Le meilleur de Dour J3 : du whisky, des fleurs et de l’afrobeat

© Belga/Hatim Kaghat
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Vous avez loupé la 3e journée du Dour festival ? Pas de souci, on vous raconte tout

Joe Unknown

«No cups. Just mouths…» «Pas de gobelets. Juste des bouches.» Son concert à peine commencé, Joe Unknown saoule son public pour l’énerver. Déverse une bouteille entière de whisky directement dans le gosier des premiers rangs pour désinhiber des festivaliers encore trop réservés. Pas de doute. Joe sait y faire. Il désigne même un type pour gérer les mosh-pits et autres festivités. Type qu’il interpellera d’ailleurs pendant tout son concert. Héritier de Mike Skinner (qui jouait déjà les barmen des temps modernes) et de Sleaford Mods, Joe Unknown aime le post punk, la drum’n’bass et le hip hop. Flanqué de son fidèle acolyte qu’il envoie au charbon avec le public tourner en rond, Joe a mis un sacré bocson. Le mec a commencé sa carrière de DJ à 12 ans et samplé Neat Neat Neat des Damned pour sa premier chanson… Un champion.

Loverman

Non content d’avoir publié avec Lovesongs l’un des meilleurs albums de l’an dernier, James De Graef a les concerts qui vont avec. Sur scène (quand il ne se mêle pas au public), le chanteur de Shht aime surprendre, décontenancer et mettre les gens mal à l’aise. Ce n’est pas parce qu’on joue dans la cour de Leonard Cohen, de Nick Cave et de Lee Hazlewood qu’on n’a pas le droit de déconner. Après avoir rameuté les spectateurs un tambourin à la main (il terminera en leur collant un micro sous le nez pour les faire chanter), Loverman a réalisé une prestation cinq étoiles. Passant de la guitare au piano entre deux promenades sur son cheval à bascule. Bluffant.

Ezra Collective

Ils ont l’afrobeat dans le sang et le groove contagieux. Ça ne peut pas être un hasard si le batteur d’Ezra Collective (qui fricote en studio avec Gorillaz) s’appelle Femi. Il est comme le fils Kuti, à Dour pas plus tard que mercredi, l’un des rejetons de Fela. De Tony Allen aussi forcément. En attendant la sortie de leur nouvel album (Dance, No One’s Watching) prévue pour la rentrée, les Londoniens ont envoyé le festival de Dour danser au Nigéria et ont transformé la Petite Maison dans la prairie en club surchauffé de Lagos. Irrésistible.

KAU

Ouvrir sur la main stage. La tâche était quelque peu ingrate pour les Bruxellois de KAU (ex KAU Trio.). Même les machines à danser Charlotte Adigéry et son acolyte Boris Pupul ont eu du mal un peu plus

tard dans la journée à y rameuter la foule. Dommage, les petites centaines de festivaliers qui avaient poussé une pointe jusque là ne l’ont pas regretté et ont pu apprécier les irrésistibles talents d’un trio qui comme STUFF. et Echt! emmène le jazz sur le dancefloor. Un meilleur spot l’an prochain?

Irène Drésel

Elle est la seule et unique femme à avoir remporté un César de la meilleure musique originale (c’était pour A Plein Temps d’Eric Gravel). A quarante ans, Irène Billard, alias Irène Drésel, a tout pour être la nouvelle tête de gondole de l’électro française. Tenue de mariage, décor floral… Accompagnée sur scène du percussionniste Gilles Degivry, la productrice en a mis plein les oreilles avec une techno haute en couleur. Irène a grandi en banlieue parisienne, étudié aux Beaux-Arts et aux Gobelins et s’est lancée dans la musique électronique pour illustrer un travail visuel. Boostée il y a quelques années par un tremplin pour jeunes talents de Ricard (la boisson des champions), elle a conservé tout son sens de l’image. Mêle les clins d’oeil à la musique liturgique, au cinéma et aux rites païens. Fou d’Irène…

Stikstof

Est-ce qu’il y a beaucoup de Flamands à Dour ou est-ce que les Francophones se sont mis à craquer pour le rap en néerlandais? Sans doute un peu des deux. Il était en tout cas fort compliqué vendredi de résister à l’appel de Stikstof. Le groupe bruxellois emmené par Zwangere Guy, Astrofisiks et Jazz Braks a retourné la Boombox comme le grand méchant loup défonçait la maison des deux premiers petits cochons. Familie Boven Alles… L’hymne de lascars colle plutôt bien au festival hennuyer et à son esprit festif communautaire. Pas si étonnant que ça de voir Roméo Elvis débarquer pour entonner Bruxelles arrive…

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