Goldorock

Granuleuse et rétrofuturiste, ainsi se résume la pop d'Atome sur son premier album Voie lactée. © SASHA VERNAEVE
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Duo créé par un ex-Vismets et un ancien d’Applause, Atome fait rugir en scène un premier album de synthpop francophone, Voie lactée, dépassant la citation vintage. Rencontre.

Le premier indice de l’existence d’Atome se trouve dans un clip sorti en novembre 2017, réalisé par le dessinateur-animateur bruxellois Adrien Derez. Remy Lebbos (1983) et David Picard (1975) s’y glissent en personnages de cartoons japonais via une esthétique archi-colorée flashy à la Goldorak. Le titre, Voie lactée, fait moins référence au surréalisme du film de Buñuel qu’aux après-midis télévisées des années 80-90: synthés cosmiques et choeurs en fusées, le tout embarqué dans une symphopop pétaradante où il est question « du plus beau voyage de ma vie/au-delà du soleil (…) magique, cosmique ».

Atome naît donc du désir de l’autodidacte musical Remy Lebbos, né à Anderlecht de parents syriens, de sortir de ses tiroirs une demi-douzaine de chansons en attente, dont deux titres de 2010 originellement en anglais. Au lendemain d’une de ces épreuves qui nous replace devant le compteur de mortalité. Remy: « Il y a quatre ou cinq ans, je suis tombé malade et on a cru que j’avais un cancer, un lymphome. On m’a opéré et puis quand on m’a dit que je n’avais rien finalement, ça a complètement changé ma vie et mon rapport à la création. C’est par après que j’ai pris des risques, y compris financiers, pour lancer mon studio dont les activités principales sont le mix et le mastering. » Avec David Picard, claviériste du groupe Applause splitté au printemps 2015, l’idée de Remy est d’aller jusqu’au bout d’une sorte de fantasme rétro-futuriste. Quinze mois après ce premier clip, mi-février 2019, on est dans une Rotonde du Botanique bondée pour le lancement du premier album d’Atome en configuration live: aux deux musiciens, s’ajoutent le batteur Nicolas Collaer (Vismets) et deux chanteuses-claviéristes, Coline Wauters et Leila Alev. La sonorité est plus Goldorock que Goldopop? Un supplément d’adrénaline et une guitare parfois névrotique se sont immiscés dans les chansons du disque, davantage vaporeuses.

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Le voyage commence dès la pochette de l’album Voie lactée, qui évoque un vieux générique pixellisé de France 2. Remy: « On essaie de revenir à quelque chose d’organique, de beaucoup plus doux dans le son, plus feutré. On joue avec les frontières et les époques, depuis les seventies jusqu’à maintenant, tout ce que l’on traversé au final, depuis qu’on est nés. Et le point de départ, de fait, c’est l’allure de ces dessins animés, granuleux et rétrofuturistes. » Remy précise que tout cela n’est pas qu’un trip éthéré, d’abord parce qu’il y a « des guitares bien ancrées dans le sol sans la dimension de frime qu’on pouvait parfois retrouver dans les Vismets » et puis aussi « un propos assez frontal dans les paroles ». Assis dans la cuisine de Remy, David Picard précise: « Au départ, Atome est un duo, mais en live, on a un esprit de groupe que l’on veut cultiver. Ce sont des interprètes, pas des musiciens interchangeables. On n’aurait sans doute pas pu faire un album comme Voie lactée il y a cinq ou dix ans, mais là, on assume tout autant notre désir de chanter en français qu’une certaine bienveillance. Celle par exemple, de voir comment on peut vivre ensemble ». De fait, derrière les mélodies aguicheuses, Atome exprime d’autres désirs qu’une pop champagne aux bulles cosmétiques. « Atome, c’est bleu et plein d’espoir, mais en fait, ça parle aussi des peurs et des angoisses, avance Remy. S’il y a une fascination, c’est celle pour l’émerveillement, l’innocence que l’on peut ressentir dans l’enfance ou les histoires amoureuses. »

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Comme du bois

Une façon de rendre hommage aux sources avouées d’inspiration -Tellier, Air, Connan Mockasin- mais qui refuse de pasticher le passé. Remy s’occupe du chant principal et de la guitare mais, comme David, il est fortement équipé en claviers. Ensemble, ils partagent Moog, Prophet ou Solina, technologie analogique ayant présidé à l’enregistrement et au mixage de Voie lactée « avec de l’ordinateur entre les deux pour éditer certains trucs », précise David. Remy: « On ne veut pas noyer la nostalgie dans des réverbs et l’idée est de garder le souffle, le charme et même l’un ou l’autre pain dans l’enregistrement. Donc ça nous permet d’être plus intemporels. Disons que l’album sonne plus comme du bois que comme de l’électricité: c’est de la matière, du papier où tu sens le grain, la texture. » Pour quel public au fond? « On ne comprend pas spécialement les jeunes de 20 ans d’aujourd’hui, par contre, on s’est dit que l’on pourrait connecter notre musique aux gens de notre âge ou plus vieux, et leurs enfants de cinq à douze ans… » Cela tombe d’autant mieux qu’en plus des prochains concerts -Nuits du Bota, Francos de Spa, etc.- Atome s’apprête à jouer via les Jeunesses Musicales, dans un maximum d’écoles francophones du Royaume.

Atome – « Voie lactée »

Distribué par Freaksville Records. ***(*)

Goldorock

Partiellement enregistré avec l’argent gagné via des bourses -Du F. dans le texte, Franc’Off- Voie lactée, album fait maison, rassemble des chansons parfois écrites à huit ans d’écart. Où un titre comme Aéronef, en format compressé MP3 récupéré sur un vieux disque dur, côtoie sans peine la sophistication aérienne d’autres moments cosmiques et leurs légions de voix filandreuses. L’enfance et l’émerveillement poussent dans ces mélodies qui rappellent aussi la légèreté grave d’Alain Chamfort (Caméléon), la prime fraîcheur d’Indochine (Nouveau départ) ou juste le spleen nature (Tes yeux). Avec d’occasionnelles guitares terriennes qui électrisent le propos (Arrête de parler), on l’a compris, pétillant mais pas seulement.

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