Critique | Musique

Neneh Cherry – The Cherry Thing

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

POP | Neneh Cherry est de retour! Éternelle punk déguisée en icône pop, elle s’acoquine avec le trio The Thing pour sortir un album de covers explosées au free jazz.

NENEH CHERRY & THE THING, THE CHERRY THING, DISTRIBUÉ PAR SMALLTOWN SUPERSOUND/KONKURRENT. ****

Et un disque de reprises de plus, un! A chaque semaine, son lot de relectures plus ou moins avisées. Pour une fois cependant, place à du costaud, de l’inattendu. Un album qui déborde et explose de partout. Aux commandes, une tête connue. Une tête brûlée aussi: essayez seulement de suivre l’itinéraire de Neneh Cherry. Bien sûr, il y a le tube Buffalo Stance, premier carton dance-hip hop conscient, daté de 1988. Plus massif encore, le Seven Seconds chanté avec Youssou ‘N Dour a fait le tour du monde en 94. Mais déjà avant ça, Cherry avait filé des coups de main comme choriste à ses copines punks des Slits, sorti un premier single solo contre la guerre des Malouines, traîné avec la bande de Bristol de laquelle sortiront Massive Attack, Tricky… Plus récemment, alors qu’on la croyait rangée, elle est réapparue à la faveur d’un disque conçu en famille, sous le nom de cirKus (Neneh, sa fille, son mari). Avec The Cherry Thing, Neneh continue en quelque sorte de creuser le sillon familial: ici, c’est en effet l’ombre de son beau-père, le trompettiste jazz Don Cherry, qui est omniprésente.

Cerise sauvage

Pour ce qui a l’air d’avoir été conçu initialement comme une récréation, Neneh Cherry s’est en effet alliée avec The Thing. Le groupe free jazz scandinave n’a pas choisi son nom par hasard: il est un hommage direct à Don Cherry, reprenant le titre de l’un de ses morceaux. Le trio formé par Mats Gustafsson, Ingebrigt Haker Flaten et Paal Nilssen-Love a d’ailleurs débuté en jouant uniquement des titres du trompettiste free, avant de bosser par exemple avec Thurston Moore (Sonic Youth), Jim O’ Rourke…

Ici, The Thing doit composer avec une chanteuse et cadenasser ses élans free en conséquence. Quoique. The Cherry Thing fonctionne encore en grande partie sur les débordements bruitistes, insufflant une énergie nouvelle aux morceaux repris, de MF Doom (le sublime Accordion) aux Stooges (Dirt) en passant par une compo du père Don (Golden Heart). De son côté, Neneh Cherry s’y glisse avec ce mélange de sensualité et d’autorité qu’on lui connaît, mais qui n’a peut-être jamais aussi bien fonctionné. La relecture du Dream Baby Dream de Suicide en est le meilleur exemple, ballade plus « velvétienne » que jamais que vient incendier un saxophone vrombissant. Du coup, The Cherry Thing a beau n’être constitué que de reprises, il se révèle passionnant de bout en bout, balançant une énergie que certains disques originaux doivent lui envier.

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