Critique | Musique

Les adieux d’Elton à Anvers: compte-rendu d’un concert 4 étoiles

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© Belga Images
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Concert - Elton John

Date - 28/05

Salle - Sportpaleis, Anvers

Critique - L.H.

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

De passage au Sportpaleis d’Anvers, pour deux concerts sold out, Elton John a soigné sa sortie de scène, avec un concert musicalement haut en couleurs

Dimanche soir, Elton John l’a une nouvelle fois assuré : son concert au Sportpaleis anversois était bel et bien son dernier sur le sol belge. Le dernier d’une ultime tournée, baptisée Farewell Yellow Brick Road. A 76 ans, Sir Elton John a en effet décidé de raccrocher définitivement. Le Covid, et des soucis de santé (une blessure à la hanche) ont bien failli le priver de ces adieux. Les deux dates belges ont d’ailleurs été reportées plusieurs fois. Finalement, la superstar anglaise était bien présente ce week-end. En toute grande forme.

C’est qu’Elton John a tenu à bien faire les choses. Comment soigner sa sortie de scène, et laisser le meilleur des souvenirs ?  En chantant évidemment les tubes que tout le monde attend – cela tombe bien, le chanteur anglais en a à la pelle. Mais aussi en revenant à ce qu’il fait de mieux. Le sirop pop des années 80-90 est ainsi quasiment intégralement zappé pour se concentrer essentiellement sur la décennie 70. Celle des chefs-d’œuvre, dont le Goodbye Yellow Brick Road, qui a donné son nom à la tournée.

Vieux briscards

Sur le coup de 19h30, tapantes, Elton John entame Bennie & The Jets, tiré précisément de l’album en question. Veston noir, col pelle à tarte, il porte ses lunettes à montures roses. Et dans ses verres, se reflètent les touches du piano, qu’il ne quittera que pour saluer et haranguer son public. A ses côtés, un band de vieux briscards (guitare, basse, claviers, batterie, percussion) à peine moins âgé que lui. A la batterie, Nigel Olsson, 74 ans, est présent aux côtés de la star depuis le début des seventies. Derrière lui, Ray Cooper a joué avec tout le gratin du rock. Derrière sa dégaine – crâne rasé, petites lunettes noires, sourire hilare, comme tout droit sorti d’un épisode de Benny Hill -, le percussionniste de 75 ans, a l’énergie d’un gamin de 20 qui part pour la première fois sur la route.

Le temps de chauffer un peu la machine, et le concert va ainsi très vite se débarrasser de sa patine vintage pour véritablement décoller. Par exemple, avec… Rocket Man. Tube éternel, il a droit à une version rallongée, qui pointe le nez dans les étoiles, avant de redescendre sur Terre, sous la forme d’un boogie blues endiablé. Derrière, Levon, tiré de Madman Accross The Water (1971), voit les papys flingueurs monter encore un peu plus dans les tours. Au bout de la cavalcade, Elton John s’effondre sur son piano, haletant. A ses côtés, ses musiciens ont le sourire goguenard. Comme ravis d’avoir jouer un bon tour à ceux qui auraient éventuellement cru assister à une cérémonie d’adieu pépère.      

Comme à la parade

Bien sûr, plus personne ne donne des show pareils. Mais pour autant, jamais le concert n’a eu l’air de ronronner. Derrière, sur l’écran géant, défilent des bouts de clips, des photos « martinparresques » (sur I Guess That’s Why They Call It The Blues), des images d’archives. Mais le plus souvent, c’est bien sur les musiciens que s’attardent les caméras…

Dans la dernière ligne droite, le défilé de hits s’intensifie – Sorry Seems To Be The Hardest Word, Don’t Let The Sun Go Down On Me, The Bitch Is Back, I’m Still Standing, enchaînés comme à la parade. Ce sont aussi ceux qui ont permis à Elton John de devenir une icône de la pop culture. C’est d’ailleurs elle qui ressort le plus en fin de concert. C’est aussi elle qu’est venu voir un public très intergénérationnel.

A cet égard, Elton John a beau ne plus avoir sorti d’œuvre vraiment marquante depuis 40 ans, son aura reste plus éclatante que jamais. Parce qu’il y a eu sans doute le biopic et une autobiographie, parmi les plus drôles et touchantes que l’on ait lues. Il a pu aussi compter sur sa capacité à se raccrocher malgré tout à chaque fois à l’époque. En rappel, avant Your Song, et Goodbye Yellow Brick Road, il reprend par exemple Cold Heart, dans sa version 2022, remixée avec Dua Lipa. Une coquetterie jeuniste qu’on lui pardonne facilement. Surtout après un concert aussi pétaradant.  

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