Critique | Musique

[l’album de la semaine] Black Country, New Road: For the First Time

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Les Londoniens de Black Country, New Road sortent enfin leur premier album. Un disque aventureux qui valdingue entre post-rock et free jazz.

Révélés par un single sur Speedy Wunderground, le label défricheur de 45 tours dirigé par le producteur Dan Carey (Kate Tempest, Fontaines D.C., Goat Girl…), et déjà passés, dès l’été 2019, sous le chapiteau liégeois du Micro Festival, les Anglais de Black Country, New Road ne se sont pas précipités sur les rampes de la hype et les éloges de la presse internationale. Le septet a calmé le jeu, pris le temps de bien faire les choses, enchaîné les concerts et ciselé ses morceaux.

Si Black Country, New Road est l’une des plus excitantes promesses de la jeune scène rock londonienne, le groupe est né à Cambridge, où ses membres ont effectué leurs études secondaires. Et s’ils ont donné leur premier concert à l’été 2018, ils avaient déjà précédemment existé sous le nom de Nervous Conditions, mort-né avec les allégations d’abus sexuels concernant leur chanteur d’alors. Ce qui ne tue pas rend plus fort, comme disait ce bon vieux Steven Seagal. Et à écouter For the First Time enregistré avec Andy Savours (l’ingé son de Strange House, de loin le meilleur album de The Horrors), Black Country, New Road semble déjà indestructible.

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Do you remember the first time?

« I wish all my kids would stop dressing like Richard Hell. I’m invincible in these sunglasses. I’m modern Scott Walker… » Guitare, basse, batterie, violon, synthé, saxophone. Sunglasses est le morceau le plus monumental du disque. Dans le jusqu’au-boutisme, la radicalité, Black Country, New Road est plus proche de Black Midi que de Shame et Goat Girl. À la croisée du post-rock et du free jazz, des musiques bruitistes et d’Europe de l’Est, les sept fantastiques tissent leur toile. Ils connaissent le classique, le jazz, la musique klezmer et cuisinent tout ça dans une grande marmite d’où s’échappent les effluves de Slint, Shellac, The Fall, Lift To Experience. « I know where I’m going, it’s black country out there… » Ceux qui ont déjà vu les petits prodiges sur scène reconnaîtront des morceaux qu’ils défendent depuis longtemps en concert. La route leur a permis de les façonner. De bâtir ces six cathédrales (40 minutes tout de même) qui envoient tout valdinguer, à commencer par les esprits trop étriqués. For the First Time s’ouvre et s’achève sur des notes orientales, fait hurler son sax, invite à une bar-mitsva punk. Black Country a toutes les audaces, cultive la liberté et l’indépendance. « Leave Kanye out of this. Leave my daddy’s job out of this… » « References, references, references… » Le spoken word tremblant et puissant d’Isaac Wood aime les clins d’oeil, cite les potes de Black Midi, et emmène vers les sommets ce disque renversant qui prend déjà une sérieuse option sur les tops de fin d’année.

Black Country, New Road

« For the First Time », distribué par Ninja Tune/Pias. ****(*)

Le 24/10 au Botanique et le 27/10 au Grand Mix (Tourcoing).

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