Paco de Lucia, guitariste flamenco de légende, est décédé

Le guitariste espagnol de flamenco Paco de Lucia est décédé d'une crise cardiaque à l'âge de 66 ans. © REUTERS/Alonso Gonzales
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Paco de Lucia a rénové le style hiératique de la guitare flamenco, s’associant d’abord au plus grand chanteur du genre, El Camaron, avant de mener une carrière brillante et ouverte à l’international. Il est mort à l’âge de 66 ans.

La première image que l’on retient de Paco de Lucia est celle d’un homme dans sa maison du Yucatan, pointe mexicaine devant la mer des Caraïbes. Un homme qui observe les vagues à l’horizon: peut-être parce qu’elles lui font penser à sa musique, le flamenco dont le rythme doit être répété et nuancé jusqu’à tutoyer l’infini. Paco, c’était cela: reprendre l’ultime symbole culturel de l’Espagne -où il naît à Algeciras le 21 décembre 1947- et l’amener vers d’autres aventures, d’autres défis, d’autres géométries. D’où ce groove éblouissant qui se joue de la technique pour filer vers d’autres paris émotionnels.

Dans une vie-roman puisque dès l’âge tendre de cinq ans, ce fils de guitariste andalou et de mère portugaise, est collé à l’instrument de prédilection du flamenco, la six cordes acoustique, volontiers pratiquée douze heures par jour. On a pu écrire que cette filiation au père rappelait celle de Leopold et Wolfgang Amadeus Mozart, c’est-à-dire l’apprentissage d’un musicien hors-normes, génie musical, qui passe par une forme absolue de connaissance et de travail acharné.

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Paco de Lucia va donc franchir toutes les étapes de l’initiation: comprendre et appliquer les nombreuses gammes et passes d’un genre hyper-codé, puis s’en affranchir. Le premier pas d’importance, est arrêté lorsqu’il s’associe entre 1968 et 1977 à (El) Camaron de la Isla, ébouissant chanteur de flamenco, crevette qui de sa voix fulgurante semble raconter la même histoire que celle de Paco. Une Espagne sanguine et mélodramatique, grandiose et cruelle, qui a la fibre d’autres musiques universelles sans âge, le rock, la samba ou le folk-song.

Inlassablement, de Lucia va ouvrir le flamenco au jazz, au classique, à la bossa, mais sans jamais faire son « Gipsy King », refusant tout folklore, tout exotisme, toute démystification d’une pratique pas loin d’être religieuse par son intensité et sa totale implication. Dès les années 1970, Paco acquiert un statut d’icône, peut-être renforcé par sa discrétion hors-scène, sa répugnance à faire un show qui ne lui serait pas fidèle. Lorsqu’il se produit en compagnie de vedettes anglo-saxonnes telles qu’Al Di Meola, John McLaughlin ou Chick Corea, c’est son toucher virtuose et hautement sentimental qui triomphe. Paco est mort d’une crise cardiaque ce 26 février: pas très étonnant que dans son cas, ce soit le coeur qui ait lâché.

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