Album - Most Normal
Artiste - Gilla Band
Genre - Rock
Label - Rough Trade
“Most Normal”
Il y a dix ans, avant que Fontaines D.C., The Murder Capital et l’exilée Sinead O’Brien replacent l’Irlande sur la carte du rock indépendant, il y avait Girl Band. Un groupe de Dublin pas comme les autres. Bruitiste, suffocant, jusqu’au-boutiste. La bande-son d’un monde qui, on le sentait déjà, allait partir en lambeaux. Girl Band s’était d’abord manifesté avec la lugubre et intense reprise d’un tube techno: le Why They Hide Their Bodies under My Garage de Blawan. Puis avait signé un premier album bluffant (Holding Hands with Jamie) qu’il n’avait totalement pu défendre, miné par les problèmes de santé mentale rencontrés par son chanteur Dara Kiely. Quatre longues années plus tard, le quatuor revenait avec The Talkies, un disque sans aucun pronom, entièrement écrit dans une seule tonalité, inspiré par le What’s Goin On de Marvin Gaye. Revoilà donc Girl Band. Ou plutôt doit-on écrire le Gilla Band, puisque le groupe dublinois a changé de nom histoire de dissiper tout malentendu et de “mettre fin à tout rôle malheureux joué dans la propagation d’une culture de non inclusivité”. Ces quatre-là sont aussi justes et humains dans leur relation au monde que leur musique est dure, noire et violente. “I spent all my money on shit clothes” (“j’ai dépensé tout mon argent dans des vêtements de merde”), martèle Kiely sur Eight Fivers, premier titre issu de l’album. Most Normal est un disque d’apocalypse. Une exploration viscérale des possibles du bruit. Une quarantaine dans une chambre capitonnée. Un escape game dans un monde désespéré dont on ne sort que libérés. Ambiances industrielles (celles d’une société qui s’effondre), chant à bout de souffle… Most Normal est l’un des albums les plus suffocants de l’année. La claustrophobie incarnée.
Lire aussi | Toutes nos critiques musique
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici