La maison de Serge Gainsbourg enfin accessible au public

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FocusVif.be Rédaction en ligne

Plus de 30 ans après sa mort, la maison de Serge Gainsbourg est enfin accessible au public. Conservée quasi à l’identique…

C’est une petite rue anodine du 7e arrondissement, à Paris. La porte même du 5 bis rue de Verneuil passerait presque inaperçue. Du moins si le mur avoisinant n’était entièrement recouvert de graffitis: ici, c’est chez Serge Gainsbourg. Après sa mort, en 1991, l’endroit avait été conservé quasi en l’état par ses héritiers.

Depuis ce 20 septembre, il est désormais ouvert au public. Les visiteurs sont invités à rentrer deux par deux, équipés d’un audioguide. C’est la voix de Charlotte Gainsbourg qui les guide à travers les différentes pièces. Le tour, pas plus long qu’une demi-heure, se prolonge à la Maison Gainsbourg, un peu plus loin, au n°14. Y sont rassemblés la grande expo permanente, les temporaires, et le Gainsbarre (“café la journée, piano-bar le soir”). Tentés? Si vous n’avez pas encore de réservation, il faudra attendre un peu: tout est complet jusqu’à la fin de l’année..

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Noir, c’est noir

C’est en 1968 que Serge Gainsbourg fait l’acquisition du 5 bis, rue de Verneuil. Il connaît déjà la rue -son amie Juliette Gréco loge au n°34. À l’époque, il vient de se faire virer de la Cité des arts et de démarrer son histoire d’amour avec Brigitte Bardot. Après une première visite, Serge revient le jour suivant avec BB. Dans une lettre, son père Joseph Ginsburg raconte: “Quand il y est revenu avec Brigitte le lendemain, à 11 heures, il y avait sur place des amateurs mais dès que l’agent les a vus arriver, elle s’est exclamée: “C’est vendu! C’est vendu!”.

L’idylle ne tiendra pas, mais l’acte d’achat du 5 bis sera, lui, bien signé. En pleine phase Swinging London, Gainsbourg confie la décoration des lieux à la “plus anglaise des antiquaires parisiennes”, Andrée Higgins. Dans la biographie somme de Gilles Verlant, elle confie: “Nous nous étions rencontrés au lendemain de la rupture avec Brigitte. Il avait des idées noires et il m’avait demandé de lui faire la maison tout en noir…

Du numéro 5 bis au numéro 14, tout l'univers Gainsbourg.
Du numéro 5 bis au numéro 14, tout l’univers Gainsbourg. © ALEXIS RAIMBAULT

En l’état

Finalement, Gainsbourg trouvera l’amour avec Jane Birkin, qui s’installera rapidement dans la maison. À défaut de “l’investir”: le 5 bis est d’abord l’antre de Serge, le prolongement de son univers esthétique. Dans un reportage de 1972, le journaliste se demande comment le “maître” a fait de la place pour sa famille. “J’ai fait des concessions”, ose l’intéressé. “Oh pas trop”, tempère Jane. “Non, pas trop…”, finit par avouer Serge. Plus loin, il détaille la décoration aussi touffue qu’excentrique: “Quand j’ai trouvé la place idéale d’un objet par rapport aux autres, il ne bouge plus.

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Ce sera le cas jusqu’après sa mort, en 1991. Charlotte Gainsbourg, qui a passé la majeure partie de son enfance rue de Verneuil, va en effet tout garder en l’état -jusqu’à laisser les mégots des dernières cigarettes. La maison devient alors comme un refuge, un lieu où retrouver son père -“plus tranquille que le cimetière où il y avait souvent du monde devant sa tombe”, précisait-elle récemment sur France Inter.

Jardin secret

Pour autant, cela faisait un moment que l’idée d’ouvrir le 5 bis lui trottait en tête. Plusieurs scénarios de musée Gainsbourg ont ainsi été mis sur la table au fil des années -l’architecte Jean Nouvel avait même planché sur un projet particulièrement extravagant. Mais sans jamais se concrétiser. Il a fallu l’arrivée de Dominique Dutreix, promoteur immobilier et collectionneur d’art, pour débloquer la situation. Le succès des expositions autour des grandes figures pop (Bowie en tête) a dû également jouer. Et puis, simplement, le temps qui passe? Dans une présentation du lieu, Charlotte Gainsbourg écrit: “Avec du recul, je pense que le projet n’était pas assez mûr dans ma tête. Cet écrin, ce jardin secret, il était à moi toute seule. J’avais sans doute besoin de ces 30 et quelques années pour réellement me faire à l’idée de “le” partager…

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