Nicola Testa, en toute intimité

Nicola Testa, ici sur la scène des Octaves de la Musique en 2016. © BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Discret ces derniers temps, le Bruxellois revient sur scène, en proposant des concerts en tête à tête, « 1 to 1 ». Prochaines sessions ce samedi aux Nuits Bota.

« We are vulnerable« , chantait Nicola Testa sur son tube Rainbow. Cinq ans plus tard, c’est précisément la voie qu’il a choisie pour présenter quelques-unes de ces nouvelles chansons: en toute intimité, et vulnérabilité. Avec sa formule baptisée 1 to 1, il propose une mini-session piano solo d’une dizaine de minutes, et ce pour un seul spectateur à la fois (en vérité, deux maximum). L’occasion d’un moment unique et d’une vraie rencontre, insiste le chanteur/auteur/compositeur. Il inaugurait la formule dimanche dernier, pendant les Nuits Botanique. Premières impressions.

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Comment est née l’idée de cette série de concerts en 1 to 1?

Elle est née pendant le confinement, et s’est concrétisée dès qu’on en est sorti. Cela part d’une envie de recréer du contact et susciter de vraies rencontres autour de la musique. J’en ai discuté autour de moi. Vu les conditions compliquées, on a commencé à bosser sérieusement le concept. C’était aussi une façon de reprendre possession de mon métier, et de combler un manque: celui d’un rendez-vous particulier, d’un partage direct d’une émotion. En gros, j’avais besoin de retrouver le désir de faire des choses. Cela implique de trouver un moyen de ne pas refaire ce qu’on a déjà fait, ou en tout cas pas de la même manière. Comme chanter en français, partir sur d’autres types de production, etc. Ou comme ici, imaginer une nouvelle manière d’être sur scène. C’est un vrai challenge, très humain en même temps. Parfois, dans les salles, vous cherchez l’humain…

Passé les conditions sanitaires du moment, on pourrait trouver étonnant de ne pas vouloir davantage retrouver l’énergie collective d’un concert en pleine salle, non?

Oui, je comprends. Mais la masse n’a pas d’histoire à raconter. Ce qui me plaît depuis que j’ai démarré la formule, c’est que chacun vient avec une histoire. Qui rentre en dialogue avec celles que moi-même je propose. C’est vraiment un échange. J’ai bien conscience que la formule n’est pas évidente, ou qu’elle peut faire peur. Aux programmateurs – même si le Botanique s’est directement montré enthousiaste – comme au public. Cela peut être déconcertant. Mais je pense que la proposition a du sens. Parce que ce qui m’intéresse, dans la musique mais aussi dans la vie en général, c’est cela: établir des liens, créer un échange, un moment très simple et direct. Je me rends bien compte que cela va à l’encontre de ce que l’on demande à un musicien aujourd’hui: faire du nombre, du chiffre, du clic… Ce n’est pas très rentable. Mais s’il y a bien quelque chose qui ne doit pas l’être, c’est bien la culture, non? De toute façon, c’est compliqué pour tout le monde aujourd’hui…

Une première session a eu lieu dimanche dernier. Comment s’est-elle déroulée?

Le principe est donc de se retrouver seuls, la personne et moi, face à face dans la salle de la Rotonde. Bon, on ne voulait pas non plus que ce soit un frein, et on a accepté que les gens puissent venir à deux personnes, mais c’est le maximum. Je demande aussi de ne prendre ni film, ni photo. J’avais envie d’un moment préservé, unique, et qu’on laisse dehors tous les écrans, et autres réseaux sociaux, qui poussent trop souvent à être quelqu’un que l’on n’est pas. À partir de là, certains sont venus en voulant entendre une chanson en particulier, d’autres en demandant au contraire à être surpris. J’ai même joué pour des spectateurs qui ne me connaissaient pas du tout et qui trouvaient la formule intrigante.

Comment se prépare-t-on à ce genre d’exercice sans fil?

J’ai beaucoup réfléchi à différents scénarios possibles. Et puis à la dernière minute, j’ai décidé de tout oublier et de laisser arriver ce qui doit arriver. Il y a d’abord ce moment étrange où vous êtes vraiment tout seul, entre deux sessions. Vous vous demandez un peu ce que vous faites là. Et puis dès que le spectateur ou la spectatrice rentre, tout coule de source. J’avais juste prévu l’ouverture, le premier concert, où je savais que j’allais démarrer avec un nouveau morceau. Je me suis tenu à ça – on a tous nos petites superstitions. Et j’ai bien fait parce que j’ai été un peu pris par surprise, je ne m’attendais pas aux émotions, aux regards. Il fallait pouvoir gérer ça. Je ne l’avais pas prévu. Ou en tout cas pas comme ça, avec un véritable échange et un équilibre qui se crée…

Nicola Testa, en concert 1 to 1, ce samedi 10 octobre aux Nuits Botanique. www.botanique.be

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