La Revue du stagiaire: Metal on Metal – Anvil

© Paul Natkin/Getty Images - DR

Chaque semaine, notre stagiaire se penche sur une chanson qui a marqué l’histoire de la musique. Cette semaine: Metal on Metal, chanson des inventeurs oubliés du thrash metal.

Metal on Metal est sortie, en 1982, sur l’album éponyme du groupe canadien Anvil. Considérée par beaucoup comme l’une des premières chansons de speed metal et de thrash metal -sous-genres du heavy metal. Ses compositeurs sont pourtant presque tombés dans l’oubli et n’ont fait qu’effleurer la gloire du bout des doigts.

Fondé en 1977, Anvil était là avant le Big Four of Thrash, qui comprend les quatre groupes les plus influents du genre: Anthrax, Megadeth, Metallica et Slayer. Mais contrairement à eux, Anvil n’a jamais vraiment décollé ni vendu des millions d’albums à travers le monde. Toujours en activité, depuis 45 ans, ses deux fondateurs n’ont jamais arrêté d’essayer. Dans une obstination qui force le respect, Steve « Lips » Kudlow (chanteur-guitariste) et Robb Reiner (batteur) ont sorti plus d’une vingtaine d’albums et partent en tournée, dès que leurs boulots le permettent (l’un travaille dans une cantine, l’autre est ouvrier dans le bâtiment), pour réaliser leur rêve: devenir des superstars du métal.

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Des musiciens et des showmen talentueux

Objectivement, les musiciens d’Anvil, et plus particulièrement Steve Kudlow et Robb Reiner, sont très bons. Il suffit d’écouter quelques titres comme Mothra, March of The Crabes, 666 ou Hard Time-Fast Ladies pour s’en rendre compte. Au début des années 80, le duo livrait des performances hallucinantes qui avaient le don de mettre la foule en liesse, comme en 1983 à Forest National aux côtés de Whitesnake et de Twisted Sister ou, la même année, au Heavy Sound Festival de Bruges. Dans la préface du livre biographique Anvil: The Story of Anvil, le grand Slash raconte qu’à un concert d’Anvil, « tu riais aussi fort que tu faisais du headbanging [ndlr: danse fétiche des amateurs de métal] ». Et pour cause, « Lips » avait l’habitude de monter sur scène vêtu d’un harnais SM et jouait de sa Flying V avec un vibromasseur, tout en amusant la foule avec des grimaces inhumaines.

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Le talent des membres d’Anvil est loué par de nombreuses personnalités imminentes du métal. Dans le documentaire Anvil: Story of Anvil, sorti en 2008, Lars Ulrich de Metallica vante les talents de Robb Reiner: « C’était de loin le meilleur batteur en terme de technique. » Avant d’ajouter que l’une des premières fois où il les a vu jouer, il était « certain qu’ils allaient révolutionner la musique ». Propos soutenus par Scott Ian d’Anthrax: « C’était comme s’ils nous lançaient un défi. Si on n’était pas meilleurs qu’eux, il valait mieux rentrer chez nous. » Dans la préface du livre sorti un an après le documentaire, Slash a aussi écrit qu’« ils jouaient plus fort et plus vite que tout ce qu’il avait entendu auparavant ». Mais le témoignage qui a le plus de poids reste celui du très célèbre leader de Motörhead, Lemmy Kilmister. Dans une interview accordée au réalisateur du documentaire, il a avoué: « J’ai toujours aimé Anvil. […] Ils étaient tous bons, il n’y avait pas un mauvais mec dans le groupe. » Peu de temps après leur rencontre, il a d’ailleurs proposé à « Lips » une place de guitariste dans son groupe. Offre qu’il a poliment déclinée pour se consacrer entièrement à Anvil.

Mais que s’est-il passé ?

Pour des raisons inconnues, ils ne sont jamais allés aussi loin que tous ceux qu’ils ont inspirés. Certains parlent d’un mauvais management, d’autres d’une mauvaise production sur les albums ou accusent les maisons de disques. L’explication la plus plausible nous vient du leader de Motörhead: « Il faut être au bon endroit, au bon moment, c’est tout. Si ce n’est pas le cas, on n’y arrive jamais. » Apparemment, on a beau avoir tout le talent du monde, ce qu’il faut dans la musique, c’est surtout beaucoup de chance.

À défaut d’avoir connu le succès, ils auraient au moins pu être reconnus comme les inventeurs du thrash metal. Mais là aussi, l’histoire a retenu principalement les noms du Big Four of Thrash. À ce sujet, Slash jugeait lui-même dans le documentaire: « Ils n’ont pas eu le respect qu’ils méritaient. Ils ont eu de l’influence sur tout le monde. On a exploité leur style, mais on les a laissés pour morts. » Sur internet, on compte bien un article de Loudwire les citant parmi les 15 groupes considérés comme pionniers du thrash metal, mais ce type de mention n’est pas légion.

La Revue du stagiaire: Metal on Metal - Anvil
© Neilson Barnard/Getty Images – DR

Une amitié qui traverse le temps

Même si Anvil, n’a pas aussi bien réussi que d’autres groupes de métal, il n’en est pas pour autant un band raté. Loin de là. Bien que le line up a bougé au fil des années, Robb Reiner et Steve Kudlow sont toujours restés soudés et ont continué à composer de la nouvelle la musique. Donnant par la même occasion une belle leçon d’amitié, ils ont réussi à éviter les problèmes d’ego, à faire avec leurs divergences artistiques et ont surtout fait preuve d’une détermination à toute épreuve. C’est précisément là que de nombreuses formations ont échoué.

Dans une interview au magazine Rolling Stone, Steve Kudlow à répondu à tous ceux qui ont un jour demandé ce qui, si ce n’était pas l’argent, motivait les membres d’Anvil à continuer: « Quoi? On doit faire des millions pour s’amuser dans la vie? Qu’est-ce qui ne va pas avec ces gens? Je ne suis pas fou, je crois que c’est le reste du monde qui est fou. Si tout était motivé par l’argent, l’homme ne serait pas allé sur la Lune et on vivrait toujours dans des grottes. »

Comme pour montrer qu’il y a encore un peu de justice dans ce monde, depuis la diffusion du documentaire Anvil: The Story of Anvil, en 2008, le groupe originaire de Toronto a eu droit à un léger retour sur le devant la scène. Il continue à faire des tournées et s’apprête à sortir un nouvel album cette année. Et il ne va probablement pas s’arrêter là.

Guillaume Picalausa

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