Les trois raisons du succès de Couleur Café

Le légendaire Orchestra Baobab, sur la Green Stage de Couleur Café © Couleur Café
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Malgré un week-end ultra-chargé , et une bonne partie du public jeune encore en examens (coucou le nouveau calendrier scolaire), Couleur Café a affiché sold out. Explications d’un succès qui ne se dément pas.

Couleur Café peut être content. En attirant quelque 70 000 personnes en trois jours, au Heysel, il a à nouveau réussi son pari. Et ce dans un contexte pas évident. Concurrence de plusieurs événements d’un côté (Fête de la musique, Harry Styles à Werchter, Live /s Live…). Nouveau calendrier scolaire de l’autre, décalant la fin des examens. Le vénérable festival avait de quoi trembler. Le public a pourtant répondu présent. Bien sûr, tout n’a pas été parfait – des problèmes de son, ici et là ; ou une nouvelle scène Fox parfois trop petite pour certains groupes. Mais dans l’ensemble, l’événement a tenu ses promesses. A quoi tient la réussite d’un festival ? Aux artistes ? A l’ambiance ? A la météo ? En l’occurrence, l’édition 2023 a été béni des dieux, ayant baigné tout le week-end dans un grand et large soleil. Mais ce n’est pas tout…

1. Un lieu

C’est presque bateau de l’écrire, tant on a pu le répéter au fil des années. Mais une fois encore, force est de constater que l’on trouve à Couleur Café ce petit truc en plus, derrière lequel courent la plupart des festivals : une ambiance à part, un caractère singulier. Cela tient souvent au lieu. En l’occurrence, Couleur Café a déniché au Parc d’Osseghem le terrain de jeu idéal pour se renouveler tout en respectant son ADN historique. A côté des cinq scènes officielles – Red, Green, Black, Fox et Dub corner -, on tombe sur la rue du Bien Manger, les fanfares décalées, un skate park ou un bar secret planqué dans les sous-bois. De quoi habiter un lieu et animer un festival. Sans grands effets technologiques tapageurs, mais avec toujours pas mal de justesse.   

 2. Une ligne éditoriale, et des fidélités

Refusant de participer à l’explosion des cachets d’artiste, Couleur Café n’est plus vraiment équipé pour accueillir de toutes grosses cartouches internationales. Malgré cela, le festival a réussi à monter une affiche audacieuse, avec de la gueule et du caractère. Où il est à nouveau question de maintenir les fondamentaux – les légendes sénégalaises d’Orchestra Baobab, le nombre important d’artistes reggae -, tout en s’accrochant à l’époque – la place du rap, de l’afro pop et même du jazz. Surtout, Couleur Café a su créer des fidélités. Le festival a notamment participé à l’éclosion d’artistes devenus aujourd’hui têtes d’affiche. On pense à Roméo Elvis (dès 2016), Coely (depuis 2013), ou encore la bande à Stikstof (le carton de Jazz Brak, samedi après-midi sur la scène Fox).

3. Un public

Le public de Couleur Café est-il le meilleur de Belgique? Il est en tout cas l’un des plus mélangés, métissés et familial (les kids rentrent gratuitement jusque 11 ans). Mais surtout, il est engagé. Voire enragé. Est-ce parce qu’il est un des premiers gros festivals de la saison ? Le fait est qu’à Couleur Café, le spectateur a la dalle. Et semble prêt à tout tester, tout essayer, tout danser. Même sur les propositions parfois plus pointues ou risquées, il a répondu présent. Comme quand, dès vendredi, il a suivi les yeux fermés le jazz alambiqué de Thundercat. Ce public, au fond, c’est le vrai trésor de Couleur Café. Tant que le festival réussira à le choyer et le combler, il pourra dormir l’esprit tranquille.  

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content