Critique | Musique

L’album de la semaine: Ariel Pink – Pom Pom

Ariel Pink, ce dimanche au Beursschouwburg © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

POP | Diva lo-fi, Ariel Pink nous revient avec Pom Pom, disque bordélique et jouissif de pop kitsch et détraquée. Euphorisant…

Né il y a 36 ans à Los Angeles, Ariel Marcus Rosenberg, alias Ariel Pink, fait figure de trublion dans une industrie du disque qui a depuis belle lurette perdu son grain de folie et son sens de l’humour. Avec mister Pink et son androgynie, ses tenues féminines, ses couettes et ses teintures fluo, Rosenberg s’est créé un personnage de diva pop haut en couleurs aux allures de géniale grande folle d’une pop (ex)travestie, voire transgenre, kitsch et sans complexe. Ecouter un disque d’Ariel, c’est toujours un peu comme se promener avec des oreilles de gosse dans une gigantesque et étrange fête foraine. Un parc d’attractions où les mélodies font des loopings, les tubes éclaboussent et les refrains vous rient au nez. Pom Pom ne déroge pas à la ligne de conduite bricolo et anarchique d’un Californien qui incarne sans doute mieux que quiconque la cité des anges. Ses freaks et ses beautiful losers. Sa démesure, ses névroses et son exubérance.

A l’entrée de Pom Pom, la queue en tire-bouchon, retentit, enfantine et déglinguée, la parade du cochon (Plastic Raincoats in The Pig Parade) co écrite avec ce weirdo de Kim Fowley. White Freckles s’amuse aux Montagnes russes. Le train fantôme s’enfonce vers le côté obscur des années 80 (Four Shadows et le new wave Not Enough Violence) alors qu’Ariel drague au bord des autoscoters (Put Your Number in my phone). Pendant qu’il roule des pelles à Azealia Banks (Nude Beach A Gogo figure dans une version moins rigolote, à laquelle il a participé, sur l’album de la rappeuse), les dents du bonheur de Mac DeMarco semblent se dessiner dans le rétro de son auto-tamponneuse (One Summer Night).

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Le génie de l’excès

Excessives, jouettes, ludiques, touchantes, gênantes, kitsch, scabreuses, les chansons d’Ariel Pink biberonnées aux eighties, à MTV, à Michael Jackson, au glam, au soft rock, à Frank Zappa et tant d’autres choses encore, se promènent sur la frontière ténue entre génie, forcément incompris, et gigantesque foutage de gueule. Goth Bomb crie et fait péter les guitares dans le Grand Huit. Le tapis volant d’Aladin surplombe la pêche aux canards (Dinosaur Carebears) tandis que résonne dans la foire une espèce de jingle publicitaire tordu (Jell-o).

Explicit lyrics, entrée interdite aux enfants. Negative Ed hurle, hystérique, des insultes en français (« Tu pues. Ça fait combien de jours que tu ne t’es pas lavé? Ferme ta gueule. Dégage… ») alors qu’Ariel participe aux Sexual Athletics (et tripote en plein milieu les Flaming Lips de Wayne Coyne).

Débordant d’imagination, truffé de bruits bizarres, jusqu’à des coassements sur Exile on Frog Street, Pom Pom est un mille-feuille tapissé d’édulcorant. Un disque, génial dans ses excès, qui n’a peur de rien et brave les yeux dans les yeux le ridicule. Si vraiment, comme prétendait jadis Audiard, on reconnaît les cons au fait qu’ils osent tout, Ariel Pink en est sans doute à l’heure actuelle, dans le vaste monde de la pop music, le plus beau spécimen. Tu viens dîner quand tu veux…

  • DISTRIBUÉ PAR 4AD.
  • LE 01/03 AU GRAND MIX (TOURCOING) ET LE 15/03 AU BEURSSCHOUWBURG.

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