Critique | Musique

L’album de la semaine : In These Times, de Makaya McCraven

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© sulyiman
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Album - In These Times

Artiste - Makaya McCraven

Genre - Jazz

Label - XL Recordings

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Avec In These Times, le batteur chicagoan Makaya McCraven sort son album le plus orchestré. Un disque qui lui a pris sept ans.

Révélé par le label de jazz américain International Anthem -pour l’instant en train de pleurer l’exceptionnelle trompettiste Jaimie Branch, décédée le 22 août à seulement 39 printemps-, Makaya McCraven s’était fait débaucher il y a deux ans par XL Recordings le temps de revisiter le dernier album de Gil Scott-Heron (We’re New Again: a Reimagining by Makaya McCraven). Il s’était ensuite fendu d’un disque pour Blue Note (Deciphering the Message) sur lequel il recréait, s’appropriait, remettait au goût du jour ses classiques préférés de la mythique et légendaire maison new-yorkaise. C’est chez XL qu’il revient aujourd’hui, avec une plaque cette fois uniquement habitée de compositions originales (excepté un titre co-écrit par sa mère). L’album, dit-il, qu’il essayait de fabriquer depuis qu’il a commencé à enregistrer des chansons. Le disque riche d’un jazzman passionné par les musiques traditionnelles et la transmission orale, et influencé par les années 90 et la culture sample du hip-hop.

© National

McCraven est né en 1983 à Paris de l’union entre une chanteuse et flûtiste hongroise (Agnes Zsigmondi) et un batteur de jazz afro-américain expatrié (Stephen McCraven) qui jouait régulièrement avec Yusef Lateef, Archie Shepp et des musiciens gnawa. Un grand mélange des cultures cultivé dans la communauté créative de Northampton (Massachusetts) qui a inévitablement infusé dans son œuvre et dont il chérit l’idée de se faire le passeur.

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Enregistré dans cinq studios et quatre lieux de concerts différents, In These Times est le résultat final, le couronnement, l’apothéose de sept années de travail. Entouré par le guitariste installé à Los Angeles Jeff Parker, le trompettiste Marquis Hill et le bassiste Junius Paul comme lui Chicagoans, la harpiste new-yorkaise Brandee Younger et le joueur de marimba/vibraphoniste Joel Ross (il y a aussi de la flûte, du saxophone, du piano, du violon…), Makaya sort ici son album le plus orchestral à ce jour. Un disque porté par des arrangements imposants et raffinés (avec recours aux cordes). Mais aussi onze morceaux qui connaissent l’Histoire et embrassent la modernité. Batteur, compositeur, beatmaker, band- leader, le Chicagoan est avec un Kamasi Washington, un Shabaka Hutchings, un Albaster DePlume l’un de ceux qui revivifient le jazz, en redéfinissent les contours. S’il est dépourvu de paroles au-delà de son intro, In These Times n’en explore pas moins l’inquiétude sociale. Il emprunte son titre au magazine mensuel socialiste chicagoan du même nom. Et reflète à la fois l’expérience personnelle d’un homme aux multiples casquettes produit d’une communauté de musiciens multi- nationale et working class, et des combats culturels plus larges. La classe américaine.

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