant la reformation de Babyshambles prévue pour la fin de l’année, Doherty dégaine un album de cowboy. Un disque country folk qui va bien à ses chansons de hors-la-loi, à sa voix bringuebalante et à sa grande carcasse. Qu’importe si certains nouveaux titres en rappellent furieusement d’autres de son répertoire et s’il peut en écrire cinq identiques chaque matin au petit déjeuner. Felt Better Alive a les charmes branleurs de son poétique et fragile génie. ● J.B.

Distribué par Strap Originals.
La cote de Focus : 3,5/5

4. Lido Pimienta – La Belleza

En 2020, via l’album Miss Colombia, on découvrait l’univers extravagant de Lido Pimienta. Née en Colombie, mais installée au Canada, elle titillait notre curiosité avec une tambouille musicale détonante, mélangeant cumbia et pop synthétique, références reggaeton et rythmes traditionnels. Un fameux bazar, éprouvé deux ans plus tard sur la scène du Botanique, lors d’un concert mémorable, et qui confirmait alors l’intuition de départ: Lido Pimienta fait partie de ces rares artistes capables d’imposer une identité forte, sans jamais pour autant s’enfermer dans une case.

L’intéressée en fournit une preuve supplémentaire avec son nouvel album, La Belleza. Imaginé pendant le Covid, il ouvre encore une nouvelle piste: entièrement orchestrale cette fois. Non sans ironie, la métisse afro-indigène, fière de ses origines caribéennes, explique avoir ainsi été inspirée par les chœurs grégoriens, les chants des castrats italiens de la Renaissance ou encore la B.O. baroque du film tchèque gothique Valerie and Her Week of Wonders. «Si je propose un album de musique « classique », finirais-je tout de même toujours dans le rayon world music?», s’amuse ainsi la musicienne dans la présentation d’un projet gorgé de cuivres et de cordes rutilantes.

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Epaulée par Owen Pallett –arrangeur surdoué, vu notamment aux côtés d’Arcade Fire, REM, Taylor Swift, etc.–, Pimienta y déplie neuf morceaux somptueux, dont les plus amples rappellent par exemple les emphases déchirantes du Homogenic de Björk. Entre chant collectif (Ahora) et dramaturgie plus intime ((El perdón) Quien Se Levo La Luz), elle cherche et trouve la beauté, que ce soit dans le goût sucré d’une mangue (Mango), ses racines indigènes ou la douceur d’un amour retrouvé. Un tour de force éblouissant. ● L.H.

Distribué par Anti.
La cote de Focus : 4/5

5. Billy Nomates – Metalhorse

Il y a deux ans, Tor Maries, alias Billy Nomates, s’était fait incendier en ligne après sa prestation au festival de Glastonbury. A tel point que la pote de Sleaford Mods (elle chante sur leur morceau Mork n Mindy) et protégée de Geoff Barrow (elle est signé sur son label Invada) avait demandé à la BBC de retirer de ses réseaux les extraits de son concert. Affirmant qu’elle arrêterait de tourner une fois honorées ses dates déjà fixées. Si cette anecdote reflète la virulence des trolls et la méchanceté souvent gratuite du web, elle souligne aussi le décalage d’alors entre la musique de Billy Nomates et des prestations scéniques seule en scène aux allures de karaoké.

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Produit par James Trevascus (RVG, The KVB…) et enregistré du côté de Séville, Metalhorse est le troisième album de l’Anglaise et le premier à avoir été fabriqué avec un groupe au grand complet. Fini le son (post) punk minimaliste à synthé de ses précédents essais. Metalhorse se cabre, ralentit le trot, dessert les dents et scelle ses amours pop. Un disque bien foutu avec des hauts et quelques bas qui s’offre un titre (Dark Horse Friend) avec Hugh Cornwell des Stranglers. ● J.B.

Distribué par Invada/Konkurrent.
La cote de Focus : 3/5

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