Hollywood Porn Stars: « Rendre le morceau tellement simple qu’il parle aux gens »

Hollywood Porn Stars, ici aux Francofolies en 2012. © Kmeron/Flickr (cc)
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

BONUS TRACK | Tout l’été, on vous dévoile les secrets de fabrication des chansons d’une poignée de groupes belges dans une série d’interviews-fleuves. Troisièmes à se prêter à l’exercice: Hollywood Porn Stars, menés par Anthony Sinatra et Redboy, de retour aux affaires avec un mini-album et une mini-tournée.

Fers de lance d’une certaine scène rock belge qui a éclaté au début des années 2000 (Sharko, Girls in Hawaii, Ghinzu, tout ça), les Liégeois d’Hollywood Porn Stars faisaient récemment un retour discographique remarqué avec un nouvel EP, Signs. Premier disque depuis 2008 du groupe des leaders réunis de MLCD et Piano Club, le 7 titres était surtout une excuse pour repartir sur la route des festivals cet été, avec notamment des arrêts aux Ardentes où aux Francofolies de Spa, où nous les avons rencontrés. Dans cet épisode de notre série Bonus Track, on tente une fois de plus de percer les secrets de l’écriture d’une bonne chanson, à la manière de Paul Zollo.

Comment se remet-on au boulot après quasiment dix ans de silence discographique?

Michael Lariviere/Redboy: Le dernier concert, c’était en 2009. On avait aussi joué ici il y a trois ans pour les 10 ans du groupe. On se revoyait souvent, on voulait refaire des concerts… Cette année, il se trouve que ça se mettait bien. C’était un peu l’année ou jamais. On a fait une date ou deux, il y a eu de la demande pour d’autres et on s’est dit qu’on ne voulait pas revenir pour une tournée best of, donc on s’est mis à bosser sur de nouvelles chansons. On a pris quelques jours en studio, on s’est vu quelques après-midi avec Anthony… Comme à son habitude, il écrit énormément de chansons, du coup on a fait le tri entre nous, puis avec le producteur, Reinhard Vanbergen de Das Pop. Le but, c’était d’enregistrer 4 chansons en 4 jours.

Anthony Sinatra(le reprenant): Non, au début, c’était même 7 jours pour 4 chansons et c’est l’inverse qui s’est produit: 7 chansons en 4 jours.

Si je ne m’abuse, les morceaux viennent principalement de ta part?

A.S.: C’est surtout moi, oui. Dès que j’ai la tête reposée, j’enregistre des petites idées, des mélodies, etc. Quand on a parlé de refaire un truc ensemble, j’ai juste remis de l’ordre, fait le tri. J’ai fait un Soundcloud avec une vingtaine de titres et on a aussi travaillé avec Redboy mais on n’a pas gardé ces titres-là. Il y avait moyen de faire 3 disques très différents avec ces vingt morceaux. On a laissé Reinhard faire le choix, puis il y a eu un petit travail de pré-prod à la maison. L’enregistrement, c’est vraiment une formalité. C’est là qu’il a mis sa petite touche, mais pour nous, le rock, ça doit rester quelque chose d’instantané, de spontané. Même si la production est importante et qu’on doit amener de petites idées pour rester dans l’air du temps. On n’est pas un groupe clinique en studio. Je préférerai toujours un groupe qui joue mal mais qui joue avec du coeur et de l’émotion qu’un groupe qui est parfait et qui ne dégage pas grand-chose…

Je pru0026#xE9;fu0026#xE9;rerai toujours un groupe qui joue mal mais avec du coeur et de l’u0026#xE9;motion.

Comment, dans le processus d’écriture, te dis-tu qu’un morceau sera pour Hollywood Porn Stars ou Piano Club?

A.S.: Généralement, c’est assez clair. Pour moi en tout cas (rires). Je me mets en mode d’écriture pour un groupe ou l’autre. Il y a toujours une espèce de côté blanc ou noir, mineur ou majeur, pour les deux groupes. Techniquement, ça ne l’est pas, mais c’est clair dans ma tête. Pareil pour les autres projets pour lesquels j’écris ou produit (NdlR: les différents travaux d’Anthony Sinatra sont référencés sur son site Internet).

Michaël, aucune chanson ne vient de ton côté dans HPS?

M.L.: Si, au début, c’était l’idée. De se partager les rôles, faire des questions-réponses entre les deux voix… Puis on s’est aperçu au fur et à mesure des années que le songwriting qui convenait le mieux à Hollywood était celui d’Anthony. Et puis, il est assez prolifique tandis que moi, c’est différent. J’ai besoin d’avoir des choses à exprimer parce que j’ai vu un truc, un film, une information… Là, je prends la guitare et il y a des choses qui sortent. Mais c’est plus compliqué de me mettre à la guitare et me dire « je vais écrire une chanson pour Hollywood ».

Alors que de ta part, Anthony, c’est plus systématique?

A.S.: Oui, j’ai cette « facilité ». Mais ça ne veut pas dire grand-chose. La porte est toujours restée ouverte aux propositions des autres, mais au moment d’enregistrer, on amène les chansons et on travaille sur celles qui sont les plus abouties. Dans mon mode de fonctionnement au quotidien, puisque c’est mon travail, je mets beaucoup de morceaux de côté.

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À quel moment est-ce que vous vous dites « celui-là est fini, on le garde »?

A.S.: On pourrait dire que ce n’est jamais fini, on peut toujours travailler sur un morceau. Il faut juste arriver à se dire « ça fonctionne comme ça ». Après, ce sont les concerts, les répétitions qui vont faire évoluer la chanson. Comment elle va se situer dans un set, au milieu d’autres titres, comment ça va se situer au milieu d’un album… Même si c’est de moins en moins le cas aujourd’hui, moi j’aime encore écouter un disque de A à Z, de voir qu’il y a une évolution, une différence, parce qu’on a placé certains morceaux à des endroits stratégiques.

Éric Swennen: Il y a des morceaux que je croyais qui n’allaient jamais être finis. Quand Anthony vient avec des idées, parfois c’est un peu décousu. Puis au final, il y a un truc qui fait que ça fait une chanson d’Hollywood. The Fugitive par exemple, quand c’est arrivé, je me suis dit « c’est quoi ce truc, ça ne sert à rien de se prendre la tête avec ça ». Et au bout de quelques répètes et d’aménagement, tu te rends compte que ça va quand même quelque part. C’est ça qui m’a toujours impressionné avec les idées d’Anthony: parfois, le départ est très simple et binaire, mais il suffisait de creuser.

A.S.: Tout dépend de la manière de voir les choses. Pour moi, un morceau, ça a toujours été quelque chose de très simple. Tout dépend de l’état d’esprit dans lequel tu te mets. Une mélodie, ça se pose sur des accords, ça peut se suffire. Il y aura toujours quelqu’un pour dire que ce n’est pas abouti, mais on s’en fout, on avance et on essaie de tirer un maximum d’amusement et de satisfaction.

Pour moi, un morceau, u0026#xE7;a a toujours u0026#xE9;tu0026#xE9; quelque chose de tru0026#xE8;s simple.

E.S.: Même pour Be Scared, sur le nouveau disque, j’ai eu cette sensation au début. Que ce n’était pas fini. Mais il suffisait de réarranger. Ça prend du temps, mais ça va vite à la fois: il y a un petit truc qui peut faire que le morceau ressemble à quelque chose.

A.S.: Avec Hollywood Porn Stars, on n’évolue pas dans un registre qui appelle à de l’orfèvrerie pop. On essaie de faire de bonnes chansons, d’y mettre du coeur et de l’énergie. On est loin de Brian Wilson qui fout le feu à son studio. Mais quand même (rires)

M.L.: Pour un groupe de rock, on fait quand même assez attention aux arrangements. Il y a des groupes rock qui jouent la même chose en studio qu’en répète, alors que nous, on aime bien passer du temps à arranger, à réfléchir.

A.S.: Le travail est censé rendre le morceau tellement simple qu’il parle aux gens. Mais pas qu’il y ait une barrière qui t’empêche de comprendre le sujet, ce qu’on essaie de faire passer…

M.L.: Ce qui est important, c’est la mélodie, la grille d’accords, le sentiment global qui se dégage de la chanson. Pour le reste, des arrangements, on peut en faire des millions. Si la chanson est là, bien écrite à la base, on peut en faire ce qu’on veut…

Justement, dans quel avancement les morceaux sont-ils proposés au groupe?

A.S.: La plupart du temps, c’est déjà pas mal avancé.

E.S.: Même à la batterie. C’est déjà très écrit rythmiquement, c’est facile de se greffer dessus. Les idées sont très claires. Anthony réfléchit beaucoup à la manière dont on joue, et donc je sais que s’il propose un morceau, je saurai le jouer. Il n’y a pas de slap, quoi! (rires) J’ai l’impression qu’on digère très vite les morceaux. On n’a jamais été très laborieux, on n’a jamais beaucoup répété, on n’est pas très disciplinés.

M.L.: Pour le deuxième album, on avait quand même pas mal répété: on voulait enregistrer tout en live au studio Caraïbes avec Christine Verschorren, faire une prise ou deux par morceau. Du coup, on a bien répété avant. Ça se sent quand tu écoutes le disque: on voulait vraiment faire un truc à l’ancienne, sur bandes analogiques…

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Ici aussi, ça a dû être très répété, si vous avez réussi à l’enregistrer en 4 jours…

A.S.: Mais là, on n’était pas tout le temps tous les 4 ensemble, ce n’était pas du live. Satellites était un exercice de style très différent. On l’a fait une fois, on n’avait plus envie de refaire exactement la même chose. On est en 2016, il y a moyen de faire plein de choses facilement. Sur le EP, il y a plein de petits arrangements très légers de pianos, de cordes, de gens qui passaient par là comme les Dan San qui sont venus faire des voix… L’idée, c’était que ce soit léger tout en étant bien chargé (rires).

E.S.: Il y a aussi une question de temps. Aujourd’hui, réussir à être à quatre dans la même pièce, c’est déjà toute une affaire. C’était beaucoup plus réaliste de se dire « on verra bien en studio ».

C’est une question de boulots à côté?

E.S.: On a tous des vies très différentes d’il y a dix ans.

A.S.: Heureusement, à nos âges, que nos plannings soient chargés…

E.S.: Avant, ça a été du non-stop pendant 6 ou 7 ans. Aujourd’hui, le contexte n’est plus le même. On ne va plus libérer un mois pour bosser ensemble, c’est plus compliqué à mettre en place. Mais au final, le résultat est chouette et on a des dates derrière. À l’époque, on avait 25 ans, on n’avait que ça à faire…

C’est quoi la base de travail? Il y a un instrument qui t’inspire plus pour tel ou tel groupe?

A.S.: Pas spécialement. Je ne prends aucun instrument quand je travaille. J’ai un bête enregistreur sur mon téléphone, et dès que je suis un peu reposé, que je prends un bus, que je me promène, j’enregistre une mélodie. Je commence toujours par ça. Je ne pars jamais d’un riff. C’est ensuite que j’essaie d’habiller cette mélodie avec une instrumentation. Il peut y avoir de très longs passages instrumentaux sur certains morceaux, mais ça viendra toujours après la mélodie. C’est toujours le squelette du morceau. Ça peut partir d’une phrase, de quelques notes qui forment la mélodie globale du morceau…

Je commence toujours par une mu0026#xE9;lodie, jamais par un riff.

Ça part donc plutôt d’une mélodie que de paroles?

A.S.: Généralement, la mélodie appelle un certain phrasé. Un peu comme dans le hip hop: une fois que le flow est posé, les mots viennent. Mais l’instrumentation vient derrière, contrairement au hip hop.

Et l’inspiration des paroles, d’où vient-elle?

A.S.: Tout peut être déclencheur. J’essaie de privilégier les choses dont je suis témoin, même si je ne fais pas partie de l’histoire ou l’aventure. D’histoires que j’ai entendues, que je vis, que des proches vivent… Mais je ne fais jamais d’autobiographie dans mes textes, ou alors de manière tellement cachée que personne ne s’en rendra compte. J’ai vraiment envie de dissocier ma vie privée de ma musique.

C’est un choix conscient?

A.S.: C’est clairement une volonté, oui. Je ne monte pas sur scène en parlant de ma vie, même si j’y inclus quelques trucs que je suis le seul à pouvoir retrouver.

Comment se passe la répartition des rôles entre vous deux (Anthony et Michael, NdlR), même si vous le faites moins aujourd’hui? Si l’un a composé une mélodie, c’est lui qui va la chanter?

A.S.: Au départ, c’est ça, oui.

M.L.: On aime bien jouer sur les questions-réponses. La voix, c’est comme un instrument.

A.S.: J’aimais bien faire chanter à Redboy tout ce qui était un peu cru. Ce que je n’assumais pas (rires). Mais il a toujours été libre de ne pas le faire, hein!

Des exemples particuliers?

A.S.: Sur le premier album, il y a des morceaux qui étaient second degré et complètement assumés, qui faisaient partie de l’histoire du nom, Hollywood Porn Stars. Il y a ce morceau, Fonzie, qui est complètement atroce.

M.L.: Tu te mets dans la peau de Fonzie de Happy Days, c’est un peu la philosophie de vie qui va avec.

A.S.: Rha, je n’ai même pas envie d’encourager les gens à réécouter ce truc (rires).

Il y a beaucoup de chansons que vous n’assumez plus aujourd’hui?

A.S.: Non, au contraire, on n’a qu’une envie, c’est de rejouer des titres qu’on n’a pas beaucoup joué. Le truc, c’est qu’on a tellement de morceaux qu’on ne peut pas faire tout ce qu’on veut, comme une setlist, c’est limité. Aujourd’hui, par exemple, on va rejouer deux titres qu’on n’a pas joués sur toutes les autres dates, qu’on n’a répétées qu’une fois pour l’occasion. On a toujours eu des setlists différentes, avec des morceaux qu’on essayait avant de rentrer en studio. J’ai eu l’occasion de retomber il n’y a pas longtemps sur le site setlist.fm, où j’ai vu des setlists pleines de titres de travail.

E.S.: Il n’y a rien de plus emmerdant qu’un groupe qui joue les mêmes morceaux sur toute la tournée, en pilote automatique. C’est peut-être rassurant pour le groupe…

A.S.: Par exemple, les Pixies à Dour. 30 titres sur la setlist, des nouveaux morceaux…

M.L.: Les Pixies, c’est un groupe qui nous a toujours rapprochés. On a des influences très diverses, mais eux rassemblaient tout: des morceaux très rock, voire punk, des morceaux très pop… On a toujours essayé d’avoir des morceaux qui tuent mais très mélodiques à la fois.

Il n’y a rien de plus emmerdant qu’un groupe qui joue en pilote automatique.

Est-ce que vous savez à l’avance les morceaux que vous allez mettre en avant? Ceux qui feront de bons singles?

A.S.: À un moment, on a même souffert d’avoir laissé choisir les labels dans la pléthore de titres qu’on proposait. Il y avait du difficile, du très très facile, et fatalement, les labels cherchaient quelque chose de très accrocheur. Il y a des morceaux qui ont été mis en avant et qui ne définissaient peut-être pas le groupe, mais qu’aujourd’hui on doit jouer sur scène pour faire plaisir aux gens, surtout quand on est en festival.

M.L.: Pour le dernier, on ne savait pas trop quel morceau mettre en avant. On avait pensé à un morceau, Lost in My Head, puis Pure FM est venu chercher Be Scared alors qu’on n’avait rien proposé. Un artiste n’est pas toujours bien placé pour choisir son single…

E.S.: C’est surprenant d’entendre un titre comme ça, rock à guitares, sur Pure FM en 2016…

Vous sentez une grande différence de réception de vos morceaux de la part des radios, par rapport à il y a dix ans?

A.S.: On revient de loin, mais j’ai l’impression qu’on n’en souffre pas tant que ça. Mais à une échelle plus large, c’est sûr que ça a évolué. Et heureusement: si on était restés au même point, ça n’aurait pas été normal. Maintenant, si ça a évolué en bien ou en mal, c’est une autre question… (rires)

E.S.: Ce qui est clair, c’est qu’on n’est pas frustrés, on a de la chance de trouver des dates…

M.L.: On n’a plus de plan de carrière, on fait ça pour se faire plaisir. On pensait même faire un EP très rock, ne même pas le proposer aux radios. Mais c’est clair que c’est de plus en plus dur pour le moment de passer en radio si on n’a pas de beat électro derrière. On n’est pas aux guitares en 2016, c’est sûr.

Heureusement que les radios ont u0026#xE9;voluu0026#xE9;: si on u0026#xE9;tait restu0026#xE9;s au mu0026#xEA;me point, u0026#xE7;a n’aurait pas u0026#xE9;tu0026#xE9; normal. Maintenant, si u0026#xE7;a a u0026#xE9;voluu0026#xE9; en bien ou en mal, c’est une autre question…

Vous faites ça pour le plaisir avant tout…

A.S.: Il y a aussi des circonstances intimes qui ont fait qu’on a voulu redémarrer le groupe, mais on ne va pas s’étaler sur ça. Rejouer, faire du bruit, s’aérer la tête, c’était l’idée. C’est parce qu’on a été très impressionnés du fait que les gens veuillent encore nous voir jouer qu’on est encore sur scène aujourd’hui. On fait notre truc, on le fait à fond, on en profite, si ça prend, tant mieux.

E.S.: C’est assez naturel. On est privilégiés, parce que ce n’est pas facile de trouver des dates… On a de la chance.

A.S.: Quand on sortait nos disques sur des labels français, on savait qu’il y avait une grosse équipe qui travaillait sur le projet, on n’avait pas envie de les décevoir. Tu sors de ta bulle et tu commences à t’inquiéter de choses dont tu ne devrais pas t’inquiéter en tant qu’artiste. Ici, ce n’est pas du tout le cas.

Vous avez donc sorti Signs en autoproduction.

A.S.: Oui, et c’était volontaire. On n’a prévenu personne, on trouvait que c’était plus juste.

M.L.: Le but, c’était de faire des concerts cet été, on n’avait pas envie d’entendre un label qui nous dise d’attendre septembre pour sortir ça.

E.S.: On ne va pas faire travailler une équipe pour une tournée de douze dates, sur un disque qui est là pour le plaisir. On ne ferme pas les portes, mais Anthony sort un album avec Piano Club, Michael a d’autres projets…

M.L.: A priori, le dernier concert sera au Fly Away en Corse…

E.S.: …et puis on enregistre un album en français! (rires)

Ça ne vous a jamais tenté, d’ailleurs, de chanter en français?

A.S.: J’ai déjà travaillé pour des groupes qui chantent en français, mais pas encore pour un de mes projets. Si je dois faire un truc là, tout de suite, ce sera plutôt de l’instrumental…

Elle se situe où, la barrière?

A.S.: J’adore la variété française, pourtant. Je n’ai pas envie de dire de bêtise. Je ne le sens pas pour le moment. Si je devais écrire en français, je vais devoir accorder une forte importance au texte, ou alors faire l’opposer: n’y accorder aucune importance. J’ai des références fortes, et je crois qu’il faudra trouver un genre qui se marie parfaitement avec la langue. Ce que j’entends, ça ne sonne chaque fois pas assez bien à mes oreilles. J’ai un gros problème avec le rock en français. Il y a quelques artistes qui s’en sortent très bien, mais c’est un truc que je ne sens pas pour le moment.

J’ai un gros problu0026#xE8;me avec le rock en franu0026#xE7;ais.

Même question, Redboy?

M.L.: Le rock français, ce n’est jamais quelque chose qu’on a vraiment écouté. J’ai déjà écrit quelques morceaux en français, mais je n’ai jamais osé les sortir parce que ça ne colle pas avec mes projets pour le moment. J’accorde beaucoup d’importance au texte, que ce soit en anglais ou en français. Le jour où je sortirai quelque chose en français, la musique sera très différente.

A.S.: Il faut que ce soit naturel. Si on va contre nature, ça ne fonctionnera pas. Je ne vois pas non plus l’anglais comme une façon de se cacher. Pour moi, le rock et le français, c’est juste un mariage musical qui passe difficilement. Quand on rentre dans le domaine de la légèreté, c’est très difficile en français. Alors que la légèreté en anglais passe mieux… Question de références.

Pour clôturer, quels seraient vos conseils à un groupe qui se lance et veut écrire des chansons?

A.S.: Je dis toujours la même chose: essayez déjà de savoir ce que vous voulez faire. Quel est votre but? Voulez-vous faire quelques concerts, vous amuser entre potes? Avez-vous vraiment de l’ambition? Si vous ne savez pas ce que vous avez envie de faire, faites-le comme vous le sentez, comme on l’a fait. C’est toujours plus simple d’assumer quelque chose dans lequel on est à l’aise, qu’on a envie de faire, qu’un truc qui va peut-être fonctionner, mais avec lequel on va devoir vivre après. Je connais énormément de gens qui ont fait comme ça: sur le long terme, ça ne paie pas. Ça détruit même des passions et des envies. Essayer d’être à sa place le plus possible, même si au début, ce n’est pas facile.

C’est toujours plus simple d’assumer quelque chose dans lequel on est u0026#xE0; l’aise.

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