Alex Maas s’échappe de Black Angels, vire acoustique et tutoie Syd Barrett sur un premier album solo remarquable.
Sans avoir l’air d’y toucher, tout paisible et discret planqué sous sa barbe et son béret, Alex Maas a joué un rôle fondamental dans le renouveau psychédélique. The Black Angels, son groupe, fut l’un des premiers à sonner au XXIe siècle les cloches de ce come-back halluciné, tant musicalement que visuellement d’ailleurs. Quant à l’Austin Psych Fest, leur festival, il a propagé la bonne parole et essaimé aux quatre coins du monde. Prenant le nom de Levitation pour rendre hommages aux pionniers -Texans comme eux- du genre que furent les 13th Floor Elevators. Après le premier album de Mien, supergroupe monté avec Rishi Dhir (Elephant Stone), John Mark Lapham (The Earlies) et Tom Furse (The Horrors) sorti en 2018, Alex Maas fait à nouveau des infidélités aux Anges Noirs et amorce avec Luca une prometteuse carrière solo.
Animé par les forces de la nature et les échos de l’Amérique indigène précolombienne, Luca est un disque rempli de souvenirs dans la pépinière familiale. L’album d’un mec qui a grandi au son des chants d’oiseaux, des bruits d’insectes et du vent dans les arbres. C’est aussi celui d’un jeune père. Luca est le prénom de son fils et reflète ses nouvelles préoccupations. L’expérience de la paternité et les inquiétudes qui vont avec sur une planète qui ne tourne plus vraiment rond. « J’essaie de trouver un équilibre dans notre monde de cinglés, résume-t-il dans l’annonce. Est-ce que toute cette merde fout une trouille bleue? Oui. Est-ce que la vie est belle, remplie d’espoir et d’inspiration? Oui aussi. Il faut s’aventurer dans l’obscurité pour apprécier la lumière et vice versa. Tout n’est pas toujours génial. Un jour, tu te promènes dans un joli champ et tu te fais mordre par un serpent à sonnette parce que tu es aveuglé par les fleurs pleines de couleurs. C’est normal d’avoir peur, d’être triste et anxieux parce que tu en as besoin pour apprécier toute la beauté que le monde a à offrir. »
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Dig your own Howl
Sur Luca, Maas parle de violence armée, d’amour, de haine, d’éducation. Il abandonne aussi les grosses guitares pour s’aventurer sur les terres d’un folk forcément halluciné. Le temps de Howl, le Black Rebel Motorcycle Club avait opéré et réussi en groupe ce virage acoustique. Maas a choisi l’échappée solitaire et il a bien fait. Des chansons douces, une musique à nu, quelques arrangements de cordes et une voix hantée… Sir Alex tutoie ici le fantôme de Syd Barrett et Leonard Cohen. Il partage, plus proche de nous, les divagations d’un Tim Presley (White Fence), d’un Amen Dunes et d’un Dirty Beaches. American Conquest a beau se rapprocher de ses Black Angels, All Day va jusqu’à évoquer Portishead. L’une des plus jolies surprises de cette fin d’année.
Alex Maas, « Luca », distribué par Basin Rock/Konkurrent. ****(*)
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