Critique | Musique

[L’album de la semaine] John Maus – Screen Memories

John Maus © SHAWN BRACKBILL
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ROCK | Ancien collaborateur, meilleur ami et premier fan d’Ariel Pink, John Maus rompt six ans de silence avec un disque de pop eighties intelligente et macabre.

John Maus, « Screen Memories », distribué par Ribbon Music/V2. ****(*)

Dans ses interviews, il n’hésite pas à disséquer le monde et la vie. À citer Lacan, Socrate et Stockhausen, dont il compare les déclarations à des tornades de non sens. John Maus est un intello de la musique. Le garçon, 37 ans, est d’ailleurs doctorant en Sciences politiques et a été professeur à l’Université d’Hawaii. Depuis la sortie de l’album qui l’avait révélé en 2011, We Must Become the Pitiless Censors of Ourselves, le natif d’Austin dans le Minnesota s’était fait plutôt discret. Il avait dévoilé une compilation de raretés. Terminé ses études universitaires. Et travaillé sur un nouveau synthé modulaire méticuleusement assemblé pour pouvoir donner vie à ses mélodiques pensées. Vous ne connaissez pas John Maus? Ce renversant quatrième album vous catapultera vite près de son grand pote freak Ariel Pink. Anciens collocs, les deux hommes ont étudié au California Institute of the Arts. Maus a un temps été le claviériste des Haunted Graffitis (le groupe d’Ariel) et c’est Pink qui a fait naître en lui, alors qu’il était adepte des musiques expérimentales, médiévales et baroques, l’amour de la pop.

Outre les souvenirs télévisés que suggère la pochette de l’album, Screen Memories renvoie à une découverte de Freud à la fin du XIXe siècle. Le « souvenir écran » est un souvenir auquel le patient ne prête pas attention, mais qui cache et masque un souvenir refoulé au sein de l’économie psychique… Oeuvre d’un grand solitaire, l’album a été écrit, enregistré et travaillé chez lui. Dans sa Funny Farm au milieu des champs de maïs.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Coffré au printemps

« All your pets are gonna die », prévient John Maus dans ses morceaux immédiats et caverneux. Crooner synth pop aux chansons noires et hypnotiques et à la danse glaciale, Maus aime les polyphonies de la Renaissance et les expérimentations de l’après punk. Il présente Screen Memories comme « le traité d’un moment apocalyptique. La foi absurde que tout ce qui ne compte pas comptera. » Et il est bien parti, lui, pour compter.

Fils caché des Sisters of Mercy et de Giorgio Moroder, croisement génétiquement modifié d’Ariel Pink, de Ian Curtis et de John Carpenter, Maus délivre ici douze chansons rétro-futuristes qui vous enverront vous promener dans des caves lugubres des années 80 mais semblent en son chef célébrer la rencontre synthétique de la musique baroque et d’une certaine idée de la pop lo-fi. Kitsch parfois, certes, mais jamais ridicule.

Dracula n’est pas mort. Dracula aime Bauhaus, fait de la pop new wave au fin fond des États-Unis et s’appelle John Maus. La sortie d’un box vinyle rassemblant ses quatre albums studio, d’une compilation de raretés (toutes épuisées) et d’un nouveau disque intitulé Addendum a d’ores et déjà été annoncée pour avril 2018. Une plaque indispensable.

  • LE 09/11 AU NEST (GAND) ET LE 10/11 AUX ATELIERS CLAUS (BRUXELLES).
L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content