Critique | Musique

L’album de de la semaine: Pharrell Williams – G I R L

Pharrell Williams © DR
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

POP | Hit machine de 2013, Pharrell Williams en profite pour sortir son premier album solo en huit ans: pop, rétro, funky, et aussi inutile qu’irrésistible.

L'album de de la semaine: Pharrell Williams - G I R L

D’abord, ne pas sous-estimer l’importance d’un beau chapeau -demandez à l’intéressé. Ne pas non plus négliger les questions de timing et d’opportunités. En la matière, Pharrell Williams (1973) est devenu maître. Est-il nécessaire de refaire un topo? A moins de vous appeler José Salvador Alvarenga et d’avoir dérivé sur l’Atlantique pendant plus d’un an, accroché à trois planches, vous n’avez pas pu échapper aux monstro-tubes enquillés par Pharrell Williams: Get Lucky de Daft Punk (Bim!) et Blurred Lines de Robin Thicke (Bam!). Et encore, à peine mis le pied à terre, le naufragé salvadorien n’a pas dû échapper très longtemps à Happy. Tiré de la BO de Moi, Moche et Méchant 2, le titre signait le décollage définitif de la moitié glamour des Neptunes, passant du statut d’idole hip hop-r’n’b coolissime pour (post-)ado à casquettes à celui de star globale, à glisser dans le panier de la ménagère, à côté du dernier Garou…

Pharrell VS Renmans

Malin, Pharrell Williams n’a pas abandonné toute velléité plus « street »-crédible: il a par exemple réussi à se glisser dans le casting du Good kid, m.a.a.d city de Kendrick Lamar, et on peut retrouver son nom au générique du récent Oxymoron de Schoolboy Q (lire le Focus du 7 mars). Au moment de revenir avec son premier album solo en huit ans, il n’a cependant jamais été aussi éloigné de la planète hip hop. Il suffit de lire la liste des invités convoqués sur ses disques. En 2006, sur In My Mind, se bousculaient Kanye West, Snoop Dogg, Pusha T, Jay-Z, Nelly… Sur G I R L, les rappeurs ont tous disparu pour laisser place à Justin Timberlake, Alicia Keys ou Miley Cyrus.

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De retour sous les feux des projecteurs pop, après quelques années de vaches plus maigres, Pharrell vit que c’était bon. Et est bien décidé aujourd’hui à y rester. On ne dit pas que G I R L capitalise sur les hits de Blurred Lines ou Get Lucky, mais bien qu’il les prolonge. L’esprit notamment est identique: pop, rétro (Happy), parfois à la limite du pastiche, comme pouvait l’être le titre de Robin Thicke (lorgnant du côté de Marvin Gaye) ou celui des « robots » (sous influence Chic). Funky plutôt que funk, le sourcil de crooner relevé (cette pochette), Pharrell Williams se marre, en fait des tonnes. Comme par exemple sur Hunter, miaulant parfois de manière très « limite » ou s’essayant à un parlando rigolard très années 80 (cf. Chagrin d’amour?!). Ailleurs, c’est Michael Jackson qui est convoqué, période Off The Wall (Brand New avec Timberlake, ou Gust of Wind produit par les Daft Punk). Seuls des titres comme Lost Queen ou Come Get It Bae font mine d’aller chercher un poil plus loin. Mais il ne faudrait pas être injuste: Williams a toujours fréquenté les zones plus instantanément pop. Ici, il en fait juste son seul terrain de jeu. Et cela marche. G I R L, c’est un peu le plateau de saucissons de jambon que vous tend cet aspirant charcutier de Pharrell Williams: un peu enfantin, certes, mais irrésistible. Inoffensif aussi, mais indubitablement fun. Or, après tout, si quelqu’un peut se permettre ce genre de fantaisie dans le music bizness actuel, c’est bien Pharrell Williams…

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