Débarrassé de ses addictions, Sebastian Murphy emmène l’excitant deuxième album de Viagra Boys toujours aussi remontés.
Découvert par hasard à la fin des années 90, le Viagra est vite devenu (n’en déplaise au chien) le meilleur ami de l’homme. Antidote à la sexualité masculine en berne et remède aux coups de mou. Le premier des médicaments sexo-actifs est même l’un des plus gros succès commerciaux de l’industrie pharmaceutique. Les disques des Viagra Boys ne se vendent pas aussi bien que les petites pilules bleues (5 millions d’écoutes sur Spotify pour leur single Sports tout de même) mais leur musique est solide, tendue, inflexible…
Les Viagra Boys sont Suédois et emmenés par un Américain. Ils sont nés alors que ce dernier faisait l’andouille lors d’un karaoké dans le salon de tatouage où il travaillait, reprenant ni plus ni moins que le We Belong Together de Mariah Carey. Lui-même tatoué de la tête aux pieds, Sebastian Murphy est originaire de San Francisco, a grandi en Californie et a débarqué à Stockholm à l’âge de 17 ans. Formé avec des membres de divers groupes punk scandinaves (Les Big Byrd, Pig Eyes, Nitad…), Viagra Boys sortait son premier album, Street Worms, en 2018 sur un label étonnamment spécialisé dans le rap et les musiques électroniques. Produit par Matt Sweeney (Bonnie Prince Billy, Run The Jewels), Justin et Jeremiah Raisen (Yves Tumor, Kim Gordon…) avec l’aide de Pelle Gunnerfeldt et Daniel Fagerström (The Hives, The Knife), Welfare Jazz fait référence aux aides apportées par le gouvernement suédois aux musiciens de jazz. Étendard du classicisme et des priorités des politiques, dixit la bio, en ce compris dans la musique.
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« On a écrit ces chansons à une époque où j’étais en couple, où je prenais de la drogue tous les jours et étais un véritable trou du cul. Ce que je n’ai réalisé que trop tard. Une bonne partie du disque fait écho à cette période et au fait que je m’étais fixé de mauvais objectifs. » Welfare Jazz dégomme la masculinité toxique, la misogynie, le racisme, le nombrilisme avec un sens sarcastique de l’humour et une vision assez noire et fiévreuse du rock’n’roll. Dans le clip du percutant Ain’t Nice, Sebastian gerbe, pique une trottinette à un gamin, fout le bordel à une terrasse et voyage dans le temps. À l’exception de Creatures et de son refrain des années 80, Welfare Jazz est une solide claque dans la tronche, idéale pour remettre les idées des fêtes de fin d’année en place. Un disque de post-punk moderne qui aime le saxophone et se termine par une reprise du regretté John Prine (In Spite of Ourselves) enregistrée avec Amy Taylor d’Amyl and The Sniffers. La légende de la country est décédée le 7 avril de complications liées au coronavirus.
Viagra Boys, « Welfare Jazz », distribué par Year0001/V2. ****
Le 29/05 au Trix (Anvers, complet) et le 23/11 à l’Aéronef (Lille).
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