Indispensable Jane Birkin: « Je ne savais pas si j’arriverais à chanter les chansons de Melody Nelson »

Jane Birkin, ici aux derniers Magritte du Cinéma © BELGA PHOTO PAUL-HENRI VERLOOY
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Après La Louvière et avant Anvers, Jane Birkin est de passage ce mercredi au Cirque Royal. L’occasion de prendre des nouvelles de la plus touchante des stars françaises.

Fin 2020, après une série de reports pour cause de covid, Jane Birkin sortait Oh! pardon, tu dormais. Son quatorzième studio, mais seulement le second dont elle a écrit tous les textes! Cela valait bien une tournée. C’était évidemment sans compter avec une pandémie à rallonge. Mais aussi un AVC en septembre 2021, obligeant la chanteuse à annuler tous ses engagements jusqu’à la fin de l’année. Aujourd’hui remise sur pied, Jane Birkin, 75 ans, a repris la route. Avec dans ses bagages les chansons de son dernier album, réalisé avec Etienne Daho, mais aussi celles de Melody Nelson, l’album-culte de Serge Gainsbourg. Autant dire que son passage au Cirque royal, ce mercredi, est à ne pas rater. Alors que le documentaire de sa fille, Jane par Charlotte, a fait un carton dans les salles de cinéma françaises, et que la maison de Serge Gainsbourg, 5bis rue de Verneuil s’apprête à ouvrir au public, conversation avec une icône.

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Comment se passe la tournée?

Très bien. Il y a un peu trop de dates. Mais ça se passe très bien. J’ai une chance de fou (sic) d’avoir ces quatre musiciens, avec moi (NdR: François Poggio aux guitares, Marcello Giuliani à la basse, Colin Russeil à la batterie et Jean-Louis Piérot aux claviers). C’est des amours et des vrais cracks de musiciens. Lou (NdR: Doillon) les a eus, Etienne (NdR: Daho) les a eus, pour le Condamné à mort. Jean-Louis Piérot a écrit beaucoup de musique pour Oh! pardon… Et puis ce sont des garçons que ne savent pas trop qu’ils sont des stars, alors qu’ils le sont. C’est un privilège de tourner avec eux… Et puis surtout, je pense que les gens sont contents quand ils ressortent de la salle. Hier en tout cas (NdR: l’interview a eu lieu début avril), ils avaient l’air heureux. D’ailleurs ils ne voulaient pas nous laisser partir, c’était quand même très mignon.

Pourquoi vous teniez tant à cette tournée, qui a été rendue compliquée, à la fois par la pandémie et vos récents pépins de santé?

Elle était déjà lancée quand j’ai eu cet AVC. Il a juste fallu se demander si on allait la reprendre, et après combien de temps. C’était quand même trois mois d’hôpital, dans différents endroits. Je pourrais faire un catalogue, avec des cotes d’appréciations des meilleurs hôpitaux – peut-être pas avec des fourchettes, mais peut-être des seringues, je ne sais pas (rires). Au CHU de Nantes, c’était génial. Puis j’ai été sauvée une fois encore à Avicenne, dans le 93, que j’aime beaucoup. C’est un hôpital auquel je suis attachée depuis au moins 15 ans. Ils m’ont sauvée plein de fois, notamment pour la leucémie. J’ai une affection particulière pour les soins intensifs, et les gamins qui y sont. Je pourrais être la grand-mère des garçons et des filles qui font ces métiers-là. Comme j’y passe presque plus de temps que dans la vie réelle, j’aimerais beaucoup les aider. J’aimerais déjà changer leur menu. Parce que dans les hôpitaux, c’est quand même souvent épouvantablement mauvais. J’ai même écrit au chef de l’hôpital et au ministre de la Santé. Il y a ce chef anglais, Jamie Oliver, qui a amélioré les menus dans les prisons et dans les cantines d’école. C’est que cela doit être possible!

Les chansons d’Oh! Pardon tu dormais évoquent des événements très personnels. Aviez-vous des appréhensions à les chanter sur scène?

Curieusement, non. J’aurais peut-être dû… À la limite, Etienne en avait davantage pour moi. Parfois je me suis demandée comment faire avec certains titres, c’est vrai. Notamment pour Cigarettes (NdR: la chanson qui évoque la mort de sa fille Kate, en 2013). Mais Etienne est tellement délicat, qu’il m’a aidée à positionner cette chanson-là. Finalement elle arrive juste après Ghosts, ce qui a du sens. Mais ce n’est pas une chanson que je réécoute beaucoup. En fait, je ne la réécoute jamais. Déjà parce que je n’ai plus de lecteur de CD. Je suis très mal équipée. J’ai acheté un pick-up, au moins c’est visuel. Mais je n’ai pas le vinyle de mon album…

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Au cours du concert, vous chantez également des titres de l’Histoire de Melody Nelson.

Ça c’est vraiment Etienne. Je pense qu’il avait un peu envie de me voir comme quand j’étais au tout début. Mais de moi-même, franchement, je n’aurais jamais pensé par exemple rechanter des morceaux comme mettre Di Dooh Da ou Ex-fan des sixties. Pour Melody Nelson, il m’a convaincu que j’avais le droit de chanter. Que ce serait même excitant pour les gens de m’entendre L’Hôtel particulier ou la Valse de Melody.

Vous pensiez vraiment ne pas avoir le droit de chanter ses chansons?

Oui, artistiquement je ne savais pas si j’y arriverais. Comme elles sont très connues, c’est compliqué. La manière dont Serge dit les mots, dont il fait des pauses… Ce sont presque comme certaines chansons de Cohen ou Dylan, où l’on sait pratiquement dire quand ils respirent. Je ne me voyais pas oser faire la Ballade de Melody, par exemple. Jusqu’à ce qu’Etienne me fasse remarquer que j’étais aussi dedans, que je faisais partie de l’histoire.

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En fin de concert, vous reprenez également Pourquoi, tiré d’Enfants d’hiver, le premier de vos albums dont vous avez écrit tous les textes, en 2008.

Il y a une chanson pour Kate, et une autre un peu pour Charlotte. Quand je l’ai écrite, elle venait d’avoir cet accident, une hémorragie cérébrale, qui a failli lui couter la vie. Je regrette seulement de pas avoir de chanson qui parlait de Lou. Mais à l’époque, Kate était dans une mauvaise passe, Charlotte était dans une mauvaise passe. L’autre jour, en Bretagne, des Américains sont venus au show, et voulaient absolument qu’on la refasse. Je pense qu’elle est assez évidente, c’est une très jolie mélodie. Et même mes mots étaient plutôt très bien d’ailleurs. Je vois les gens un peu secoués. Les visages dans les premiers rangs, et les kleenex qui passent. Je sais que c’est une chanson qui touche.

Jane Birkin, Oh! pardon tu dormais, distr. Universal

En concert ce 13/04 au Cirque royal, Bruxelles, et le 18/05 à De Roma, Anvers.

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