Le Ronquières festival se donne de l’air
Après l’édition secouée de l’an dernier, le Ronquières festival a retrouvé une certaine sérénité lors de sa première journée.
Quelques nuages plus gris qui s’amoncellent. Deux, trois gouttes par-ci, par-là. Mais dans l’ensemble, le festival de Ronquières, pour sa première journée, est resté au sec. « Il va vraiment nous faire un bulletin météo, l’autre ? » Non, non, rassurez-vous. C’est juste qu’après les conditions dantesques dans lesquelles s’est déroulé le festival l’année dernière, chacun gardait un oeil sur le ciel. Les organisateurs eux-mêmes ont dû passer ces derniers jours à scruter et décortiquer les avis de l’IRM. Pour rappel, lors de son édition 2023, le Ronquières festival avait été en effet copieusement arrosé. Certes, malgré la pluie (et grâce à la venue d’Indochine), le public était venu en masse. Mais il avait eu aussi énormément de mal à rejoindre un site, difficile d’accès. Et qui, après un jour à peine, était déjà complètement détrempé…
Encore relativement jeune, le Ronquières festival a d’ailleurs pris des mesures pour éviter un nouveau cafouillage. Comment ? En bossant son plan mobilité – notamment en multipliant les parkings de délestage (et navettes) et en promouvant le vélo. Sur place, il a également redescendu la scène principale à « tribord », sur terrain plat, moins susceptible de se transformer en toboggan géant lors de grosses pluies. Enfin, la jauge a également été revue légèrement à la baisse : 25 000 personnes par jour, maximum.
Force est de constater que le plan (incliné) a plutôt bien marché. Le week-end ne fait évidemment que commencer. Mais plus fluide, le Ronquières festival a retrouvé, semble-t-il, une certaine sérénité. Et en a profité pour solidifier un peu plus ses acquis. Ceux qui en ont fait le plus gros des petits festivals. Ou le plus petit des gros festivals. Et avec toujours cette capacité à mettre sur pied une affiche élastique. Répartie sur deux scènes – plus un chapiteau où s’enchaînent les DJ -, elle continue de faire le grand écart entre pop, rock, rap et chanson.
La progra de dimanche fait ainsi de l’œil aux rockeurs quadra, avec Ghinzu, les Pixies, Warhaus, etc. Tandis que ce samedi est plutôt branché sur la chanson pop millenial – Hoshi, Eddy de Pretto, BigFlo & Oli, Colt, etc. Et vendredi ? C’était un peu de tout, rassemblant gamins et darons à un seul et même endroit. On a ainsi vu des vingtenaires hurler sur un morceau de Phoenix créé alors qu’ils n’étaient pas nés (If I Ever Feel Better) ou des quinqua rejoindre les fans de PLK dans les premiers rangs, lors d’un concert généreux. On vous explique.
Le plus dansant : L’Impératrice
Sur scène, le sextet est devenu décidément une formidable machine à danser. Faut dire que dès les premières secondes, sur Amour Ex Machina, la basse mucho mucho disco donne la direction. Celle qui mène tout droit vers un dancefloor hédoniste et élégant. Dans leur tenue spatiale seventies, Flore Benguigui (chant), Charles Dugros de Boisseguin (claviers), Hagni Gwon (claviers), David Gaugué (basse), Tom Daveau (batterie), et Achille Trocellier (guitare) sont cet équipage irrésistible, à la fois hypercalé et chaleureux, piochant autant dans l’italo-disco (Danza Marilù) que dans la funk ou la pop. A peine ralentissent-ils un peu le tempo sur Love From The Other Side, le temps de laisser passer une péniche dans leur dos, qu’ils retournent aussi vite danser. Dans une journée dominée par le contingent tricolore, ils s’amusent même à reprendre Aerodynamic des héros Daft Punk. Imparable.
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Le plus crooner : Luidji
Oui, désolé, on en remet encore une couche sur Luidji. Mais c’est qu’après avoir épaté à Dour, le rappeur a de nouveau prouvé à quel point il maîtrisait son sujet. Avec ses trois musiciens – dont un joueur de keytar ! -, il a enfilé mélodies chamallow et crooning sensible. Entre crescendo émouvant (Monde), hymnes rassembleurs (Foufoune Palace) et versions enlevées (les riffs rock de Pour deux âmes solitaires). A Ronquières, il a en outre prouvé que le succès grand public n’était plus très loin. Notamment en faisant le pont entre les générations. « Est-ce qu’il y a des filles célibataires ce soir ? », lance-t-il alors que la jeune étudiante devant nous lève la main. « Est-ce qu’il y a des garçons célibataires ce soir ? », tandis que le père, à côté d’elle, redresse à son tour le bras (mais en faisant la corne du métalleux)…
Les plus efficaces : Phoenix
Phoenix laisse-t-il toujours pas mal de temps entre deux albums parce qu’il tourne beaucoup ? Ou tourne-t-il beaucoup parce qu’il sait qu’il ne retournera pas tout de suite en studio ? Deux ans après la sortie de leur dernier Alpha Zulu, les Français sont en tout cas toujours sur la route. « On pensait tourner un an, explique Thomas Mars, mais finalement on a continué de recevoir des demandes ». On comprend facilement pourquoi. En mode best of, s’attardant largement sur leur magnum opus Wolfgang Amadeus Phoenix, les Français déroulent, aiguisés et percutants.
De Lisztomania à Lasso en passant par Ti Amo, ils ont ce qu’il faut pour assumer leur statut de tête d’affiche du jour. Une tête qui roule même par terre, quand Thomas Mars se la fait couper par un personnage à la Assassin’s Creed/Phantom of the opera, pendant une version rageuse de Drakkar noir. Tout cela avant de revenir pour effectuer son traditionnel tour dans/sur le public. Phoenix bientôt 30 ans au compteur, mais toujours fringant.
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