Critique | Musique

On était au concert de The Last Dinner Party, au Botanique : believe the hype

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Concert - The Last Dinner Party

Date - 21/02/2024

Salle - Botanique

Critique - L.H.

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Mercredi, au Botanique, The Last Dinner Party a confirmé avec panache la hype entourant son premier album. En une heure à peine, mais avec une belle conviction. Compte-rendu

Nous sommes en 2024 et The Last Dinner Party est peut-être ce qui se rapproche le plus d’une hype. Entendez par là non pas une « sensation TikTok » ou le « groupe entendu sur la dernière série Netflix ». Mais bien un buzz, « à l’ancienne », comme l’Angleterre rock en a produit à la chaîne pendant des décennies, faisant de groupes sortis de nulle part la septième merveille du monde, cover du NME à l’appui.

Il n’a ainsi fallu qu’une paire de singles pour que le groupe londonien, formé en 2021 (et programmél’été prochain à Rock Werchter), voit sa cote grimper en flèche. Résultat : en janvier, The Last Dinner Party remportait, sans grand suspense, le BBC sound of, traditionnel coup de sonde destiné à repérer ceux qui feront l’actualité musicale des prochains mois. Au passage, le Guardian faisait remarquer que c’était la première fois qu’un groupe à guitares était couronné depuis Haim (autre groupe entièrement féminin). C’était en… 2013.

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Evidemment, un tel emballement n’a pas manqué d’éveiller également les soupçons. Logique – même si un girl band doit probablement plus systématiquement y faire face. Sorti il y a un mois, l’album Prelude To Ecstasy renvoyait cependant la balle aux sceptiques. A défaut de spontanéité, The Last Dinner Party emballait en effet leurs chansons avec pas mal de panache, osant notamment orgues baroques, riffs de mandoline, ou intro à la flute.

Fripes victoriennes

Restait le « test » de la scène, là où, comme l’affirme le storytelling de la maisons de disques, tout a commencé. Mercredi soir, au Botanique, The Last Dinner Party débarquait dans une Orangerie ultra sold out, mélangeant quadras intrigués et gen Z portant des couronnes de paquerettes dans les cheveux.

Sur le coup de 21h, le concert démarre comme sur le disque, avec une intro péplumesque. Le groupe a enfilé la garde-robe « victorienne », qui a fait sa marque de fabrique. Un mélange de robes de traveller, de chemises à jabot et de coupes mulets qui, au fond, colle bien avec les élans gothico-baroques de sa musique. En l’occurrence une pop flamboyante, qui n’a pas peur des grands gestes pompiers. Sur disque, ils étaient encore en partie contenus par la production de James Ford. En concert, par contre, le quintet – rejoint à la batterie par Casper Miles, seul élément masculin du band – fait sauter les verrous. Avec des rôles déjà bien distribués.

Abigail Morris est la leader flamboyante, vocalement épatante, complètement décomplexée dans sa manière de déployer ses accents les plus « katebushiens ». Sur Burn Alive, par exemple, balancé d’entrée, elle roule le « r » de « romantic », lève le poing, arpentant la scène de droite à gauche avec autorité. Jamais avare d’une pose conquérante, elle investit The Feminine Urge comme on livre bataille, tendant son bras à la manière d’une pirate, sabre à la main. A gauche, Emily Roberts joue le contraste, tout en sobriété, contenue même quand elle se lance dans un solo de guitare. Sur Beautiful Boy, elle passe à la flute pour un morceau qui maîtrise parfaitement son crescendo, au point de laisser le public sans voix. On est alors au tiers du concert, et The Last Dinner Party a déjà l’Orangerie dans sa poche.

Glam de fond

Complété par Lizzie Mayland, autre point d’accroche solide à la guitare, Aurora Nishevci aux claviers, et Georgia Davies, sosie boudeur de Lady Gaga, à la basse, le groupe joue comme une seule femme, multipliant les harmonies, allumant souvent plusieurs feux à la fois. Rappelant par exemple ici les Sparks (Sinner), ou déclenchant là des pyrotechnies glam. Quitte parfois à se rapprocher des comiques heavy de The Darkness – comme quand Morris, Mayland et Davies se mettent à genoux pour célébrer le solo de Mirror. Mais quand on s’appelle Le dernier dîner, a-t-on vraiment envie de mettre la bride ?

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Avant de partir, après une heure, et sans rappel, le groupe exécute encore son premier single Nothing Matters. Une manière d’enfoncer le clou pour une formation qui sait parfaitement où il va. Mais toujours enthousiaste, qui n’a pas encore été broyé par la « machine », encore heureux et visiblement étonné d’être là. « Être ici, jouer des concerts comme ceux-ci, c’est ce qui compte, bien plus que les nombres de streaming ou les récompenses », précise Morris, rincée, mais tout sourire. Alors, certes, The Last Dinner Party n’a pas vocation à ranimer le fameux « cadavre » du rock. Par contre, il en fait un joli feu de joie autour duquel danser.   

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