Holy rap! Un moine partage sa vie entre bouddhisme et hip hop

Akinobu Tatsumi, face A © AFP/Behrouz Mehri
FocusVif.be Rédaction en ligne

Dans un temple niché dans une vallée au Japon, Akinobu Tatsumi mène une double vie peu commune de moine bouddhiste qui initie occasionnellement ses ouailles du troisième âge à l’art du disc-jockey.

A 38 ans, cet autodidacte du mixage et du scratching, adepte du hip hop depuis l’adolescence, enregistre sa propre musique d’ambiance, pendant que sommeille son lieu de culte situé au fin fond de l’île de Kyushu, dans le sud-ouest de l’archipel.

Après avoir longtemps dissimulé son hobby nocturne, Akinobu Tatsumi s’ouvre désormais auprès de ses visiteurs de sa passion du maniement des disques vinyle.

« Il est vrai qu’on attend d’habitude d’un moine un sermon classique », explique-t-il à l’AFP au cours d’un entretien accordé au temple de Shosanji.

« La première fois que j’ai sorti mes platines et que j’ai montré aux grand-mères et aux grands-pères comment scratcher, ils ont en effet eu l’air un peu éberlués. Dans la région, on m’appelle le moine funky », raconte-t-il après avoir chanté un sutra.

Avec ses cheveux longs attachés, il n’a pas non plus le physique habituel des moines bouddhistes. Il s’amuse aussi à se transformer en un clin d’oeil en « human beatbox » (boîte à rythmes humaine), produisant avec sa bouche une multitude de sons, un genre ancré dans la culture hip hop.

« J’ai été influencé par le hip hop, j’écoute Run-DMC et Public Enemy », dit le moine en éludant la question des paroles souvent crues du rap. « C’est comme ça que je me suis mis au beatboxing. Il m’est arrivé de m’entraîner au bord d’une falaise où il y avait un superbe écho. »

Akinobu Tatsumi, face B
Akinobu Tatsumi, face B© AFP/Behrouz Mehri

Dubstep et chants bouddhistes

« Au début, je cachais le fait que j’étais moine quand je jouais dans des clubs ou des bars. Et à l’inverse, au temple, je cachais le fait que j’étais DJ. »

Son amour de la musique a commencé très tôt, avant sa naissance, assure-t-il. « Ma mère plaçait une baffle sur son ventre avec de la musique classique ou de la disco des années 1970. Plus tard, lorsque j’ai découvert ces disques, j’ai eu l’impression de les avoir déjà entendus, c’était vraiment bizarre. »

Maintenant, pour ses propres compositions, il mixe l’électro, le dubstep (genre de musique électronique) et les chants bouddhistes.

Atteint d’une sclérose en plaques diagnostiquée il y a quatre ans et contraint de se déplacer avec une canne, il continue de poursuivre sa passion. « J’ai cru que j’allais mourir », dit le moine-musicien au sujet de son séjour à l’hôpital. « Je voulais laisser quelque chose après moi, j’ai même utilisé le ‘bip, bip’ des moniteurs de fréquence cardiaque pour composer de la musique de club ».

Cet ancien skateboarder constate que sa maladie l’a rapproché de ses ouailles. « J’ai bien sûr été en contact avec la mort en tant que prêtre avec les obsèques et veillées », dit-il, « mais soudain je me suis senti proche des personnes âgées et des gens atteints de maladies ou victimes d’accidents que je vois venir au temple ».

« A présent, je m’entends très bien avec les plus anciens! »

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