Molly Burch, portrait d’une belle alternative à la trop fabriquée Lana Del Rey

"Beaucoup de maisons de disques reçoivent un tas de sollicitations et c'est intimidant. Ça ne te donne pas envie de leur envoyer ta musique." © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Crooneuse californienne née dans une famille de cinéma, Molly Burch sort un deuxième album impeccable, First Flower, qui cultive son charme suranné.

La première fois qu’on a croisé Molly Burch, c’était à la Maison des Musiques il y a un an et demi. La Californienne, girl next door qui se transforme sur scène pour les uns ou simplement fille mystérieuse pour les autres, y défendait son premier album, Please Be Mine. Un disque de rupture qui ne l’était pas vraiment puisque elle s’était rabibochée avec son petit ami et qu’il était même avec elle, en tandem, pour interpréter ses morceaux. Ce soir-là, les tourtereaux avaient connu les pires misères du monde à récupérer leur véhicule (on les connaît ces parkings payants qui ferment la nuit) mais Molly et Dailey Toliver filent encore et toujours aujourd’hui le parfait amour. Burch a sorti un deuxième album, First Flower, et Dailey qui y a contribué figure même sur la pochette…

Née en 1990 à Los Angeles, Molly a grandi du côté de Santa Monica. Puis a un temps vécu à West Hollywood. « J’étais une enfant timide, extrêmement réservée, guère sociable et pas sûre d’elle. Quand j’ai commencé à chanter, c’était en imitant des pop stars pour ma soeur et mes amis. Attirer leur attention et les faire rire un peu. Je m’attaquais à Britney Spears, Christina Aguilera, Jessica Simpson… »

Chez les Burch, famille de cinéma, on aime jouer la comédie. Le père, Curtis, est auteur et producteur. La mère, Jackie, directrice de casting. « Ma maman a travaillé sur pas mal de films des années 80. Notamment The Breakfast Club, Un Prince à New York , les premiers Die Hard… Mon père a, lui, longtemps bossé avec James Cameron. Mais il a depuis créé sa boîte de production. J’ai grandi dans une maison où on matait des films en permanence. Pas de radio. La télé. Tout le temps. Contrairement à beaucoup d’autres enfants, on ne m’a d’ailleurs jamais interdit de la regarder. »

Heureusement, pour lui montrer la voie, il y aura les comédies musicales. Patsy Cline, Billie Holiday, Nina Simone, Lauryn Hill… « Je ne voulais pas être une actrice mais j’ai grandi dans cet environnement. Avec des parents qui ont rencontré le succès dans le monde de la création. C’est inspirant. »

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À 17 ans, Molly passe une année à New York dans une école de musique, termine ses études, un major en jazz, à Asheville en Caroline du Nord et, dans la foulée, part s’installer à Austin. « Ça me semblait être une chouette aventure comparé à un retour à Los Angeles. Je voulais me débrouiller toute seule. Ce n’est pas une trop grande ville non plus. Puis, il y avait aussi sa fourmillante scène musicale. »

C’est là, dans cet îlot démocrate du Texas, « the live music capital of the world » où se déroule chaque année le plus grand festival du monde (South by Southwest), que la jeune femme écrit en 2013 ses premières chansons. « Je ne m’en suis longtemps pas sentie capable. Je me disais: j’ai une chouette voix mais il faut que je trouve quelqu’un qui se charge de ça pour moi. Ce que je n’ai jamais vraiment trouvé. Là, j’étais toute seule. C’est arrivé par nécessité. Le changement n’est jamais facile. Il y avait quelque chose de drastique. Je m’étais séparée de Dailey à l’époque. Ça rendait sans doute la transition plus aisée. »

Le calme pendant la tempête

Deux ans, un tas de petits boulots (baby-sitter, serveuse) et de longues journées (« de six heures du matin à sept heures du soir ») plus tard, le couple renaît de ses cendres et enregistre Please Be Mine. Un premier album à l’ambiance surannée où le timbre de Molly fait des merveilles. Particulièrement ses accents de crooneuse. « Lorsque j’ai découvert Billie Holiday, je suis tombée amoureuse des voix féminines et je me suis dit que je pourrais moi aussi trouver cette profondeur. Quand j’étais en secondaire, je me voyais plus pop. À l’université, plus jazzy. En même temps, j’ai toujours aimé combiner les approches. »

Please Be Mine était d’ailleurs plus qu’un disque de séparation… « Je comprends pourquoi il peut être perçu comme ça mais ce n’est pas qu’un disque de rupture. Il parle aussi de réconciliation. De moi qui désire renouer… Je ne pensais pas que Dailey et moi ferions de la musique ensemble. On se disputait tout le temps. On ne pouvait pas collaborer. Mais après s’être séparés, j’ai écrit ces chansons à son sujet. Il m’a rejointe. C’était à la fois étrange et confortable… »

Les chansons de son successeur First Flower parlent d’amitiés brisées, de l’amour que la Californienne porte à sa soeur, de comment elle a appris à vaincre l’anxiété… Elles ont été écrites à la maison, alors que dehors se fâchait l’ouragan Harvey. « Nous n’étions pas en danger mais il pleuvait tellement qu’on était assignés à résidence… Ça a forcé les choses. Le premier album avait été composé à mon aise au fil des années. Là, j’étais un peu angoissée par la nécessité. Puis, j’ai dû apprendre à être la cheffe. J’ai changé de musiciens. Ce qui a rendu difficile certaines amitiés… C’est dur de virer tes potes en te disant que c’est une bonne chose pour toi et ta musique. »

Le 30/11 au Trefpunt (Gand).

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Molly Burch – « First Flower » ****

Distribué par Captured Tracks/Konkurrent.

« Cet album est dédicacé à tous ceux qui ont un jour expérimenté l’anxiété et douté d’eux-mêmes. J’espère que ça vous remonte le moral », glisse Molly Burch dans les crédits de sa deuxième livraison. Enregistré à Austin avec Erik Wofford, First Flower est un cocon. Un disque aux couleurs sépia. La B.O. du bal de promo. Un film hollywoodien dont l’héroïne vous chanterait droit dans les yeux avec un timbre d’une formidable douceur, l’aspect flottant d’une Hope Sandoval et des petites intonations (à la Elvis) de crooner. Molly Burch donc ou une belle alternative, sorte d’Angel Olsen en mode apaisé, à la trop fabriquée Lana Del Rey.

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