Album - Khyoot
Artiste - Jawhar
Genre - Folk
Label - 6T2 Records
Jawhar Basti renoue avec ses racines folk sur un cinquième album aux charmes lumineux.
Singer-songwriter franco-tunisien installé en Belgique depuis des années, au fin fond du Hainaut occidental rural, dans le village de Wiers célèbre pour son Amer Labiau, Jawhar Basti publiait en octobre dernier un somptueux premier extrait de son nouvel album. Une chanson merveilleuse, aérienne, qui lui a d’ailleurs donné son titre et ouvre aujourd’hui de délicate manière ce qui restera déjà sans aucun doute, n’ayons pas peur des mots, l’un des disques folk de l’année.
En arabe, Khyoot signifie fines cordes, fils, filaments, ficelles… Dans l’esprit philosophe de Jawhar, sa voix berçante et le cadre poétique de son album, le terme évoque les liens magiques qui « se cachent derrière le visible » et symbolise la manière dont il s’est laissé porter par une période plus lumineuse. « Khyoot, dit-il, est le fruit d’un renouveau. Une envie de renouer avec une certaine légèreté, de garder à l’exécution et à l’enregistrement le même frisson qu’on ressent au moment où une chanson voit le jour. »
Il se dégage de ces douze titres en apesanteur une intimité et une fluidité rares. Une beauté simple, une évidence désarmante et une limpidité fragile qui les font flotter loin au-dessus de la mêlée, de tous ces albums folk qui sonnent pareil, gangrenés qu’ils sont par des arrangements standardisés.
Enregistré avec ses fidèles acolytes le pianiste Eric Bribosia et le multi-instrumentiste Yannick Dupont, Khyoot est le disque d’un retour aux sources, d’un Nick Drake du soleil., d’un Syd Matters des sables. Mais c’est aussi un album de partage. Une collection de morceaux à deux voix que Jawhar pensait mettre en boîte avec différents invités mais qu’il partage finalement avec la chanteuse Aza. Aza, c’est Azza Mezghani. Une musicienne, autrice, compositrice et interprète formée en architecture et en gestion culturelle qui a cofondé l’un des premiers groupes de rock psychédélique tunisien (Noble Men) et qu’il a rencontrée lors d’un festival parisien.
Nostalgie de l’enfance (Malyoon Mhabes), errance de l’artiste (Msefer), éloge de l’isolement solitaire ou à deux voire plusieurs (Wejjebni)… Khyoot est un disque aussi beau que réconfortant. Une poignée de chansons qu’on écoute comme les berceuses d’une maman pour embrasser les bras de Morphée et le monde des rêves sereinement. Le délicieux et hypnotisant Asfour, sur l’innocence et la découverte charnelle, comme le dépouillé Chochreet, qui célèbre la beauté et la magie de ce qui nous entoure, donnent le ton de cette petite merveille ouatée. Un disque idéal pour accompagner une soirée à côté de la cheminée ou une promenade dans le froid avec ses gants, son bonnet et ses chaussures fourrées. Un vibrant appel à la méditation et à la sérénité.
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