Critique | Musique

L’album de la semaine : Mil Coisas Invisíveis, de Tim Bernardes

4,5 / 5
© DR
4,5 / 5

Album - Mil Coisas Invisíveis

Artiste - Tim Bernardes

Genre - Pop

Label - Psychic Hotline

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Caetano Veloso, Giberto Gil, Seu Jorge, Chico Buarque, Elza Soares (décédée en janvier)… Dans la musique brésilienne, on a longtemps dû se contenter par ici des vieux disques et des dieux vivants. Né le 18 juin 1991 dans la touffeur de São Paulo, Tim Bernardes incarne, avec le formidable Sessa, le souffle de la relève, la fraîcheur de la nouvelle génération. En 2017, le songwriter multi-instrumentiste sortait son premier album solo (Recomeçar), un disque de pop douce, ambitieuse et luxuriante qui entremêlait déception amoureuse et doute politique. Mais il n’était déjà plus un inconnu au pays du petit pont et de la samba. Fils du singer-songwriter, saxophoniste et journaliste Maurício Pereira (The Universal Maurício Orchestra), paternel avec lequel il partage d’ailleurs le duo Pereirinha & Pereirão (de la musique pop folk country du sud-est profond), Tim s’était surtout fait un nom avec son groupe de rock O Terno qui l’emmena tout de même jusqu’aux podiums de Lollapalooza et du Primavera.

© National

Au départ, en 2009, O Terno reprenait des chansons d’Os Mutantes, des Kinks et des Beatles. Aujourd’hui, Bernardes chante sur Mistificar qu’il croit en John, Paul, George et Ringo… C’est pendant une tournée de son groupe d’indie tropicaliste que Tim à écrit les quinze chansons de Mil Coisas Invisíveis (un millier de choses invisibles) comme des méditations métaphysiques face à l’incertitude des temps.

Bernardes possède un joli carnet d’adresses. Avec O Terno, il a participé à un EP de Tom Zé, invité Devendra Banhart et Shintaro Sakamoto sur un disque. En 2020, il a ensuite fait une petite apparition à titre personnel, comme Kevin Morby et deux Grizzly Bear, sur Shore, le quatrième album studio des Fleet Foxes.

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Mil Coisas Invisíveis est pourtant quasiment le disque d’un seul homme. Touche-à-tout derrière son look de hippie glandouilleur, ses longs poils, ses lunettes à la John Lennon et sa belle moustache, Bernardes y joue de la guitare, de la basse, du synthé, du piano et des percussions. Il s’est aussi chargé d’arranger les sections de cordes et de cuivres.

Chanté en portugais, Mil Coisas Invisíveis parle de vie, de mort, de renaissance… D’isolationnisme et de globalisation aussi (Meus 26). Il y a de la samba, du tropicalisme, de l’indie folk et de la musique populaire brésilienne dans ces quinze petites douceurs à déguster en terrasse. Bernardes, qui se réclame du Clube da Esquina, de Milton Nascimento et de Claude Debussy, est un orfèvre. Un artiste à l’infinie délicatesse qui ne demande qu’à vous bercer dans la moiteur de l’été, signant le genre de disque qui adoucit l’âme et réchauffe le cœur.

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