Little Simz, Odezenne, Vincent Delerm, Six and Seven, Foxwarren : qu’est-ce qu’on écoute cette semaine?

Little Simz sort Lotus et continue d’étendre son univers musical bien au-delà du rap
FocusVif.be Rédaction en ligne

Parmi les sorties de la semaine, zoom notamment sur la rappeuse britannique Little Simz, le retour de la bromance Odezenne, un nouveau Vincent Delerm, les aventures d’Emmanuel Tellier ou celles d’Andy Shauf

1. Little Simz – Lotus

Si elle fait aujourd’hui partie des têtes d’affiche du rap made in UK, Little Simz a toujours fait preuve de méfiance envers l’industrie musicale. Il est vrai qu’elle ne lui a jamais vraiment facilité la tâche. La Londonienne a dû, par exemple, attendre son quatrième album, Sometimes I Might Be Introvert, en 2021, pour remporter un Mercury Prize et recevoir l’attention qu’elle méritait.

A ses côtés, le producteur Inflo –alias Dean Cover, également cerveau du collectif Sault– a joué un grand rôle dans cette indépendance musicale. Alors, comment réagir quand même votre meilleur allié vous met des bâtons dans les roues? En janvier dernier, Little Simz déposait plainte contre son ancien ami, pour dettes impayées (la rappeuse a notamment prêté un million de livres pour financer l’unique concert happening de Sault, en 2023).  

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Sur son nouvel album, elle l’évoque d’emblée avec Thief, titre énervé qui sort les guitares quasi punk. «This person I’ve known my whole life/Coming like a devil in disguise», lâche-t-elle. Le morceau ne donne pas pour autant le ton de l’album. Alors que Simz aurait pu, par exemple, se replier sur elle-même, elle sort au contraire l’un de ses disques les plus collectifs, rassemblant une foule d’invités –pas de Coldplay (avec lequel elle a commis le tube We Pray), mais bien Sampha, Michael Kiwanuka, Yussef Dayes, etc. Avec son titre faisant référence à «l’une des seules fleurs capables de pousser dans des eaux marécageuses», ce sixième album continue surtout de creuser différentes pistes musicales. Little Simz reste en effet rarement longtemps en place, toujours aussi habile pour passer par exemple d’un morceau funk-rock (Young) à un groove plus soul, comme sur Free, où elle chante: «I think that love is everything that we need in this world.» L’amour, envers et contre tout. ● L.H.

Distribué par Awal/V2. Le 27 juin, à Couleur Café, à Bruxelles.
La cote de Focus : 4/5

2. Odezenne – Doula (des couloirs, des portières)

Il y a tout juste dix ans, Odezenne frôlait le crash. Au bord de l’implosion, perdu musicalement, le trio de potes sortait alors ­Dolziger str. 2, un disque qui allait non seulement relancer l’entité, mais aussi lui permettre de mieux cerner son identité. Et dans la foulée, d’élargir toujours plus son public –en toute indépendance, sans le soutien d’une grosse major, ni de gros médias, mais avec une opiniâtreté et un enthousiasme contagieux. Suivront Au Baccara en 2018, et le bouleversant 1.200 mètres en tout, en 2022, chef-d’œuvre écorché, réussissant à mêler traumas personnels et angoisses générationnelles.

Après un double live et une parenthèse acoustique (Unplugged en 2023), Alix, Jaco et Mattia ont pu (un peu) lever le pied et regarder dans le rétro pour constater le boulot accompli. Celui d’une embarcation à part sur la scène française, capable désormais de naviguer en totale autarcie. Toujours installé à Bordeaux, Odezenne remet aujourd’hui l’ouvrage sur le métier avec Doula. Sous-titré Des couloirs, des portières, ce nouvel album célèbre plus que jamais une forme de joyeux désenchantement. Une sorte de douce-amertume qui noie les échecs (amoureux, collectifs) dans des mélodies supérieures, défiant crânement tout fatalisme.

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Il confirme surtout le goût du groupe pour les cascades et les dérapages contrôlés, entre synthés new wave et boîte à rythmes vintage (Houston, Gadoue), ironie mordante (Aie aie aie) et naïveté désarmante (E.R.E), mélodies crève-cœur (Mary Go Round) et bastos pour danser pop (Hey Joe, zieutant Jacno). Avec toujours cette poésie un peu borderline, entre écriture automatique («Je ferais des love mes diez et bla-bla-bla/ Salade de fruits et surtout l’ananas/Dans la bre-cham, on traîne en pyjama/Apesanteur, on baise, on se Nasa», sur Aïe aïe aïe) et sentences candides. Certes, le terrain est désormais balisé (Pourboire en écho à Nucléaire). Mais cela n’empêche pas Odezenne de continuer à toucher juste avec une chanson indé à fleur de peau, qui comblera les fans, sans jamais fermer les portes aux éventuels nouveaux venus. ● L.H.

Distribué par Universeul. Le 6 novembre à l’OM, à Liège, et le 12 novembre à la Madeleine, à Bruxelles.
La cote de Focus : 4/5

3. Foxwarren – 2

C’est l’histoire de quatre amis d’enfance. Celle de deux potes d’école dans un village paumé du Canada et de deux frangins dont ils ont fait la connaissance grâce à un call centre. C’est aussi évidemment l’histoire d’Andy Shauf.

Fils chevelu de chrétiens évangéliques qui tenaient une boutique de matériel électronique et d’instruments de musique, Andy a appris à jouer sur les invendus. Shauf. Un timbre de velours, une voix à tomber et l’un des trésors les mieux cachés de la pop indé. Disséminés aux quatre coins du pays, les membres de son vieux groupe Foxwarren ont enregistré chacun dans leur coin des fragments musicaux que le multi instrumentiste s’est chargé d’assembler dans un collage sonore qui fait de l’effet. 2 (ça manque un peu d’inspiration, Mac DeMarco avait déjà fait le coup) est un disque peuplé de personnages en pleine errance existentielle et d’âmes en quête de repères. Délicieux.

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Distribué par Anti.
La cote de Focus : 4/5

4. Vincent Delerm – La fresque

Cela fait plus de 20 ans maintenant que Vincent Delerm sème la bonne parole du  «delermisme» –cette chanson post-Souchon mâtinée de spleen à la Truffaut. Avec souvent, selon ses détracteurs, un goût prononcé pour le name dropping. Il faudrait cependant être de mauvais compte pour ne pas voir que le procédé a toujours moins consisté en l’étalage vaniteux de références qu’en une manière de créer du lien. Illustration avec La Fresque, huitième album qui, jusque dans sa pochette, entend célébrer le collectif.

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Certes, Vincent Delerm reste bien au centre du propos, ne s’écartant que rarement d’une chanson sensible aux larges orchestrations (l’exception D’autres vies que la tienne et ses arpèges à la Vampire Weekend). Mais en convoquant autour de lui toute une série de voix (littéralement, sur L’Armée des ombres fragiles, avec, entre autres, Raphaël, Béatrice Dalle ou le Belge Nicolas Michaux) et de fantômes (La Vie la Mort l’Amour). ● L.H.

Distribué par Tôt ou Tard/Pias. Le 22 janvier 2026 au Cirque royal, Bruxelles.
La cote de Focus : 3/5

5. Six and Seven – Here Comes the Man with the Gun

Petite merveille quasiment passée inaperçue que cet album pop français chanté en anglais par Emmanuel Tellier. Le bonhomme n’est pas un inconnu des services mélomanes et des fans de musique francophones. Né en 1967 à Montmorency dans le Val-d’Oise, Tellier a été pendant une dizaine d’années journaliste musical aux Inrockuptibles, un invité régulier de Bernard Lenoir sur France Inter mais aussi le boss culture, puis le rédacteur en chef de Télérama.

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A ses heures perdues, Tellier a toujours fait de la musique. Que ce soit au sein de Chelsea, Melville ou 49 Swimming Pools. Après avoir sorti sous son nom la B.O. de son documentaire La Disparition d’Everett Ruess (2019) et le disque de musique instrumentale American Landscapes (2021), ce brillant touche-à-tout aujourd’hui en charge des pages culture de Marianne signe un album de haut vol avec Antoine Chaperon sous le blase de Six and Seven. Here Comes the Man with the Gun rend hommage au leader tourmenté de Love (Arthur Lee), évoque Luke Haines et ses Auteurs et rappelle au bon souvenir de Syd Matters. Sans doute le dernier groupe hexagonal à avoir troussé d’aussi jolies pop songs anglo-saxonnes… ● J.B.

Distribué par December Square.
La cote de Focus : 4/5

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