Lovage: disque cinématographique de Timber Timbre

© victoria backzynska

Timber Timbre réveille les fantômes de Leonard Cohen, Pino Daniele et Paolo Conte sur un disque habité, cinématographique à souhait.

Timber Timbre ****1/2 – Lovage

D’abord annoncé au printemps, au moment où les jardins fleurissent et où les plantes bourgeonnent, le nouvel album de Timber Timbre voit seulement le jour en cette période de chute des feuilles. Fallait-il y voir un signe? Le disque s’était d’abord dévoilé sans trop en montrer, avec deux singles rendus disponibles à l’écoute pendant quelques heures seulement avant que Ask the Community et Sugar Land (un hommage à son défunt père) débarquent de manière plus traditionnelle sur les plateformes. “Do you wanna see a dead body? Don’t you wanna see a dead body? Ask the community.Lovage s’ouvre sur des pensées macabres. Le formidable et incroyable univers de Taylor Kirk a toujours été plus proche des derniers souffles et des funérailles que des baptêmes et des fancy fair… Et puis, ça ne s’invente pas, Lovage a été enregistré au Québec en étroite collaboration avec Michael Dubue au Studio Cimetière.

Le groupe canadien créé en 2005 à Brooklin, dans l’Ontario, et révélé en 2009 par l’album Timber Timbre sorti par le label indépendant Out Of This Spark et Arts & Crafts (Broken Social Scene, Feist, Jason Collett…), avant d’être exporté par Full Time Hobby, a immédiatement imposé un univers sombre, gothique, classe et mystérieux dont il ne s’est jamais départi.

Depuis 2017 et Sincerely, Future Pollution, un disque de crooner et de science-fiction qui s’offrait une petite percée électronique et un brin d’optimisme, Taylor Kirk s’était fait relativement discret. Il s’était adonné à la production, avait épaulé Joseph Martone et This Lonesome Paradise. Timber Timbre avait aussi discrètement publié deux EP sur cassettes. I Am Coming to Paris (“to kill you”, précisait la chanson éponyme) et Dissociation Tapes, Volume 1.

© National

En 2019, après avoir passé quelques années au Québec et au Texas, Kirk est retourné vivre en Ontario. Là où il avait grandi et s’était promis de ne jamais retourner. La chanson Holy Motors est d’ailleurs un hommage à cet endroit qu’il aime et déteste, qu’il aime tant détester et où il est content, à cause du confinement, d’avoir été piégé. Pour Lovage (oui comme le nom du projet de Dan the Automator avec Mike Patton et Jennifer Charles), il reconnaît l’influence de Brian Wilson et de Leonard Cohen. De Sun Ra, de Dorothy Ashby et d’Alice Coltrane. Mais aussi de chanteurs italiens comme Pino Daniele et Paolo Conte. Si Timber Timbre s’est toujours distingué par ses ambiances de recueillement, il s’est aussi constamment fait remarquer par ses humeurs cinématographiques. Mystery Street pourrait être la bande originale des Brigades du Tigre. Confessions of Dr. Woo (toi aussi t’entends des chabadabada?) fait davantage penser à un Truffaut qu’à un James Bond. Une nouvelle petite merveille…

Distribué par Two Gentlemen/Pias. Le 12/11 au Sonic City (Courtrai).

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