Album - Guts
Artiste - Olivia Rodrigo
Genre - POP
Label - Universal
Critique - L.H.
Sur Guts, Olivia Rodrigo carbure aux guitares punk bubblegum et aux grands mélos ado, réconciliant zoomers et boomers. Imparable
Sur all-american bitch, Olivia Rodrigo assure : « I know my age/And I act like it ». De fait, âgée d’à peine 20 ans (depuis février), la chanteuse est bien décidée à jouir de sa jeunesse avant d’être rattrapée par le monde terne des adultes. Ce que confirme Guts, second album bourré d’hymnes rock teenager régressifs. Mais si Olivia Rodrigo a conscience de son âge, elle sait aussi ce que cela implique, le rôle qu’on lui demande de jouer (« I act like it »). A fortiori en tant que fille, qui doit être à la fois « sexy et gentille », et « rester jolie » même quand elle « pleure ».
Une phrase, deux interprétations. Un morceau qui débute avec un arpège folk et qui enchaîne avec un refrain punk-rock. Si la meilleure pop avance toujours en équilibre, sur le fil entre la fulgurance pure et la conscience aigüe d’elle-même, alors all-american bitch est brillant. A l’image du second album d’Olivia Rodrigo.
The biggest lie
Il arrive deux ans après Sour. En 2021, emmené par la power ballad drivers license -, il consacrait instantanément l’ex-actrice Disney (High School Musical) en nouvelle pop star de la Gen Z. Un peu à la manière de Billie Eilish. Le côté « gothique » et les texture électroniques en moins. Avec ses guitares « bombastic », Olivia Rodrigo ravive une esthétique rock que sa génération ne semblait plus goûter qu’à la marge. Tout en parlant aux adultes quadras (leurs parents, en gros) qui ont grandi avec Green Day, les White Stripes, les Breeders (qui feront d’ailleurs sa première partie l’an prochain) ou encore Blink 182, Avril Lavigne, etc. Bien vu.
Sur Guts, produit à nouveau avec Dan Nigro, la formule est confirmée avec brio. « Got what you can’t resist », grince Rodrigo, toujours dans all-american bitch. Et de fait, à bien des égards, Guts est imparable. A l’image de ses deux premiers singles. Sur vampire, l’Américaine démarre par murmurer son dépit amoureux au piano, avant de cavaler, martelant son clavier dans un crescendo pop, à la manière d’Arcade Fire période Funeral. De son côté, avec sa morgue amusée et ses guitares ridiculement catchy, bad idea, right ? est probablement le tube pop à guitares le plus jouissif, drôle, et fun, que vous entendrez cette année.
Bulle de savon
Ces deux cartouches sont loin d’être les deux seules de l’album. Certes, Rodrigo a encore tendance à enquiller les ballades, creusant souvent la même tranchée (celle ouverte par drivers license). Mais passé cet écueil, Guts remplit parfaitement le cahier des charges du blockbuster rock US – du refrain entêtant de ballad of a homeschooled girl à la basse new wave, rappelant New Order, de pretty isn’t pretty. Sur teenage dream, en toute fin, Olivia Rodrigo a bien conscience que la bulle de savon pop n’a qu’un temps – quelque part, elle aspire même à ce qu’elle éclate (« When am I gonna stop being great for my age and just start being good »). En attendant, elle entend bien en profiter.
En concert le 22/05/2024, au Sportpaleis d’Anvers
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