Critique | Musique

[L’album de la semaine] Jeff Lynne’s ELO – Alone in the Universe

Jeff Lynne (ELO) © DR
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

POP | Jeff Lynne remonte sur la soucoupe pop symphonique d’ELO pour un trip, comme toujours, glané dans l’obsessionnelle orbite des Beatles.

Il en va de certains plaisirs d’être synonymes de honte à peine cachée. Mais aimer Electric Light Orchestra n’est pas si grave, d’autant qu’on parle de la première vie de la formation, réunie à l’été 1970 par une déjà ancienne pop-star des sixties, Roy Wood de The Move. En fait partie Jeff Lynne (1947), un bon gars de Birmingham qui a squatté ses années 60 dans des groupes sans avenir avant de rejoindre The Move, précisément. Les destins des deux musiciens et des deux bands se confondent d’ailleurs un moment, aussi dans la façon de vouloir joindre le rock à la musique classique, cordes très en avant. Alors que The Move se sépare en 1972 -Wood s’en va former Wizzard- ELO entreprend un parcours étonnamment « baroque’n’roll ». Artistiquement, l’affaire culmine dès Eldorado en 1974: album formidablement précieux où violon, violoncelle, synthétiseurs, guitares et voix ouatées se déversent dans l’obsession décidément beatlesienne de Jeff Lynne. Quarante ans plus tard, ELO a vendu plus de 50 millions de disques, devenant l’une des incarnations de la pop-mammouth des années 80-90 avec des tubes saccharinés tels que Shine a Little Love, Mr. Blue Sky et même Xanadu featuring Olivia Newton-John. Oui, gasp.

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Vieux canasson

Entre-temps, Jeff Lynne, chanteur-guitariste-producteur-compositeur d’ELO est certifié fortuné -à hauteur de 30 millions de dollars selon Celebrity Net Worth– aux loisirs remarqués, comme celui qui consiste à former entre 1988 et 1990 The Travelling Wilburys, avec par exemple Bob Dylan et George Harrison. Quatorze ans après Zoom, l’homme de Birmingham -résident de L.A. depuis 20 ans- reprend donc son vieux canasson de pop classique, sous le nom de Jeff Lynne’s ELO. Appellation logique vu que les anciens musiciens ont disparu, Lynne composant et produisant bien sûr les douze titres, les jouant aussi dans leur quasi-intégralité. Pas étonnant que cela sonne comme un succédané ou un pur jus de Lynne formaté selon l’immuable principe: un quart de (fausses) cordes, un quart de pop, un quart de lymphatique et un quart, voire plus, de Beatles toujours et encore comme source d’inspiration divine. Lynne fait le reste, c’est-à-dire écrit des morceaux accrocheurs, comme When I Was a Boy ou All My Life, rattrapant la simplification outrancière des textes -dignes d’un groupe belge de Division III- par une mélancolie invétérée. Curieuse impression d’être plongé dans un rétro aux fortes émanations sixties, résonant d’une sonorité digitale actuelle qui relègue aux oubliettes les formidables cordes d’antan. C’est lisse, éthéré, volontiers clinquant, pas audacieux pour un sou, mais la madeleine qui sommeille en nous ne peut s’empêcher d’en tirer un certain plaisir. A peine coupable.

DISTRIBUÉ PAR SONY MUSIC.

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